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Le Pays N° 5261 du 19/12/2012

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Toussaint Abel Coulibaly, president de L’UPR : « Pour nous, l’alliance de 2007 n’a pas été fructueuse »
Publié le jeudi 20 decembre 2012   |  Le Pays


Toussaint
© Autre presse
Toussaint Abel Coulibaly
Ministre délégué burkinabè chargé des Collectivités territoriales.


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Tout bon démocrate se plie à la volonté populaire. Telle est la conviction de Me Toussaint Abel Coulibaly, président de l’Union pour la République (UPR). Elu député pour la troisième fois consécutive dans la province du Mouhoun, si l’on s’en tient aux résultats provisoires, l’actuel ministre délégué chargé des Collectivités territoriales, estime qu’au regard des résultats aux élections municipales, son parti a obtenu 44 conseillers contre 32 au CDP, 11 à la CFD/B, 2 au FFS et un pour le PDS METBA. C’est au tour de son parti de diriger le conseil municipal. Dans l’interview exclusive qu’il nous a accordée le 14 décembre 2012, il commente le scrutin du 2 décembre dernier et apprécie les résultats engrangés par son parti.

« Le Pays » : Le Burkina a expérimenté pour la première fois de son histoire la biométrie lors des élections couplées législatives et municipales du 2 décembre 2012. Quelles appréciations faites-vous de ce scrutin en tant que président de l’Union pour la République (UPR) ?

Me Toussaint Abel Coulibaly : Je pense que c’est une très bonne expérience à plusieurs points de vue ; sur le plan économique, le Burkina Faso gagne de même que, sur le plan de la maturité démocratique. Nous avons depuis deux décennies la culture du vote mais cette nouvelle expérience conforte notre processus démocratique à plus d’un titre.

Au regard des résultats provisoires, votre parti a engrangé des sièges tant aux législatives qu’aux municipales. Quels commentaires faites-vous de l’ensemble de ces résultats ?

Vous savez en politique comme dans bien d’autres domaines, l’on ne récolte que ce que l’on a semé. Notre parti existe depuis 2004 et depuis 2006, année de notre 1re participation à une élection, nous avons senti que l’UPR a été acceptée et adoptée par les populations dans les provinces où le parti est implanté. Si l’on s’en tient aux moyens déployés par les partis qui nous devancent lors de ces élections, l’on ne peut qu’être fier de nos résultats même s’il faut regretter que certains des dirigeants de l’UPR n’aient pas pu se faire élire pour des raisons que nous ne voulons pas évoquer ici. En d’autres occasions, nous y reviendrons.

De troisième force politique en 2006, vous reculez d’un pas pour occuper la 4e place. Cette situation vous déçoit-elle ?

Loin de nous décevoir, cette situation nous encourage à travailler plus encore car en politique, rien n’est jamais définitivement acquis. Nous aurions voulu mieux faire mais de là à être déçu, je pense qu’il faut être modeste et parler plutôt de fierté parce qu’il y avait 74 partis en lice. Au regard des moyens financiers énormes de ceux qui nous ont devancés, comparés aux nôtres, nous sommes plutôt satisfaits. En 2007, nous sommes allés en alliance avec 3 autres partis politiques. Cette année, l’UPR était seule et a obtenu pratiquement le même résultat. Tout compte fait, nous avons plutôt progressé. Avec l’alliance, nous avions obtenu 100 000 voix et 5 sièges de députés. Seuls, nous avons un peu plus de 92 000 voix et 5 sièges avec près de 500 conseillers municipaux. On peut donc raisonnablement conclure que nous avons progressé.

Certes, mais une alliance aux élections a toujours quelque chose de positif M. le président…

Cela est vrai. Mais dans notre cas, l’alliance nous a desservis parce que le député qui a été élu a fini par revendiquer une indépendance totale. Pour nous, l’alliance de 2007, n’a pas été fructueuse. Elle nous a plutôt desservis.

Comme en 2002 et en 2007, vous réussissez cette année à vous faire élire député dans votre fief au Mouhoun. Selon certains observateurs, cela n’a pas été aussi facile comme on le croit puisque selon toujours ces derniers, votre parti, l’UPR, était seul contre tous. Partagez-vous le même sentiment ?

Ce que l’on peut retenir, c’est que cela fait deux élections législatives consécutives qu’aucun parti politique n’obtient le quotient électoral dans la province du Mouhoun. Cela témoigne de l’âpreté avec laquelle les 2 sièges se sont disputés dans notre province. Vous vous souviendrez que j’avais déclaré lors d’une interview que je préférais « tomber les armes à la main sur un terrain que je connais au lieu de choisir la solution de la facilité ». Cela s’est vérifié car effectivement tout a été mis en œuvre pour m’empêcher d’être élu. Des alliances de fait se sont nouées pour « tirer à boulets rouges » sur l’UPR dans le Mouhoun. Mais, il s’est trouvé que les populations nous font assez confiance pour que cela ne suffise pas à nous éliminer de la course. Du reste, c’est la règle du jeu pour peu que les méthodes soient conformes à l’éthique. C’est le lieu de remercier les électeurs du Mouhoun pour cette confiance renouvelée. Seul contre tous peut-être pas mais, parti ciblé oui. Par moments, il a fallu que je prenne de la hauteur pour que nous ne tombions pas tous dans le dénigrement. Toujours est-il que ceux qui me connaissent savent que je ne garde pas rancune mais je suis plutôt pour le rassemblement des fils et filles de notre province. Après les élections, nous devons nous consacrer au travail et surtout au travail d’ensemble et non pas en détruisant ce que les uns construisent le jour quand vient la nuit.

