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Me Guy Hervé Kam, porte-ârole du Balai citoyen : « On ne peut pas critiquer le système Compaoré et dupliquer des pratiques qui l’ont caractérisé »
Publié le jeudi 27 novembre 2014  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Me Guy Hervé Kam, porte-parole de « LE BALAI CITOYEN »




Porte-parole du mouvement Le « Balai citoyen » et homme de loi, Me Guy Hervé Kam est assurément un acteur majeur de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Pourtant, dans la mise en place des organes de la transition, Guy Hervé Kam et le mouvement dont il est le porte-voix, brillent par leur absence, aussi bien dans le gouvernement de transition que dans le Conseil national de transition (CNT). Dans l’interview qu’il nous a accordée, Me Kam explique les raisons de leur absence, et se prononce également sur la nomination contestée de Adama Sagnon comme ministre de la Culture. Lisez plutôt !

« Le Pays » : « Le Balai citoyen » est-il représenté au sein du gouvernement de la transition ? Si non, pourquoi ?

Me Kam : Le « Balai citoyen » n’est représenté ni dans le gouvernement de transition ni dans le Conseil national de transition (CNT). La raison est simple, nous avons tout simplement décidé de ne faire partie d’aucun organe délibérant. Ce, parce que nous pensons que le rôle primordial du « Balai citoyen » est d’être une force de proposition, de veille et non une force de décision. Nous pensons d’ailleurs que la société civile joue mieux son rôle quand elle ne participe pas à la prise de décision. Nous sommes ouverts aux organes consultatifs, si nous pensons pouvoir apporter une contribution en termes de propositions, mais pas pour les organes délibérants.

Pourquoi la société civile s’est-elle difficilement accordée sur les noms de ses futurs représentants au CNT ?

Au niveau des OSC, on a assisté à un spectacle tout à fait déshonorant. Beaucoup de combines, de magouilles, bref, de mauvaises pratiques indignes des organisations de la société civile et du Burkina Faso post-insurrectionnel où le peuple burkinabè a affirmé son statut d’homme intègre. Quand je regarde la liste des membres devant siéger au titre des organisations spécifiques dont j’ai présidé la désignation, je note que des noms ont été ajoutés sur la liste des personnes désignées en lieu et place de ceux que le caucus a désignés, sans que l’on ne sache comment. C’est vraiment déplorable. On ne peut pas critiquer le système Compaoré et dupliquer les pratiques qui l’ont caractérisé. Il est important que des mesures soient prises pour corriger cette situation.

En réalité, je pense que toute cette cacophonie s’explique par le fait que plusieurs organisations de la société civile ont estimé que le CNT était une occasion inespérée de se positionner pour 2015, ou de faire le jeu de certains partis politiques qui voulaient entrer au CNT par la porte réservée à la société civile. Nous avons vu une très mauvaise image de la société civile qui tranche avec celle qui a été donnée à l’occasion de l’insurrection, et cela n’augure rien de bon pour le fonctionnement du CNT.

Etes-vous satisfait de l’équipe gouvernementale actuelle ?

Rien sur cette terre n’est parfait. Dans sa première version, il y avait le cas de Adama Sagnon qui posait problème ; ce problème étant réglé, je pense que nous pouvons accorder un état de grâce à ce gouvernement pour le juger au pied du mur. C’est au pied du mur qu’on reconnaît le vrai maçon, dit-on. La nouvelle équipe gouvernementale sera jugée à la tâche. Si elle est à la hauteur, elle continuera à avoir la confiance nécessaire pour travailler ; dans le cas contraire, nous serons là pour tirer la sonnette d’alarme.

Pensez-vous que la nomination de M. Adama Sagnon a été une erreur de casting au regard de la clameur qu’elle a suscitée ?

Au regard de la clameur que cela a suscitée, on peut parvenir à cette conclusion. Nous disons tout simplement qu’au regard du fait que le nom de Adama Sagnon soit fortement associé à une des grosses affaires du pays, ne créait pas les conditions de sérénité et de confiance nécessaires à l’action d’un gouvernement de transition. La transition dure juste un an et il n’était pas indiqué de passer le temps à discuter sur les qualités personnelles d’un ministre au lieu de se donner à la tâche. Il était donc important d’avoir des ministres au-dessus de tout soupçon moyennement raisonnable. De ce point de vue, nous nous réjouissons que l’intéressé ait été visité par la sagesse, en démissionnant.

Adama Sagnon dit que vous ne connaissez rien du dossier Norbert Zongo qu’on l’accuse d’avoir saboté. Que répondez-vous à cela ?

C’est tout à fait normal que Me Kam, n’étant ni le juge d’instruction ni le procureur chargé du dossier, ne connaisse pas le dossier Norbert Zongo de fond en comble. Mais une chose est certaine, c’est que tout Burkinabè moyennement doué de raison, a une connaissance suffisante de ce dossier pour considérer que ceux qui l’ont traité sont disqualifiés pour jouer un rôle quelconque dans la transition post- insurrectionnelle, dans la mesure où cette affaire a aussi créé les conditions de cette insurrection. Pour ma part, à supposer même que je ne connaisse pas le dossier Norbert Zongo, je sais au moins que la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples a jugé que justice n’a pas été rendue dans cette affaire et que tout n’a pas été mis en œuvre pour parvenir à la vérité. Je sais aussi, que M. Sagnon, alors Procureur du Faso, avait refusé la réouverture du dossier qui était de sa seule compétence, au motif qu’il lui fallait des preuves scientifiques. Et cela me suffit.

Dans sa défense, Adama Sagnon ajoute qu’en tant que procureur, lui ne faisait que des réquisitions. Qu’en pensez-vous ?

C’est un plaidoyer en irresponsabilité. Dans cette affaire, M. Sagnon ne comparaissait pas au procès de la Justice burkinabè ou du parquet. C’était son procès personnel. Il faut retenir tout simplement qu’en raison de son implication dans le dossier Norbert Zongo, Adama Sagnon ne présentait pas les apparences de quelqu’un qui est suffisamment crédible aux yeux de la population pour faire partie du gouvernement de transition. Après, on dira que le procureur avait reçu des instructions, que c’est le système Blaise Compaoré qui était comme ci et comme cela, et que sais-je encore. Maintenant, je pense qu’avec cette affaire, l’ensemble du peuple burkinabè, à commencer par ses juges, aura pris conscience que nos actes nous rattrapent toujours.

Un mot à l’endroit du peuple burkinabè en cette période transitionnelle ?

Ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre ne doit pas être seulement un changement politique, mais doit aussi être un changement de mentalité. Or, ce que l’on constate, c’est le retour à la défense des intérêts personnels, notamment lorsqu’on regarde comment se déroule la désignation des membres au CNT, alors que l’intérêt général du peuple burkinabè devrait prévaloir. Je lance donc un appel à tous les citoyens burkinabè à mettre l’intérêt du peuple burkinabè au centre de la transition. L’insurrection burkinabè a été considérée partout dans le monde comme un exemple ; il faut que cela reste un exemple positif !

Propos recueillis et retranscrits par Thierry Sami SOU
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