Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Désignation de Michel Kafando à la tête de la transition : Des citoyens burkinabè optimistes
Publié le mardi 18 novembre 2014  |  Le Quotidien
Michel
© Autre presse par DR
Michel Kafando, président de la transition du Burkina




Michel Kafando est la personne consensuelle, désignée, depuis le 16 novembre 2014, par le collège de désignation du président de la transition. Née le 18 août 1942, à Ouagadougou, il a occupé de hautes fonctions diplomatiques en qualité d’ambassadeur et de ministre des Affaires étrangères de la haute volta de 1982 à 1983. Ambassadeur représentant permanent du Burkina auprès des Nations unies de 1998 à 2011 et président du Conseil de sécurité de septembre 2008 à 2009, Michel Kafando était admis à la retraite jusqu’à sa désignation comme président de la transition. Vu comme étant l’homme de la situation, il présidera aux destinées du Burkina jusqu’à la prochaine élection présidentielle, prévue pour novembre 2015. Nous avons promené notre micro dans les artères de la ville de Ouagadougou, le lundi 17 novembre 2014, pour requérir l’avis des Burkinabè quant à leurs attentes par rapport au président de la transition.
Sansan Kambou, conseiller en éducation,
« Nous attendons qu’il prenne en compte la jeunesse qui s’est battue contre cette injustice »
Je suis très satisfait du choix porté sur la personne de Michel Kafando, parce que notre souhait, c’était qu’un civil prenne les rênes du pouvoir jusqu’à la transition. Je ne connaissais ni physiquement ni personnellement le nouveau président, mais j’ai lu sur internet qu’il a un carnet d’adresses assez fourni. Nous attendons qu’il joue un rôle important dans le développement et qu’il prenne en compte la jeunesse qui s’est battue et a lutté contre cette injustice.

Ousmane Drabo, secrétaire principal de l’UFR/LAC,
« Je pense que c’est au pied du mur que l’on reconnait le maçon »
Le peuple a réclamé que le pouvoir revienne aux civils et je crois que nous sommes sur cette lancée. Je suis d’abord satisfait pour cette première étape. Mais pour ce qui concerne la personne de Michel Kafando, je pense que c’est au pied du mur que l’on reconnait le maçon. Sinon, ce tournant constitue un grand espoir pour le peuple burkinabè, car depuis 1966, ce sont les militaires qui ont eu la destinée du pays. Nous attendons de lui qu’il conduise à bon port la transition pour qu’à l’issue de l’année, il y ait une élection transparente, juste et acceptée de tous.

Une citoyenne burkinabè,
« Que ce soit Michel Kafando ou le Pape François, rien ne changera tant que nous resterons un pays arriéré et néo-colonial »
C’est une bonne chose que les autorités de la transition aient compris le besoin de changement de la jeunesse. Concernant le Président, l’unanimité qui s’est dégagée autour de sa personne est assez forte. On connait suffisamment l’homme, parce qu’il a représenté le pays à l’extérieur et il a assumé un certain nombre de charges. Quand il s’agira, à l’issue de la transition, d’aller vers des élections démocratiques, il se posera un problème de système. Qui mettre où, pour faire quoi ? Que ce soit Michel Kafando ou le Pape François, rien ne changera tant que nous resterons un pays arriéré et néo colonial. Il faut un minimum pour le peuple burkinabè. Imaginez une jeune Maman qui a un bébé dont le père n’est pas assez responsable pour s’en occuper. Il faut des crèches pour accueillir les enfants pour que les mamans soient débarrassées de certains soucis pour pouvoir se consacrer à la vie active. On ne peut pas dire aux gens de ne pas se reproduire. Les femmes veulent étudier et on ne peut pas leur dire d’attendre 35 ou 38 ans pour avoir leur doctorat avant de faire un bébé. La solution doit venir du système politique qui doit mettre en place des crèches pour libérer les femmes, afin que celles-ci puissent participer au développement de leur pays. Ceci est valable pour les autres domaines.

Boukaré Ouédraogo, étudiant en géographie
« C’est le choix du Premier ministre que nous attendons »
Je suis satisfait du choix de Michel Kafando, mais c’est le choix du premier ministre que nous attendons. A ce poste, nous souhaitons un civil car si en lieu et place, nous avons un militaire, tout portera à croire que c’est la continuité du régime de Blaise Compaoré. Je ne connais pas Michel Kafando, j’ai seulement appris qu’il a été ambassadeur du Burkina Faso auprès des Nations Unies. J’attends de lui qu’il mène la transition dans de bonnes conditions jusqu’à la tenue, l’année prochaine, des élections.

Mahamadi Rakistaba, étudiant en 2e année d’Anglais
« Il ne s’agit pas seulement de changer d’hommes, mais de changer aussi de système»
Ce serait me jeter à l’eau que de dire que je suis satisfait. Ce que le peuple attend, raison pour laquelle il s’est insurgé, c’est de pouvoir subvenir à ces besoins, qu’il n’arrivait pas à satisfaire avec le régime déchu. Si le nouveau Président arrive à résoudre ces problèmes en jetant un regard sur le côté social, nous pourrons, en ce moment parler de satisfaction. Sinon, de prime abord on ne peut se prononcer. Je n’avais jamais entendu parler de Michel Kafando. Depuis Blaise, il ne s’agit pas seulement de changer d’hommes, mais de changer aussi de système, sinon le problème va perdurer.

