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Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 : La Nation rend un vibrant hommage à ses martyrs
Publié le mercredi 3 decembre 2014  |  Le Quotidien
Insurrection
© L`Observateur Paalga par Frédéric Yaméogo
Insurrection populaire de fin octobre : la nation rend hommage à 6 martyrs
Mardi 2 décembre 2014. Ouagadougou. La nation burkinabè a organisé des obsèques de 6 martyrs de l`insurrection populaire de fin octobre qui ont été marquées par une cérémonie oecuménique suivie de leur inhumation au cimetière municipal de la capitale burkinabè




Tombés en héros lors de l’insurrection populaire, les martyrs de la Révolution ont reçu les honneurs de la Nation, le mardi 2 décembre 2014. De la morgue du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, au cimetière municipal de Gounghin, en passant par la place de la Révolution, les 6 martyrs ont reçu les hommages du peuple burkinabè sorti en grand nombre pour les porter à leurs dernières demeures. C’était devant le Président du Faso, Président de la transition, Michel Kafando, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida et du Président du Conseil national de la transition, Chériff Sy.
C’est dans une grande émotion que s’est déroulée la grande cérémonie d’hommage aux martyrs de la Révolution. Très tôt dans la matinée, les Burkinabè en nombre impressionnant, ont pris d’assaut la place de la Révolution pour rendre hommage aux 24 personnes qui sont mortes en héros, lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Pour cette cérémonie d’hommages nationaux, sur les 7 martyrs qui reposaient toujours à la morgue du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, six en l’occurrence, Aouédri Ouébidoua Arsène, né le 13 mars 1970, Karambiri Gaston, né le 31 décembre 1979, Ouoba Yempabou Fabrice Aristide, né le 2 septembre 1983, Béré Inoussa, né le 11 novembre 1992, Bélem Abdoul Moubarak, né le 6 janvier 1996 et Sana Issa, né le 6 octobre 1997 ont reçu les honneurs de la Nation. Le 7e martyr n’ayant pas, pour l’instant été identifié, les autorités ont préféré surseoir son inhumation. Cependant, il n’en demeure pas moins qu’il fut porté dans les pensées, lors de la cérémonie.

Les Burkinabè fiers de leurs martyrs

C’est précisément à 9 heures 30 minutes, que le porte-char paré des couleurs nationales et transportant, les dépouilles des 6 martyrs a fait son entrée à la place de la Nation sous une grande émotion entrecoupée par moment par des applaudissements. Avec la mine grave, le capitaine Hervé Yé, chargé de communication a introduit la cérémonie. Dans son propos, Hervé Yé a rappelé que les martyrs sont des soldats de la démocratie, des chevaliers intrépides et consciencieux d’avenir radieux, des défenseurs de la liberté de la Nation entière et glorieusement tombés. Ensuite, un par un, le Capitaine Hervé Yé, a décliné les identités des 6 martyrs. Que d’émotion à cet instant précis, à l’annonce des noms, les parents, submergés par l’émotion éclataient en sanglots et se jetaient littéralement au sol. Après cela, Hervé Yé a demandé 5 minutes de silence à la mémoire des martyrs. Alors mains dans les mains et debout comme un seul homme, le peuple burkinabè, rassemblé à la place de la Nation, a religieusement observé les 5 minutes demandées. A la suite de la brève introduction du chargé de la communication de la gendarmerie nationale, place a été donnée pour l’office religieux. Ainsi, tour à tour, Protestants, Catholiques et Musulmans se sont succédé sur le pupitre pour prononcer des prières pour le repos des âmes des martyrs et ont, par la même béni les dépouilles. Après l’office religieux, le Président du Faso, Président de la transition, accompagné par son Premier ministre, et le Président du Conseil national de la transition sont allés s’incliner sur les dépouilles mortelles des 6 martyrs. La cérémonie à la place de la Révolution a pris fin avec l’intervention du représentant des familles des martyrs. Dans son adresse, Kirassé Victor Pouahoulabou (grand-frère de Aouédri Ouébidoua Arsène), avec une voix rouillée par l’émotion a remercié l’ensemble du peuple burkinabè pour le vibrant hommage rendu aux martyrs. Il a saisi l’occasion pour souhaiter prompt rétablissement aux blessés. Par ailleurs, il a traduit toute la fierté des familles à l’endroit des martyrs. « A vous, mes frères et chers fils, vaillants combattants de la liberté, arrachés à notre affection, à la fleur de l’âge, morts pour une cause noble, nous, vos parents et vos amis, le peuple y compris, dans toute sa composante sociale, nous sommes à jamais fiers de vous. Car vous avez contribué à écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays. Nous ne vous oublierons jamais. La génération à venir ne vous oubliera jamais. Vous n’êtes pas morts pour rien », a-t-il martelé avant de terminer par « un » « la patrie ou la mort, nous vaincrons », repris en chœur par l’assistance.

