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Le Pays N° 5260 du 18/12/2012

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Conseil de l’entente : les chefs d’Etat pour l’envoi en urgence d’une force au Mali
Publié le mercredi 19 decembre 2012   |  Le Pays


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© AFP par DR
Situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest : Ouverture du sommet des Chefs d’Etat du Conseil de l’Entente à Niamey
Lundi 17 décembre 2012. Niger. Palais des congrès de Niamey


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La première session ordinaire du Conseil de l’Entente rénové, s’est tenue le 17 décembre 2012 à Niamey au Niger. Le président du Faso, Blaise Compaoré, a pris part à cette grande rencontre aux côtés de ses pairs, Yayi Boni du Bénin, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Faure Gnassingbé, du Togo et du pays hôte, Mahamadou Issoufou. Au terme des travaux, les têtes couronnées des cinq Etats de l’Afrique de l’Ouest ont décidé de faire de l’espace Entente, une zone de paix, de sécurité, de solidarité et ont, à cet effet, lancé un appel au Conseil de sécurité des Nations unies pour l’envoi en urgence d’une force internationale au Nord-Mali afin de lutter contre le péril terroriste qui menace la paix sous-régionale et restaurer l’intégrité territoriale de ce pays.

Au cours de leurs travaux à huis clos, les chefs d’Etat des pays membres du Conseil de l’Entente se sont penchés sur les questions touchant à la paix, à la sécurité et à la stabilité dans la sous-région, dans le continent et dans le monde. Dans le communiqué final, ils ont rappelé que la paix, la sécurité, l’unité, la démocratie et la bonne gouvernance sont les conditions essentielles à la stabilité et à la réalisation d’un développement économique durable pour la sous-région. Ils ont exprimé leur préoccupation quant à la double crise institutionnelle et sécuritaire au Mali et ses effets déstabilisateurs sur les pays voisins membres de l’espace Entente. La conférence a pris acte des récents événements dans ce pays ; le 11 décembre ayant conduit à la démission du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra. Elle a salué la formation du nouveau gouvernement avec à sa tête Diango Cissoko.

L’influence de la junte militaire dans la transition politique

En outre, elle a condamné la persistance de l’influence de la junte militaire dans la transition politique au Mali. Les chefs d’Etat encouragent le président du Faso dans ses efforts de médiation et lancent un appel au Conseil de sécurité des Nations unies pour l’envoi en urgence d’une force internationale au Nord-Mali afin de lutter contre le péril terroriste qui menace la paix sous-régionale, et restaurer l’intégrité territoriale de ce pays. Ils ont noté avec satisfaction les progrès réalisés dans le processus de sortie de crise en Guinée-Bissau. Ils se sont réjouis des efforts déployés par les autorités de la transition et les ont exhortées à poursuivre ces efforts dans un esprit de dialogue inclusif. Evoquant la vie politique dans les pays membres, la conférence s’est félicitée du bon déroulement des élections législatives et municipales au Burkina Faso le 2 décembre 2012. Aussi a-t-elle exprimé ses vives félicitations au président Blaise Compaoré. La conférence a décidé de confier la présidence en exercice au président nigérien, Mahamadou Issoufou. Elle a aussi salué les efforts déployés par le président Alassane Ouattara en vue de la réconciliation nationale et de la reconstruction de son pays.

La conférence a également pris connaissance des propositions du Conseil des ministres sur le plan stratégique 2013-2016 qui met l’accent sur la mission principale du Conseil de l’Entente, l’organisation en matière de coopération politique, de promotion de la paix, de la sécurité, du développement à la base de projets intégrateurs, notamment dans le domaine d’infrastructures. Dans cet esprit, ils ont retenu comme projet intégrateur à réaliser dans l’espace Entente, le projet de construction de la boucle ferroviaire Entente. Après analyse des recommandations du Conseil des ministres, la conférence a décidé de la dissolution du Fonds d’entraide et de garantie des emprunts du Conseil de l’Entente (FEGECE) et a instruit le Secrétariat exécutif en vue de la nomination d’un liquidateur. Concernant le financement des activités du Conseil de l’Entente dans son ensemble, les chefs d’Etat et de gouvernement ont instruit le Conseil des ministres d’approfondir les études en vue de l’identification de sources alternatives de financement. Les invités de marque du président Mahamadou Issoufou n‘ont pas manqué de lui adresser leurs félicitations pour la qualité de l’accueil qui leur a été réservé ainsi que pour les conditions de travail.

