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Burkina: un ministre démissionne, rattrapé par son passé de procureur sous Compaoré
Publié le mardi 25 novembre 2014  |  AFP
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© aOuaga.com par AO
Art et culture : Le Bureau Burkinabè des droits d`auteur (BBDA) a un nouveau DG, Adama sagnon
Jeudi 18 avril 2013.siège du BBDA.Ouagadougou. Adama sagnon est le nouveau DG de BBDA il remplace Balamine ouattara. Photo : Adama sagnon




Ouagadougou- A peine nommé, le ministre de la Culture du gouvernement de transition burkinabè a dû démissionner mardi sous la pression de la société civile, qui dénonce son rôle dans la gestion de
l'affaire Norbert Zongo, journaliste assassiné sous le régime déchu de Blaise Compaoré.

Ce coup de théâtre a aussitôt été salué comme "une victoire importante" au Burkina, où les forces vives de la société civile entendent "corriger le passé", ces années sombres de l'ére Compaoré, où "seul un cercle restreint,
voire un seul homme" décidait pour le pays, selon un de ses responsables.

Considéré il y a un mois à peine comme une personnalité proche du système Compaoré, Adama Sagnon, ex-procureur de la République, a été nommé dimanche soir dans le gouvernement de transition, qui doit gérer le pays pendant un an.

Il a participé lundi matin au premier Conseil des ministres... pour s'en aller dès le lendemain.

Celui que Souleymane Ouédraogo, dit "Soul", rappeur et activiste, qualifiait lundi de "patate chaude du gouvernement", n'aura pas survécu politiquement à son passé de magistrat aux affaires dans l'un des scandales
les plus retentissants des 27 années de règne du président Blaise Compaoré, tombé le 31 octobre: le meurtre de Zongo.

"La démission (de M. Sagnon) a été acceptée", a déclaré mardi le porte-parole de l'exécutif transitoire, Frédéric A.K. Nikiema.

Adama Sagnon, dans une lettre adressée au Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, a justifié sa démission en évoquant "l'intérêt supérieur de la Nation" ainsi que la "solidarité gouvernementale".

Des manifestations s'étaient déroulées dès lundi devant le ministère de la Culture pour dénoncer la promotion du nouveau ministre, ami de longue date de M. Zida, qui a occupé les fonctions de procureur du Burkina Faso dans les années 2000.

"C'est sous sa procuration que le non-lieu a été prononcé en avril 2006" dans l'affaire Zongo, a rappelé Chrysogome Zougmoré, président du Mouvement burkinabè des droits de l'Homme et des peuples.

- 'Protecteur du régime Compaoré' -

"Dans cette affaire, il a été un procureur ultra-partisan, protecteur du régime Compaoré à 100%. Il s'est comporté beaucoup plus en avocat de la famille Compaoré qu'en procureur", ajoute M. Zougmoré.

Norbert Zongo, journaliste qui enquêtait sur le meurtre d'un chauffeur de François Compaoré, le frère de l'ex-président, a été tué avec trois de ses compagnons en décembre 1998. Il avait 49 ans.

Les quatre dépouilles ont été retrouvées calcinées dans sa voiture incendiée à une centaine de kilomètres de Ouagadougou.

Aucune condamnation n'a été prononcée, malgré le scandale que l'affaire Zongo, un journaliste qualifié d'"incorruptible", avait provoqué au Burkina.

Le régime avait même vacillé en raison d'importantes manifestations.
François Compaoré, un temps inculpé de "meurtre et recel de cadavre" dans
le cadre de la mort de son chauffeur, David Ouédraogo, n'a jamais été inquiété
dans le dossier Zongo, qui a également eu un retentissement international.

- 'Rien à me reprocher' -

Adama Sagnon avait rejeté dès lundi la vindicte, expliquant que "le procureur ne prend pas une décision, mais seulement des réquisitions".

"Je n'ai rien à me reprocher", assurait-il, affirmant être "serein".
La société civile, pour qui sa nomination résonnait comme une "insulte", se félicitait mardi de sa démission éclair.

"C'est le modèle de gouvernance que l'on souhaite, avec des gens qui doivent être propres", a commenté un analyste politique, Siaka Coulibaly.

Cette démission, selon un politicien, "vient souligner que le peuple ne veut plus entendre parler d'injustice au Burkina Faso, et que ceux qui en ont commis ne pourront plus jamais faire partie du gouvernement".

Reste désormais à rouvrir le dossier Zongo, ce que pourraient permettre des centaines de documents retrouvés durant les pillages commis au domicile de François Compaoré, en attente d'authentification.

Le président intérimaire Michel Kafando et son Premier ministre ont promis de sanctionner les dérives du clan Compaoré.

Sur un autre front hautement symbolique, M. Kafando a annoncé une enquête pour permettre d'identifier le corps du défunt président Thomas Sankara.

Considéré comme "le Che Guevara africain", Sankara avait été tué lors du putsch qui porta au pouvoir en 1987 Blaise Compaoré.

La famille Sankara demande, en vain, depuis 1997 l'exhumation de la dépouille pour vérifier que le corps enterré est bien celui de Sankara.


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