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Art et Culture

Formation : les médias face au terrorisme et à la démocratie
Publié le mercredi 3 decembre 2014  |  Sidwaya




L’association «Reporters du Faso» a organisé, en collaboration avec l’ambassade des Etats- Unis au Burkina Faso, une formation au profit des journalistes burkinabè les 27 et 28 novembre 2014, à Ouagadougou. Les communications ont porté sur les thèmes comme «Medias et terrorisme”, «Médias et démocratie», «Nouveaux médias et entreprenariat», «Diffamation par voie de presse : cas des réseaux sociaux».

Les journalistes de la presse nationale ont bénéficié les 27 et 28 novembre 2014, de communication portant sur divers thèmes dont le rapport entre le terrorisme et les médias. Le terrorisme, d’après le président de Reporters du Faso, Ouezzin Louis Oulon est vu, par les uns, comme «un moyen de lutte méprisable» et par les autres comme «un moyen de lutte légitime». Il a souligné au cours de sa communication portant sur le thème "Medias et terrorisme” que ce jugement de valeur, diffère également selon le type de médias, ou selon que l’on soit acteur ou victime du terrorisme.
Il a relevé la place de choix qu’occupe le terrorisme dans le contenu des medias, ces derniers étant animés par la recherche du sensationnel pour leurs publics. «Les choix sont méticuleusement faits pour impacter autant que faire se peut», a-t-il soutenu. De ce fait, il estime que les medias sont devenus «accompagnateurs» des terroristes, malgré eux, et cela au nom de l’information et du droit à l’information.
M-Oulon en veut pour preuve, l’exemple des attentats du 11- Septembre 2001. De son point de vue, le tapage médiatique consécutif a été une opportunité pour le nom d’Oussama Ben Laden d’être beaucoup plus évoqué dans les médias américains que celui du président Georges W. Bush. Selon les statistiques, ABC News a évoqué 299 fois le nom de Ben Laden contre 175 fois pour Bush ; 469 mentions de Ben Laden sur CNN tandis que le nom de Georges Bush est évoqué 292 fois.
Il en a été de même pour le nombre d’informations mentionnant le président Bush et Ben Laden après le déclenchement des opérations militaires en Afghanistan.
D’après le communicateur, les terroristes, en recherchant l’impact des médias dans leurs actions et en fins calculateurs, n’hésitent pas à marquer leur préférence pour réserver l’exclusivité de la diffusion de leurs messages à un média donné. Il a cité, en exemple, la chaine Al Jazzera qui a longtemps bénéficié de la primeur des rares vidéos de Oussama Ben Laden à une époque où il était l’homme le plus recherché du monde.
Il ressort également de l’exposé du communicateur que certains de ces médias, sociaux dans leur majorité, sont aussi des canaux de recrutement de nouveaux militants ou combattants.
Se basant sur l’exemple de l’assassinat du Commandant Massoud avec une bombe portée par un cameraman, M. Oulon a déploré la question du militantisme et de l’activisme dans les medias. D’après M. Oulon, il s’agit ici d’une infiltration des medias par les terroristes, mettant du même coup en cause, la crédibilité des médias de façon générale.

Les médias face aux exigences de la démocratie

Le thème «Médias et démocratie» a été assuré par le président du Groupe d’Etudes et de recherches en sciences et techniques de l’information et de la communication (GESRTIC), Arsène Flavien Bationo. Il a indiqué que la liberté d'informer représente tout simplement l'oxygène de la démocratie. Le communicateur a relevé que l'un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques consiste à accorder à tous les individus l'égalité des droits ainsi que la possibilité de participer directement ou indirectement à la prise de décision collective, essentiellement par des élections libres, celle de choisir des représentants politiques et le pouvoir de demander des comptes aux élus.
Il a souligné que les organisations politiques ou sociales, les gouvernements, les grandes entreprises dans leurs rapports avec les médias, tentent soit de les courtiser, de les convertir soit de composer avec eux. De son avis, une telle attitude s’explique par le fait que les médias constituent le 4e pouvoir après les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire et que certains ont tendance, de nos jours, à considérer les médias même comme le 1er pouvoir tant leur impact sur l’opinion est fort.
Le communicateur Adoulaye Tao, chargé de médias à l’Observatoire burkinabè des médias (OBM) et rédacteur en chef de l’hebdomadaire L’Economiste du Faso, a expliqué que la naissance de cette structure découle de la volonté des acteurs du monde des médias de se doter d’une autorité d’autorégulation à côté du CSC, le gendarme de la presse. Il a expliqué qu’il est question d’opérer le contrôle et le jugement par les pairs et qu’une telle autorégulation qui permet de protéger les journalistes et les organes de presse des prédateurs de la liberté de presse. Il a ajouté que, dans le cadre des missions, l’OBM forme au respect des principes éthiques et déontologiques. Il a mis en place un dispositif qui n’est pas totalement fonctionnel. Il s’agit des médiateurs et du comité d’éthique et de déontologie. Il s’est particulièrement appesanti sur la diffamation qu’il a défini comme l’un des délits de presse les plus fréquents. Il a cité les différents articles y relatifs et affirmé qu’à côté de ce délit, il y a l’injure, l’atteinte au droit à l’image, l’atteinte à l’intimité de la vie privée et l’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Toutefois, il a souligné que des changements sont en en cours au niveau des textes qui régissent le secteur et qu’un nouveau code de l’information verra le jour, ultérieurement.
Le conseiller économique et social à l’ambassade des USA au Burkina, Martin Vaughan, a partagé son expérience en "journalisme d’investigation aux USA" avec les participants, au dernier jour des travaux. Il a d’abord rappelé les objectifs du journalisme d’investigation qui consiste principalement à contrôler ceux qui exercent le pouvoir public en faisant la lumière sur ce qu’ils font dans l’obscurité et en informant le public de leurs actes.
Mais il a fait remarquer que la collecte de l’information diffère selon que l’on est dans le journalisme ou dans le système de renseignement, différence quant à la finalité, quant aux acteurs et quant aux méthodes utilisées.
Quelques prérequis pour l’exercice du journalisme d’investigation : un engagement au service du public, la curiosité, la crédibilité et un bon et large carnet d’adresses. Expériences personnelles que M. Vaughen a vécues pendant qu’il était au Wall Street Journal, où, entre autres, il a enquêté sur des banques singapouriennes. Une enquête lors de laquelle il a été amené à rencontrer des personnes qui ont bien voulu donner leurs témoignages, mais qui ont requis l’anonymat.
Les participants ont manifesté leur intérêt en posant des questions qui ont porté sur l’exercice de la liberté de presse aux USA et les possibilités de bénéficier de formations en journalisme d’investigation.

Aimée Florentine
KABORE
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