Ce dernier a remercié ses pairs pour la confiance placée en lui en le portant à la tête de l’organisation et les a assurés de sa détermination à mettre en œuvre, en rapport avec le Secrétariat exécutif, toutes les mesures et les décisions adoptées par la conférence. A l’ouverture du sommet, le président en exercice du Conseil de l’Entente, le docteur Thomas Yayi Boni, a d’abord rendu un hommage aux pères fondateurs du Conseil de l’Entente que sont les présidents de la Haute-Volta aujourd’hui Burkina Faso, Maurice Yaméogo, de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, du Niger Hamani Diori, du Dahomey aujourd’hui Bénin, Hubert Maga, en faisant observer une minute de silence en leur mémoire. Il n’a pas oublié de louer l’initiative du Togo qui a rejoint l’organisation en 1966, soit 7 ans après sa création, le 29 mai 1959 à Abidjan. Il a ensuite rappelé que le Conseil de l’Entente est né du souci et de la détermination de ses géniteurs à donner un espoir aux peuples dans leurs légitimes aspirations pour une complémentarité et une intégration sous-régionale, gage de sécurité, de paix, de stabilité et de développement. Le Dr Yayi Boni a confié que lors du sommet de Yamoussoukro en 2009, les chefs d’Etat ont décidé de donner une nouvelle orientation au Conseil de l’Entente afin de le rendre plus apte à répondre aux aspirations.

Les défis à relever

Pour lui, six défis majeurs doivent être relevés par l’organisation sous-régionale de coopération. Le premier est celui de l’entente et paraît être la condition de base pour entretenir dans l’espace du Conseil de l’Entente, un courant d’échanges et de dialogue permanent sur le plan politique, gage de cohésion. Le deuxième porte sur la sécurité, la paix et la stabilité qui sont les prérequis essentiels pour le progrès et le développement de la région. Malheureusement, la situation sécuritaire de la sous-région, a-t-il fait noter, est de plus en plus préoccupante. Les violences dans certains Etats, notamment au Mali et au Nigeria, prouvent que la menace terroriste, l’intolérance religieuse, les trafics illicites de tous genres ne sont plus à nos frontières mais à l’intérieur des Etats, a-t-il déploré. Au regard du péril qu’il y a en la demeure, le Conseil de l’Entente doit s’associer aux efforts de la CEDEAO et de l’Union africaine (UA) pour, a-t-il indiqué, solliciter l’adhésion du Conseil de sécurité au concept stratégique et au concept harmonisé des opérations en vue d’une sortie de crise au Nord-Mali.

Un accent particulier devra, a-t-il souhaité, être mis sur la nécessité de l’envoi sans délai d’une force internationale aux fins d’éradiquer le péril terroriste qui menace la paix dans la sous-région et dans le monde. Il a, par ailleurs, salué les efforts de médiation du président du Faso et les autres chefs d’Etat pour leurs efforts de recherche d’une sortie de crise dans ce pays frère. Le troisième défi repose sur la démocratie et la bonne gouvernance qui constituent, à ses yeux, le socle du développement et représentent aussi des critères de base pour bénéficier du soutien de la communauté internationale. Les pays membres du Conseil de l’Entente doivent, a-t-il conseillé, promouvoir ces valeurs à travers le bon fonctionnement des institutions au sein de l’espace et s’engager à renforcer la lutte contre la corruption, l’impunité, rétablir la transparence, l’obligation de résultats et la reddition des comptes et préserver une meilleure gouvernance électorale et constitutionnelle. Les pays du Conseil de l’Entente doivent également à cet égard, a-t-il signifié, combattre les prises de pouvoir par la force. Le quatrième défi est relatif à l’agriculture et à l’économie verte avec son corollaire, la sécurité alimentaire. Le développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement reste, pour Yayi Boni, un défi majeur à relever en Afrique subsaharienne. Un autre défi auquel l’espace doit faire face, d’après le président béninois, est l’intégration économique qui passe par la mise en place des infrastructures routières, ferroviaires ainsi que les infrastructures énergétiques et de télécommunication destinées à relier les peuples et les économies de l’espace. Sur ce plan, il s’est dit confiant car les pays de l’espace disposent de pétrole, de l’uranium, en l’occurrence le Niger qui pourrait fournir aux autres Etats, l’énergie nucléaire.

