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L’assassinat du journaliste Norbert Zongo
Publié le mardi 25 novembre 2014  |  AFP
Norbert
© Autre presse par DR
Norbert Zongo, journaliste burkinabè assassiné en 1998




Ouagadougou - Le journaliste burkinabè Norbert Zongo a été assassiné le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur le meurtre sous la torture de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, frère cadet du président déchu Blaise Compaoré.

La mort du journaliste avait ouvert une crise politique et sociale dans le pays, organisations non gouvernementales et partis d’opposition dénonçant "l’impunité" dont bénéficiaient les auteurs de crimes "proches du pouvoir".

Directeur de l’hebdomadaire "L’Indépendant", Norbert Zongo était célèbre pour ses positions critiques vis-à-vis du pouvoir. Son corps calciné avait été retrouvé dans son véhicule sur une route déserte à Sapouy, à une centaine de kilomètres au sud de Ouagadougou.

Son assassinat, avec trois proches qui voyageaient avec lui, avait provoqué de vives protestations internationales. D’importantes manifestations s’étaient déroulées dans le pays, à l’appel d’un "Collectif contre l’impunité" créé au lendemain du meurtre.

L’association Reporters sans frontières (RSF) s’était portée partie civile en 2000 en France contre Blaise Compaoré dans l’enquête sur l’assassinat de Norbert Zongo, alors que l’ex-chef de l’Etat se trouvait en visite officielle dans l’Hexagone. La plainte avait été classée sans suite.

Plus d’une centaine de personnes ont été auditionnées dans l’affaire Zongo, dont François Compaoré.

Six "suspects sérieux" avaient été identifiés par une commission d’enquête indépendante mise en place par les autorités burkinabè. Mais seul l’adjudant Marcel Kafando, ex-chef de la garde rapprochée du président Compaoré, avait été inculpé pour "assassinat", avant de bénéficier d’un non-lieu en juillet 2006, confirmé en appel.

Fortement mobilisée sur cette affaire, RSF avait qualifié la décision judiciaire de "scandaleuse". "C’est une honte et un coup dur porté envers tous les Burkinabés" en quête de "vérité", avait tempêté RSF.

Dans une autre affaire, Kafando, avec deux autres membres de la garde présidentielle, avait déjà été condamnés en 2000 à 20 ans de prison pour le meurtre du chauffeur de François Compaoré. L’adjudant n’a pu terminer sa peine, décédant en 2009 d’une longue maladie.

Chaque année, le 13 décembre, des dizaines de Burkinabè - souvent plus - se rassemblent pour demander justice pour l’assassinat du journaliste.

Un petit espoir leur était parvenu cette année d’Arusha, où la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), saisie par des proches de Norbert Zongo, avait accusé l’Etat burkinabè d’avoir "failli à ses obligations".

Ouagadougou "n’a pas fait preuve de la diligence due en vue de rechercher, poursuivre et juger les assassins de Norbert Zongo et ses compagnons", avait affirmé la CADHP.

Après la démission le 31 octobre de Blaise Compaoré, chassé par la rue et désormais en exil au Maroc, la société civile espère la réouverture du dossier, comme celui des autres personnalités ou simples quidams tués selon elle par le régime Compaoré.

Au moins "une centaine" de personnes ont péri durant les 27 années de règne de Blaise Compaoré, estime Chrysogome Zougmoré, le président du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples.

Parmi celles-ci, les cas Clément Oumarou Ouédraogo et Boukary Dabo demeurent des blessures vives.

M. Ouédraogo, universitaire et idéologue du parti de M. Compaoré, avait été tué en 1991 par une grenade jetée dans sa voiture alors qu’il avait commencé à prendre ses distances avec le pouvoir.

Leader d’un syndicat étudiant, Boukary Dabo avait été enlevé par des membres de la garde présidentielle en 1990. Il n’a plus jamais été revu en vie ensuite.


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