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Burkina: Zida, militaire de l’ombre installé au coeur du pouvoir
Publié le mercredi 19 novembre 2014  |  AFP
Transition
© Le Quotidien par Bénéwendé Bidima
Transition : la charte officiellement signée
Dimanche 16 novembre 2014. Ouagadougou. Maison du peuple. Les représentants des forces vives de la nation et de ceux des forces de défense et de sécurité ont signé la charte de la transition au cours d`une cérémonie solennelle. Photo : lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, chef de l``Etat de la transition




Ouagadougou - A peine a-t-il cédé le pouvoir au président intérimaire qu'il revient aux commandes comme Premier ministre: trois semaines après la chute de Blaise Compaoré, et malgré le début de la transition civile, le lieutenant-colonel Zida reste l'homme fort du Burkina
Faso.

"Nous ne sommes pas là pour usurper (...) le pouvoir", déclarait-il début novembre, promettant de rendre "très vite" le pouvoir aux civils. S'il a tenu parole stricto sensu, il apparaît désormais, aux côtés du président intérimaire, le civil Michel Kafando, comme le symbole de l'influence persistante de l'armée au sommet de l'Etat.

Solide gaillard à la fine moustache et aux lunettes sans monture, cet officier protestant de 49 ans était inconnu des Burkinabè avant la crise qui a emporté le président Compaoré le 31 octobre, forcé à fuir sous la pression populaire. Depuis lors, le numéro deux de la garde présidentielle a su se rendre incontournable.

Suspension des conseils municipaux et régionaux, limogeage de deux responsables d'entreprises publiques pour "sabotage": le lieutenant-colonel, avant même sa nomination par décret mercredi, a montré ces dernières heures qu'il entendait continuer de tenir les rênes.

Durant près de trois semaines, ce natif de Yako (centre) formé au Centre
d'entraînement commando de Pô (sud), un lieu stratégique du pouvoir, a exercé
sans complexe les fonctions de chef de l'Etat et donné le rythme de la
transition.
Toujours en uniforme, béret rouge vissé au crâne, c'est lui que viennent
alors voir des chefs d'Etat de la région pour tenter d'obtenir le retrait de
l'armée.
C'est aussi lui qui reçoit les nombreux acteurs de la scène burkinabè,
pilotant les tractations sur la transition et négociant chèrement la place des
militaires dans la future architecture institutionnelle.
Il affiche toutefois une certaine prudence: il établit ses quartiers au
Conseil économique et social, et non dans le palais présidentiel déserté.

- Défi à l'Union africaine -

Mais, s'il donne rapidement des gages de bonne volonté quant à un passage
de flambeau aux civils, il se pose aussi en défenseur de la souveraineté
nationale.
Il défie ainsi l'Union africaine (UA), balayant d'un revers de main
ultimatum et menaces de sanctions.

Le délai de deux semaines fixé par l'UA pour un retour à un pouvoir civil,
"ce n'est pas véritablement une préoccupation pour nous", lance-t-il. "L'UA
peut dire +dans trois jours+, ça n'engage que l'Union africaine".
Dans les heures qui avaient suivi la chute de Compaoré, les hauts gradés de
l'armée avaient préféré Zida au chef d'état-major des armées, le général
Nabéré Honoré Traoré, qui s'était déclaré mais que beaucoup considéraient
comme trop proche de l'ancien président.

Le lieutenant-colonel est, lui, connu pour être un proche du général
Gilbert Diendéré, le chef d'état-major particulier de l'ex-chef de l'Etat.
Officier discipliné, Zida a intégré la garde présidentielle en 1996 et est
respecté de la troupe.
Quand éclate en 2011 une mutinerie qui, déjà, faillit faire tomber le
régime, il est l'un des rares au sein du RSP à être épargné par les mutins,
quand les autres gradés subissent la furie des soldats.

Titulaire d'un master en management international de l'université Jean
Moulin de Lyon (France), il a exercé entre 2008 et 2009 comme Casque bleu au
sein de la Mission onusienne en République démocratique du Congo, avant de
suivre en 2012 une formation antiterroriste en Floride (Etats-Unis).
Durant la crise ivoirienne (2002-2011), il fut un officier de liaison dans
le cadre de la médiation menée par le président Compaoré.

Cet officier discret et calme a semblé au départ soutenu par une partie de
la société civile pour prendre la tête de la transition, avant que celle-ci ne
réclame finalement, avec l'opposition, un pouvoir civil.
Ce n'est qu'au terme du processus de transition, qui doit se conclure par
des élections d'ici novembre 2015, qu'Isaac Zida a dit vouloir retourner dans
sa caserne.
bur-tmo/hba/jlb
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