Le dernier défi, a énuméré le président Yayi Boni, est axé sur la condition sociale basée sur la solidarité du millénaire au sein de l’espace. Pour rendre effectif ce défi, les secteurs de la santé et de l’éducation devront être renforcés. Dans un monde en perpétuelle mutation, le Conseil de l’Entente se doit également de s’adapter à l’évolution du monde, a-t-il estimé. Il a réitéré les félicitations et les encouragements de ses pairs au peuple nigérien qui commémore à la veille du sommet, le 54e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Dans son adresse à ses hôtes, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, s’est dit fier de poursuivre l’œuvre du père de l’indépendance de son pays, et des autres chefs d’Etat qui ont porté sur les fonts baptismaux, le Conseil de l’Entente avec leurs vaillants représentants.

Une immense richesse

Il a laissé entendre que l’espace que constituent les pays du Conseil de l’Entente est vaste de plus de 2 millions de km2 et compte plus de 68 millions d’habitants avec une immense richesse. Si ces ressources humaines et naturelles sont bien exploitées, elles peuvent, a-t-il dit, faire de l’espace une des plus prospères au monde. Après avoir exprimé l’engagement de son pays à mettre en œuvre la nouvelle réforme engagée à Cotonou, le président Mahamadou Issoufou a évoqué la situation que vit la région, en particulier le Mali où sévit actuellement le terrorisme. Il a salué les solutions préconisées par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), et l’UA (Union africaine) qui contribuent, a-t-il affirmé, à garder deux fers au feu : négocier avec ceux des mouvements armés qui acceptent l’existence d’un Mali démocratique, uni et laïque, et préparer le recours à la force contre le terrorisme et le crime organisé. Tout comme le président béninois, il a loué les efforts du chef de l’Etat burkinabè dont l’expérience dans les médiations n’est plus à démontrer.

Il a renouvelé l’appel de ses pairs au Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il autorise le plus rapidement possible l’envoi d’une force internationale pour aider à la libération du Nord-Mali dont les populations, a-t-il fait remarquer, sont actuellement dans une détresse immense. Il a renouvelé son attachement aux idéaux du Conseil de l’Entente en le justifiant par le fait qu’il a été arrêté le 11 janvier 1997 avec d’autres responsables de l’opposition de son pays et emprisonné à Ouallam puis libéré le 23 du même mois grâce à l’intervention de cette instance. Intervenant à la tribune, le secrétaire exécutif du Conseil de l’Entente, Patrice Kouamé, dira que le Conseil de l’Entente a connu une période de léthargie due à diverses raisons. Mais l’instance, a-t-il révélé, il a posé des actes concrets, notamment dans le domaine du développement économique, actes qui ont marqué la mémoire collective des populations des cinq pays. Reprenant le flambeau au bord de l’océan Atlantique à Cotonou, les chefs d’Etat des pays membres du Conseil de l’Entente ont décidé de faire renaître cette institution en adoptant le 5 décembre 2011, une charte qui amende et complète l’acte constitutif du 29 mai 1959, a-t-il mentionné. Il a ajouté que dans le domaine de la coopération, il est apparu important d’associer, dès le départ, une relation suivie avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui a d’ailleurs signé un accord de partenariat avec le Conseil de l’Entente au cours de ce sommet.