« Que l’humanité se souvienne
que ces héros sont nés Burkinabè »

Après la place de la Révolution, le cortège funèbre s’est ébranlé vers le cimetière municipal de Gounghin, où une immense foule l’attendait. Sur place, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida et le Président du Conseil national de la transition, Chériff Sy y avaient déjà pris place. Pendant ce temps, le prêtre commis à la prière s’activait à la bénédiction des tombes. 11 heures 30, le porte-char, fait son entrée au cimetière. On descend les corps à côté de chaque tombe. Le clairon sonne. Les honneurs militaires sont rendus. Place est laissée au ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Frédéric Nikiéma, pour l’oraison funèbre. Il a salué la mémoire des martyrs et a rappelé que ces derniers sont allés au bout de leur engagement et ont accompli leur devoir. « Vous êtes tombés sur le champ d’honneur. C’était une noble mission. Vous n’êtes pas morts pour rien, car vous vous êtes sacrifiés pour une grande cause ». Pour lui, le peuple burkinabè peut être fier des martyrs. S’adressant aux martyrs, il les a rassurés qu’ils pouvaient dormir en paix. « Soyez rassurés que notre mémoire est éternelle, soyez rassurés que plus rien ne sera comme avant. Soyez rassurés que votre lutte n’a pas été vaine. Vous êtes tombés au champ de bataille. Et rien ne peut vous arrêter lorsque vous avancez sur le champ de la bataille patriotique ». Frédéric Nikiéma a salué le courage des martyrs. Aux familles des martyrs, il a traduit l’infinie et l’éternelle reconnaissance de la Nation, car ces héros que sont les martyrs, bien au-delà de la Nation appartiennent à l’humanité. « Que l’humanité se souvienne que ces héros sont nés Burkinabè ». A la suite de l’oraison funèbre du porte-parole du gouvernement, les martyrs, sous les regards de leurs parents et proches ont été portés à terre 1


Sana Bob, artiste musicien
« Nous avons gagné la guerre mais il reste la bataille »

Aujourd’hui, nous avons gagné la guerre, mais il reste maintenant le combat. Ils sont devenus des martyrs, car ils sont tombés sur le champ de bataille. Le combat, nous l’avons gagné tous les jours. Il ne faut pas confondre la guerre et la bataille. Nous avons gagné la guerre mais, il reste la bataille. Chaque fois, quand ce jour va arriver, nous allons encore nous souvenir d’eux. Tout le monde veut aller au Paradis, mais personne ne veut se sacrifier. D’autres Burkinabè se sont sacrifiés pour notre liberté. Que la terre soit légère pour eux. Un jour viendra où nous aussi on doit partir mais on doit chaque fois se souvenir d’eux pour leur sacrifice et leur courage.


Ablassé Ouédraogo, président de Le Faso autrement
« Si nous gardons ce sens de rassemblement, notre pays aura des lendemains meilleurs »

C’est un facteur que le Burkina Faso, en deux semaines, a réussi à juguler la crise. Regardons tous ensemble devant et laissons le passé afin de construire un Burkina nouveau, un Burkina de paix où tous les Burkinabè s’aiment. Comme j’ai habitude de le dire, le Burkina Faso nous appartient à tous. Personne n’a le droit d’exclure autrui. Si nous gardons ce sens de rassemblement, de la fraternité, je pense que notre pays aura des lendemains meilleurs.

Léonce Zagré, secrétaire national à la jeunesse de l’UPC
« Nous sommes venus accompagner nos camarades martyrs »

Nous sommes venus accompagner nos camarades martyrs, nos sœurs et frères qui sont tombés sous les coups des balles lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers. Nous sommes donc venus ici témoigner notre soutien aux familles éplorées. Leurs fils et filles qui sont tombés lors de l’insurrection sont des héros et témoigner aux différentes familles que nous sommes à leur côté. Ces braves jeunes qui sont tombés sous les coups de balles sont les dignes fils et filles du Burkina.


