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Burkina: Michel Kafando va être investi président, ses pouvoirs en question
Publié le vendredi 21 novembre 2014  |  AFP
Transition
© AFP par DR
Transition : le président Michel Kafando prête serment
Mardi 18 novembre 2014. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Le président désigné de la transition, Michel Kafando, a prêté serment devant le Conseil constitutionnel qui l`a ensuite investi de ses fonctions de président du Faso et chef de l`Etat par intérim




Ouagadougou- Michel Kafando deviendra officiellement vendredi après-midi le président intérimaire du Burkina Faso, lors d’une cérémonie de transfert des pouvoirs avec le lieutenant-colonel Isaac Zida, l’homme fort du pays depuis trois semaines, qui restera Premier ministre.

La solennité de l’instant, après 27 années de règne du président déchu Blaise Compaoré, contraint à la démission le 31 octobre par la rue, ne masquera pas une question primordiale: de quelle marge de manoeuvre disposera ensuite M. Kafando avec un tel bras droit?

Le lieutenant-colonel Zida pourrait continuer de tenir les rênes du pays, comme il le faisait depuis la chute du régime Compaoré, selon des observateurs.

Alors que la communauté internationale avait menacé le pays de sanctions si le président intérimaire était un militaire, la nomination de M. Zida à la "Primature" a jeté le trouble.

Mais le président sénégalais Macky Sall, qui fut l’émissaire de la Cédéao, l’organisation régionale ouest-africaine, durant la crise burkinabè, a appelé à "accompagner" la transition.

"Les militaires au Burkina font partie du décor politique", a-t-il fait valoir.

"L’armée a accepté le principe sur lequel nous n’avons pas du tout lésiné: il ne pouvait pas y avoir un chef d’Etat militaire, ce n’était pas acceptable", a-t-il souligné.

La période de transition s’arrêtera en novembre 2015 avec la tenue d’élections présidentielle et législatives, auxquelles ni M. Kafando, ni M. Zida ne pourront légalement se présenter.

Outre Macky Sall, quatre chefs d’Etat africains (Bénin, Ghana, Mauritanie, Niger) sont arrivés à Ouagadougou pour assister à la cérémonie de passation des pouvoirs, prévue à 17H00 (locales et GMT) au Palais des sports.

Le président du Togo, Faure Gnassingbé, sera remplacé en dernière minute par son Premier ministre. Des milliers de Togolais, apparemment inspirés par l’exemple burkinabè, ont tenté vendredi de marcher vers l’Assemblée nationale à Lomé, avant d’être dispersés à coup de gaz lacrymogènes.

La cérémonie de vendredi sera la première du genre au Burkina, pays sahélien pauvre de 17 millions d’habitants où tous les changements de régime se sont faits par putsch depuis son indépendance en 1960.

Pour symboliser la transmission du pouvoir, le lieutenant-colonel Zida remettra un drapeau du Burkina Faso à M. Kafando.

Ce dernier, homme réservé au profil de technocrate, sera alors officiellement à la tête du Burkina Faso pour un an.

- ’Gueule de bois’ -


La nomination lundi de cet ex-ambassadeur expérimenté, qui a représenté une quinzaine d’années son pays auprès de l’ONU, a fait "l’unanimité", selon un diplomate.

Elle concluait deux semaines de tractations au pas de charge, menées par une armée qui, sous pression internationale, avait affiché sa volonté de laisser les commandes aux civils.

La nomination mercredi d’Isaac Zida au poste de Premier ministre a cependant eu "un peu un goût" de "gueule de bois", d’après un autre diplomate, qui prédit: "Personne ne s’y trompe, c’est (Zida) qui va diriger le pays".

Dans les faits, le nouveau chef du gouvernement a déjà pris le pays en main: deux patrons d’entreprises publiques, proches de la famille Compaoré, ont été remerciés "pour sabotage", et les conseils municipaux et régionaux ont été suspendus.

Ces mesures étaient attendues par certains Burkinabè, las d’années de corruption du clan Compaoré, mais en alarment d’autres. Un jeune fonctionnaire a dénoncé mardi un "one man show" populiste.

La société civile, en pleine bagarre pour désigner ses futurs ministres et députés intérimaires, est attentive mais pas inquiète pour l’instant.

Au pouvoir, des civils sont parfois "pires que des militaires", relève Sams’K le Jah, chanteur et co-fondateur du Balai citoyen, mouvement dont les capacités de mobilisation de la jeunesse ont compté dans la chute de Compaoré.

"Certains observent, d’autres vont à la soupe", ironise un troisième diplomate.

La composition du gouvernement de M. Zida, promise d’ici samedi, sera révélatrice.

A priori, "les hommes en treillis ou ceux qui travaillent pour eux" devraient occuper les postes de la Défense, de l’Economie et des Finances, des Affaires sociales, et des Mines, ce dernier portefeuille étant des plus rémunérateurs, analyse le diplomate.

Blaise Compaoré pourra suivre l’investiture de Michel Kafando depuis le Maroc, où il est arrivé jeudi soir. Il vivait depuis sa démission en Côte d’Ivoire, accueilli par son allié de longue date, le président Alassane Ouattara, qui a dépêché pour la cérémonie de vendredi son chef de la diplomatie.


roh-jf/tmo
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