En 2006, votre parti a fait tanguer le CDP aux municipales dans la commune de Dédougou avec 37 conseillers contre 47 pour le parti au pouvoir. Vous inversez la situation en 2012 en votre faveur avec 44 conseillers contre 32. Un commentaire ?

Vous savez que je suis originaire de la commune de Dédougou et il est tout à fait normal, si je ne suis pas rejeté par les habitants de ma commune, que nous puissions y être la première force politique. Cela ne va pas de soi mais ça semble logique. Nous sommes acceptés par les populations parce que nous avons toujours été proches d’elles en toutes circonstances. Je pense que tout le monde ne peut pas se retrouver du jour au lendemain transformé par l’argent. « Il faut être ami avec le piroguier avant l’hivernage ». Il faut retenir aussi qu’en politique quand vous prenez vos distances vis-à-vis des électeurs , pour les rattraper, il faut courir 10 fois plus que celui qui a maintenu le contact. C’est difficile de maintenir ce contact, car cela demande des sacrifices énormes, allant jusqu’à votre propre famille qu’il faut souvent reléguer au second plan. Mais c’est le prix à payer quand on veut être accepté comme leader politique. Je ne suis pas du tout surpris par ces résultats parce que depuis 2002, j’ai senti que les populations étaient de plus en plus nombreuses dans cette commune à croire en notre action dénuée d’intrigues et notre volonté de rassemblement. Certes, nous n’avons pas pu faire tout ce que nous avions voulu, mais nous avons toujours essayé de résoudre les problèmes à notre portée. A l’Assemblée nationale, nous avons toujours valablement représenté notre province tout en restant attaché à la République et à l’unité nationale.

Ces résultats qui vous placent majoritaire en tête de la commune de Dédougou vous donnent-ils ipso facto droit à la présidence du conseil municipal ?

Je pense que cette fois-ci c’est à notre tour de diriger le conseil municipal de Dédougou au regard des résultats. Comme vous l’avez dit, en 2006, nos 37 conseillers ont voté pour un candidat qui n’était pas de notre parti parce que ce parti avait la majorité et nous pensons que pour que le conseil municipal soit stable à l’instar du précédent, cette majorité doit être respectée. Je suis démocrate, et je n’ai aucune raison de penser que les autres le sont moins que moi. Je ne pense pas qu’en ralliant des élus sans rallier leurs électeurs , l’on fera œuvre utile. A un moment, l’UPR aurait pu déstabiliser le conseil municipal de Dédougou si nous étions égoïstes. Mais comme je l’ai toujours dit, si nous travaillons vraiment pour l’intérêt des populations, la moindre des choses, c’est de respecter leurs choix. Nous pensons qu’il n’est dans l’intérêt de personne que la commune du chef-lieu de la région ne soit pas gérée avec toute la sérénité requise. Là où l’UPR a perdu, nous accompagnerons ceux qui ont gagné dans ces communes. Le minimum que l’on puisse nous rendre, c’est en faire de même. Vous savez, nul n’a le monopole de la gestion et il faut souvent permettre aux autres de faire leurs preuves. Je n’ai aucune raison de penser que la règle du jeu ne sera pas respectée et nous tendons la main à toutes les filles et tous les fils du Mouhoun soucieux de son développement. C’est dans l’union que nous pourrons travailler pour relever les multiples défis qui se presentent à notre commune. L’individualisme ne nous mènera pas bien loin. Or nous avons obligation d’aller le plus loin possible sur le chemin du développement.

Maître, vous affirmez avoir voté en 2006 pour un candidat qui n’était pas de votre parti sans le nommer et sans citer le parti

En 2006, les conseillers UPR sur mes instructions, ont voté pour le candidat officiel du CDP, l’actuel maire sortant de Dédougou en la personne de Gnami Valentin Konaté. Je précise que ce jour, il y avait deux candidats, tous du CDP. Avec nos 37 conseillers, nous aurions pu prendre la mairie, mais en tant que républicains, nous ne voulions pas usurper un pouvoir contre le gré des populations. Nous avons adopté le principe démocratique.

Vous vous attendiez à ce que le CDP vous renvoie l’ascenseur ?

Plus que nous renvoyer l’ascenseur, c’est une question de volonté populaire. Je pense que tout bon démocrate se plie à la volonté populaire. Il s’agit de respecter la volonté populaire et tout bon démocrate est astreint à cette volonté. Toute autre forme de gouvernance n’est pas démocratique à notre avis. Nous attendons de voir si le principe adopté en 2006 avec le CDP sera le même en 2012 ; ce dont nous ne doutons pas. A notre sens, il n’y a pas de raison que le principe change.

Propos recueillis par Serge COULIBALY

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