Le président du Faso, Blaise Compaoré, à l’issue du sommet

« Le sommet tenu à Niamey a surtout voulu recadrer nos orientations fondamentales pour retourner à la vision des précurseurs, à savoir que ce regroupement doit, avant tout, être un espace de concertations pour aider davantage à la paix, à l’amitié, pour renforcer les relations politiques entre les peuples de cet espace, de faire en sorte que, à partir d’une vison politique partagée, les pays du Conseil puissent apporter plus à la cohésion, aider les autres, faire en sorte que l’Afrique puisse avancer dans l’unité et dans la solidarité. Si bien qu’ici, nous avions souhaité dans nos orientations, ne pas répliquer ce qui se fait à l’UEMOA, à la CEDEAO en matière de construction économique, mais surtout voir quels sont les espaces dans lesquels ces organisations ne se sont pas investies.

Un espace de dialogue politique

Autrement dit, c’est permettre, surtout à l’avenir, que le Conseil de l’Entente soit avant tout, un espace de dialogue politique, une sorte d’espace du genre MAEP comme on l’a vu avec l’Union africaine, pour que nous puissions échanger sur nos préoccupations nationales, sur les difficultés politiques, sur les impératifs en matière de gouvernance politique et institutionnelle, afin de construire davantage dans nos espaces nationaux des républiques beaucoup plus démocratiques et mieux gouvernées. »

1- Pour le président du Faso, ce sommet a voulu recadrer les orientations fondamentales du Conseil de l’Entente (Ph. DR)

Vu et entendu à Niamey

S’il y a quelque chose qui a attiré l’attention de plus d’un au sommet des chefs d’Etat des pays membres du Conseil de l’Entente, c’est bien le dispositif sécuritaire. De l’aéroport au palais des Congrès où s’est déroulé le sommet, on rencontrait des agents de sécurité armés jusqu’aux dents. Le cortège présidentiel était accompagné d’une armada de sécurité. Pour tout dire, l’on avait l’impression d’être sur un champ de bataille. Mais ce dispositif sécuritaire en valait la peine pour qui connaît le Niger où des terroristes n’hésitent pas à faire des prises d’otages, surtout que des Occidentaux étaient nombreux à ce sommet. Les Nigériens qui aiment les oiseaux de fer se sont bien régalés le 17 décembre 2012. L’avion du président burkinabè a passé près de 40 minutes dans le ciel nigérien sans pouvoir atterrir. La raison : l’avion qui transportait le président ivoirien, Alassane Ouattara, est arrivé à l’heure où celui du président burkinabè devait se poser. Mais comme le dispositif d’accueil ne prévoyait pas une telle situation, il fallait qu’un des chefs d’Etat se patiente, le temps qu’on accueille l’autre. Et c’est le président du Faso qui a fait honneur à son pair ivoirien en restant plus longtemps que prévu dans les airs. Mais cela n’a aucunement entaché la qualité de son accueil. Au contraire, il a été accueilli à 8h 50 (heure GMT) avec tous les honneurs dus à son rang. La diaspora burkinabè s’était fortement mobilisée pour lui réserver un accueil chaleureux à la burkinabè.

Le Niger était-il vraiment prêt pour accueillir les chefs d’Etat des pays membres du Conseil de l’Entente ?

En tout cas, la question mérite d’être posée et ce, au regard du délai de finition de certains travaux. Jusqu’au jour J, l’embellissement de la ville se poursuivait. A certains endroits, la peinture était toujours fraîche. Ce qui laisse penser que le délai a surpris certains ou qu’il y a des gens qui n’ont pas compris que la préparation d’une telle rencontre n’est pas une mince affaire.

Le président Mahamadou Issoufou applaudi à tout rompre

Le président nigérien, serait-on tenté de dire, continue de séduire les Nigériens comme pendant la campagne présidentielle à l’issue de laquelle il a été élu à la tête de l’Etat, il y a déjà plus d’une année. Lorsqu’il s’est levé pour aller prononcer son discours, il a été accompagné par des acclamations bien nourries qui traduisent l’attachement du peuple à sa personne mais surtout à ses idéaux. Quand il a dévoilé l’essence de son programme de société, « les 3N », c’est-à-dire les Nigériens nourrissent les Nigériens, il y a eu un tonnerre d’applaudissements dans la salle.

Dabadi ZOUMBARA

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