Hervé Ouattara, président du Collectif anti-référendum
« Nous ne devons pas oublier qu’ils sont tombés sur le champ de bataille »

Je suis là comme tout Burkinabè pour rendre un dernier hommage à nos martyrs et témoigner aussi notre volonté à continuer le combat pour lequel ils ont perdu leur vie. Je crois qu’aujourd’hui, ce qui est important, c’est que nous ne devons pas oublier qu’ils sont tombés sur le champ de bataille pour des causes que nous devons défendre jusqu’à la fin de nos jours. Aujourd’hui, nous nous sommes battus pour qu’il y ait une démocratie véritable dans ce pays, nous ne devons pas perdre cela de vue. Ils se sont battus pour que l’article 37 ne soit pas modifié. Nous devons travailler à verrouiller cet article là de façon définitive. Ils se sont battus pour que la jeunesse puisse s’épanouir de façon considérable. Je crois qu’on ne doit pas perdre cela de vue. Donc, c’est un dernier hommage qu’on leur rend. Et aussi un engagement pour nous les jeunes à travailler de sorte à honorer leurs mémoires.

Maitre Benewendé Sankara, président de l’UNIR/PS
« Que cette lutte serve d’exemple aux autres »

C’est un sentiment de fierté, mais aussi celui de l’engagement. L’engagement d’aller de l’avant pour que cette lutte qui a vu plus de 24 personnes tombées sous des balles, avec plus de 600 blessés ne soit pas vaine. Qu’elle puisse profiter aux Burkinabè, que les autres puissent suivre l’exemple et le courage de tous ceux qui ont mené ce combat, et que plus jamais de tels cas ne se répètent plus. Je voudrais que l’on puisse aller de l’avant dans la consolidation de toutes les valeurs qui fondent désormais cette ère nouvelle que nous appelons le Burkina Faso nouveau.

Boukary Conombo, président du Mouvement Brassard Noir
« Ils sont morts mais leur mort ne doit pas rester impunie »

Nous sommes là ce matin pour accompagner nos martyrs qui sont tombés les 30 et 31 suite à l’insurrection populaire. Nous sommes donc là pour les accompagner à leur dernière demeure. Nous sommes très reconnaissants à l’endroit de la jeunesse, qui ne ménage aucun effort pour suivre les mots dès le départ du mouvement jusqu’à maintenant, ils se sont donnés. C’est donc un appel à l’endroit des autorités pour que plus jamais cela au Burkina Faso. Pour qu’on sache qu’au Burkina Faso, il y a un vrai changement, en commençant par traquer les coupables de nos martyrs de ce matin. Ils sont morts, mais leur mort ne doit pas rester impunie. Ils ne peuvent pas mourir pour rien. Nous lançons un appel aux autorités judiciaires et politiques pour que rapidement ils mettent quelque chose en marche. Le Mouvement brassard noir aimerait être associé à ce qu’ils vont mettre en place pour rechercher les coupables de ceux qui ont tué nos martyrs.

Sam’K LeJah, chargé de mobilisation du Balai Citoyen
« Le sang qu’ils ont versé ne sera pas vain »

On est là pour rendre un dernier hommage aux frères qui sont tombés lors de la révolution des 30 et 31 octobre derniers. Nous sommes venus les accompagner et leur dire que le sang qu’ils ont versé ne sera pas vain. Nous devons continuer la lutte. Que la jeunesse comprenne que, comme Thomas Sankara l’a dit, là où il n’y a pas de lutte, il n’y a pas de progrès. Il faut continuer la lutte ne serait-ce que pour la mémoire de ceux que nous devons enterrer aujourd’hui (ndlr : hier). Nous ne devons pas relâcher. Il faut continuer la lutte pour ne pas qu’ils soient morts pour rien.

