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Burkina: le nouveau président intérimaire prête serment, promet de gouverner au nom "du peuple"
Publié le mardi 18 novembre 2014  |  AFP
Transition
© aOuaga.com par Séni Dabo
Transition : le président Michel Kafando prête serment
Mardi 18 novembre 2014. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Le président désigné de la transition, Michel Kafando, a prêté serment devant le Conseil constitutionnel qui l`a ensuite investi de ses fonctions de président du Faso et chef de l`Etat par intérim




Ouagadougou - Au terme d’une transition militaire de moins de trois semaines et sans violence, le nouveau chef de l’Etat intérimaire du Burkina Faso, Michel Kafando, a prêté serment mardi, tournant la page, au nom du "peuple", de 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré.

"Je reçois cette charge avec beaucoup d’honneur mais aussi avec beaucoup
d’humilité, l’humilité de quelqu’un qui n’est là que pour une période
transitoire, l’humilité de quelqu’un qui est conscient que le pouvoir qu’il
détient appartient au peuple", a déclaré M. Kafando dans un bref discours lors
de sa cérémonie d’investiture.

L’exercice du pouvoir "ne doit souffrir d’aucun abus, aucun excès", a-t-il
rappelé, le ton grave, en clair référence aux 27 années de règne du président
Blaise Compaoré.

Le président Compaoré a été chassé par la rue le 31 octobre après avoir tenté de réviser la Constitution afin de se maintenir au pouvoir. Les dérives de son clan et la corruption engendrée ont alimenté le ressentiment populaire.

"Notre pays ne saurait être une république bananière", a lancé Michel Kafando, 72 ans, devant plusieurs centaines de personnes, réunies dans la salle des Banquets de Ouaga 2000, un quartier aisé de la capitale où se situe la présidence.

Main droite levée, M. Kafando a juré de "préserver", "respecter", "faire respecter" et "défendre" la Constitution, la charte de transition - qui définit les institutions intérimaires - et la loi, et de "tout mettre en oeuvre pour garantir la justice".

Il s’est adressé au neuf "sages" du Conseil constitutionnel, présents à ses côtés, et qui ont validé publiquement sa nomination décidée lundi par un collège de désignation auquel participaient civils et militaires.

Le lieutenant-colonel Isaac Zida, qui avait pris le pouvoir peu après la fuite de M. Compaoré vers la Côte d’Ivoire, était présent au premier rang mardi, vêtu de son uniforme et portant le béret rouge de la garde présidentielle, dont il est le numéro deux.

Son torse était ceint d’une écharpe aux couleurs du Burkina, après qu’il eut été décoré plus tôt dans la matinée de l’ordre de la Grande croix, la plus haute distinction du pays, accordée uniquement aux chefs d’Etat.

- Le test du Premier ministre -

Les deux hommes se sont donnés l’accolade après le discours de M. Kafando.
M. Zida transmettra symboliquement le pouvoir à son successeur vendredi lors
d’une cérémonie de passation, à laquelle assisteront au moins six chefs d’Etat
(Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo), selon le chef du protocle
de l’armée.

D’ici là, le nouveau président devrait nommer son Premier ministre, le
nouveau gouvernement, ainsi que les 90 membres du Conseil de transition, le
parlement provisoire.

M. Kafando et les nouvelles autorités auront la charge d’organiser des
élections générales d’ici novembre 2015. Selon la charte de transition, il ne
pourra pas lui-même se présenter au scrutin présidentiel.

Figure de la diplomatie nationale, Michel Kafando, 72 ans, a été
ambassadeur de Haute-Volta (l’ancien nom du pays) puis du Burkina Faso auprès
des Nations unies, respectivement en 1981-1982 et 1998-2011.
Il a également été ministre des Affaires étrangères dans plusieurs
gouvernements entre 1982 et 1983.

Homme réservé, de grande taille et aux cheveux légèrement grisonnants, M.
Kafando est peu connu de ses concitoyens, dont certains lui reprochent d’être
trop proche de l’ancien régime. D’autres l’accusent à l’inverse d’avoir été
hostile au défunt président Thomas Sankara, icône du panafricanisme assassiné
en 1987 lors du coup d’Etat qui porta Blaise Compaoré au pouvoir, et dont le
souvenir a inspiré de nombreux jeunes lors des dernières manifestations.
"A partir de la douloureuse expérience que nous venons de vivre, (...) nous
avons les yeux ouverts, la jeunesse burkinabè a les yeux ouverts, les femmes
burkinabè ont les yeux ouverts et plus rien ne sera comme avant s’agissant du
respect scrupuleux de l’ordonnancement politico-juridique de notre pays", a
assuré le chef de la transition.

La transition militaire aura donc duré à peine trois courtes semaines au
Burkina Faso, quand nombre de Burkinabè craignaient un coup d’Etat de l’armée
son maintien au pouvoir.

La France, ancienne puissance coloniale et premier soutien international du
"pays des hommes intègres", se tient "aux côtés du Burkina Faso durant cette
période clé de son histoire", a souligné lundi le chef de l’Etat François
Hollande, qui a félicité Michel Kafando.

L’Union africaine - qui avait lancé un ultimatum le 3 novembre au régime
militaire, lui demandant de valider sous quinze jours ses institutions de
transition et de choisir un président intérimaire - a salué le choix d’une
"personnalité civile" comme chef intérimaire, signe de la "maturité politique"
des Burkinabè.

La Cédéo, l’union économique ouest-africaine, a également félicité leur
"sens des responsabilités".

"Cette transition démocratique est globalement remarquable et peut servir
d’exemple à d’autres pays", soulignait Philippe Hugon, un chercheur français.
La nomination du Premier ministre dans les prochaines heures devrait être
le premier test politique pour M. Kafando, alors que les militaires, et
notamment le lieutenant-colonel Zida, pourraient être tentés de briguer ce
poste pour conserver leur influence sur les nouvelles institutions de
transition.

roh-jf/mw/hba
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