Chrygozone Zougmoré, président du MBDHP
« Que nous fassions tout pour ne pas trahir la cause que ces jeunes là ont défendu jusqu’à donner leur vie »

Nous sommes là ce matin pour rendre un vibrant hommage à ces jeunes qui sont tombés. Vous savez, ces jeunes là ont consenti le sacrifice suprême. Ils ont donné de leur vie, pour la liberté, pour la démocratie, pour la justice. Et il est tout à fait normal qu’en tant que premier responsable du MBDHP, mais aussi du Collectif contre l’impunité et de la CCVC, que nous soyons là ce matin pour leur rendre cet hommage mérité. Ce que je voudrais lancer comme appel est que nous fassions tout pour ne pas trahir la cause que ces jeunes là ont défendu jusqu’à donner leur vie. Comme je l’ai dit, pour la justice et la démocratie. En ce qui nous concerne au niveau du MBDHP et du Collectif, nous avons constitué un pool d’avocats qui, dès la semaine prochaine, qui va tout mettre en œuvre pour déclencher les procédures, l’établissement de la vérité et de la justice sur ces cas récents mais également sur les dossiers pendants que nous suivons plus d’une décennie notamment, le dossier Thomas Sankara et naturellement, le dossier Norbert Zongo pour lequel, vous vous en souvenez, nous sommes allés jusqu’à Arusha. Sur l’ensemble de ces dossiers, nos avocats sont à pied-d’œuvre et je pense que dès la semaine prochaine, quelque chose de concret pourrait être fait.
Je voudrais également insister sur le fait que, concernant les évènements récents, à savoir sur l’assassinant de ces martyrs, la vérité et la justice puissent être faites sur les circonstances de ce massacre. Quelqu’un a donné l’ordre de tirer ? Quelqu’un a tiré ? Il faudra que nous commencions par là. C’est vrai, des déclarations ont été faites, des professions de foi des autorités de la transition. Mais nous demandons plus. Nous voulons voir ces paroles être transformées en actes concrets. Je crois que là-dessus, nous allons veiller comme l’ensemble du peuple burkinabè y veillera.

Emmanuel Koussoubé, proche d’une victime
« C’est un honneur qui nous va droit au cœur »

C’est douloureux mais c’est en même temps une élévation pour la famille, c’est un honneur qui restera gravé dans nos mémoires pour toute l’éternité. Autrement on ne peut pas manifester notre douleur comme ça. Cela nous va tout droit au cœur.

Issouf Nakanabo, un survivant de l’insurrection
« Nous sommes contents de voir que les Burkinabè reconnaissent la légitimité de ce combat »

Quand nous avons pris l’Assemblée nationale, on s’est reparti dans des groupes différents. Certains de mes camarades et moi sommes partis chez François Compaoré et de c’est de là-bas que j’ai été blessé. J’ai reçu trois balles dont une balle à la main, une balle à l’abdomen et une troisième balle qui m’a transpercé la paume. C’est la raison pour laquelle, je dis que je suis un survivant. Ce que j’apprécie le plus dans ce nouveau Burkina, c’est la prise en charge des malades à l’hôpital. Au départ j’ai eu les premiers soins. Après cela on a commencé à payer nos produits. Quand les Burkinabè ont commencé à manifester leur solidarité vis-à-vis des blessés, ils ont décidé de nous prendre en charge. Cette prise en charge à consister d’abord par rembourser les ordonnances qu’on avait payées et par la suite à nous donner les produits dont on a besoin. Nous sommes contents de voir que pour des jeunes qui sont sortis manifester leur colère, la population burkinabè, dans sa grande majorité, reconnait la légitimité de ce combat. Si aujourd’hui on manifeste notre joie, ce n’est pas parce qu’ils sont morts, c’est dû au fait que le peuple reconnait que ce sont des jeunes et braves Burkinabè qui sont tombés au combat. Ils méritent qu’on leur rende un hommage à la mesure de leur combat.

Edmond Sawadogo, président des élèves et étudiants burkinabè de Côte d’Ivoire
« Nous témoignons notre solidarité aux familles éplorées »

Nous sommes arrivés depuis le 20 novembre dans le cadre de l’assistance apportée aux bacheliers burkinabè de la Côte d’Ivoire. On a tenu à effectuer le déplacement pour témoigner notre solidarité, notre adhésion au combat que le peuple burkinabè a eu à mener au cours de cette Révolution. Nous témoignons également aux familles éplorées que nous sommes de cœur avec eux et que la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire est de conseil avec cette Révolution.


Par G. Maurice BELEMNABA, Toua Ladji TRAORE et Ramatou OUEDRAOGO (stagiaire)
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