Geoffroy Vaha, responsable à l’information adjoint à la télévision Canal 3
« Si en plus, ce civil est un technocrate, tant mieux pour nous »
Je ne peux pas dire si je suis satisfait ou non de la désignation de Michel Kafando à la tête de la transition burkinabè, mais une chose est sûr, tout le monde attendait qu’il y ait une transition civile. Il faut déjà saluer ce fait, d’autant plus que l’homme a été porté à la tête de la transition par consensus des membres du collège de désignation. Ce choix aurait pu se poser sur les autres candidats en lisse parce que tous avaient les compétences requises pour assumer cette mission. Le Burkina comme vous le savez, a connu essentiellement des présidents militaires. Pour cette fois-ci, nous avons voulu qu’un civil préside aux destinées du pays, si en plus, ce civil est un technocrate, tant mieux pour nous. L’homme a des compétences certaines, il est rompu à ce qu’on a comme négociation internationale, il est bilingue et cela constitue un apport précieux. Une petite anecdote, l’homme je l’ai rencontré il y a 2 ou 3 mois à l’aéroport international de Ouagadougou. Ce que je retiens de lui, c’est qu’il est une personne assez humble, effacée et tranquille. Cette rencontre n’était qu’un concours de circonstance mais quand j’ai appris aujourd’hui qu’il avait été désigné, j’étais heureux !
Mickael Tougri, journaliste à Canal 3
« Je n’attends rien du président puisqu’il a un cahier de charge à exécuter »
Il serait un abus pour moi d’affirmer ma satisfaction quant à la désignation de Michel Kafando comme président de la transition car, tous ceux qui étaient en lisse avaient les compétences nécessaires pour gérer cette mission. Ce que nous attendons de l’homme, c’est qu’il puisse arriver à gérer ce dont il a la charge maintenant. Moi particulièrement je n’attends rien du président puisqu’il a un cahier de charge qu’il doit exécuter. Faire rentrer le Burkina parmi les nations dites démocratiques, c’est tous ce que nous lui demandons. Si je puis le dire ainsi, il tient le Burkina entre ses mains, et s’il réussi la transition, le Burkina entrera parmi les grandes nations de démocratie

François Xavier Tiendrébéogo, directeur adjoint de l’administration et de la gestion du siège de UPC
« Qu’il soit l’homme correct à même de pouvoir remettre toutes les structures en place »
Je ne trouve pas d’inconvénient à la désignation de Michel Kafando comme président de la transition. Nous avons eu des répondants dans le collège mis en place à cet effet qui ont fait le travail. Par conséquent, nous ne pouvons qu’être satisfaits de ce choix. Nous attendons du président de la transition qu’il soit l’homme correct, l’homme idéal à même de pouvoir remettre toutes les structures en place. Et ce, en vue de nous permettre d’aller aux élections en 2015.

Albert Nacoulma, secrétaire national adjoint chargé de la jeunesse à l’UNIR/PS
« Il ne faut pas que le peuple ait l’impression qu’on a changé les individus, mais pas le fond »
La désignation de Michel Kafando à la tête de la transition est une bonne chose d’autant plus qu’il a été choisi par consensus. Avec cette désignation, le peuple burkinabè vient, encore une fois, prouver sa maturité politique. Malgré nos divergences politiques, nous nous sommes assis pour édifier quelques chose de grand pour la démocratie dans notre pays. Je souhaite que le nouveau président soit un président patriote parce que le peuple a suffisamment souffert pendant ces 27 dernières années. Il ne faut pas que le peuple, à un moment de la transition, ait l’impression qu’on a changé les individus mais pas le fond. Le parcours de Michel Kafando, démontre qu’il a eu à collaborer avec l’ancien régime, il a été nommé par lui comme ambassadeur du Burkina aux Nations Unies. De prime à bord d’aucuns penseront qu’il pourrait être partial. Mais, à mon sens, il faut aller au-delà de ces considérations pour voir l’intérêt du peuple burkinabè. Il ne faut pas perdre de vue que tous ceux qui ont composé avec l’ancien président ne sont pas tous de mauvaise personnes. Le président de la transition doit travailler à inclure toutes les couches de la société burkinabè afin que la transition ait de bons fondements pour l’alternance en 2015. Toutes les catégories de personnes doivent être associées à la transition. Aussi, doit-il, travailler en étroite collaboration avec la communauté internationale. Nous sommes dans un monde planétaire, et avec l’avantage qu’il a d’avoir un carnet d’adresses international, il devrait porter haut le flambeau du Burkina à l’étranger. Pour terminer, j’attends de lui qu’il soit un homme de parole. Que ce qu’il fera pendant cette transition, ne trahisse pas ses dires d’aujourd’hui parce que le Burkinabè est connu pour son intégrité et pour son respect de la parole donnée

Hervé Ouattara, président du CAR
« Nous croyons en l’homme jusqu’à preuve du contraire»
En tant que membre du collège de désignation du président de la transition, je puis dire que je suis satisfait de la désignation de Michel Kafando comme président de la transition. J’ai moi-même porté ma voix pour sa nomination parce que c’est un homme averti des questions internationales, et qui a des propositions à faire pour le bien-être de nos populations. Dans ses propos, le nouveau président a attiré notre attention car il promet de s’attaquer, entre autres, à l’injustice et à la corruption. Il promet travailler à inscrire le Burkina dans le concert des nations démocratiques a travers l’organisation d’élections démocratiques en 2015. L’homme a affirmé avoir en vue, la lutte contre les crimes de sang et les crimes économiques. Nous ne pouvions attendre mieux que cela car, ces actions répondent aux aspirations des jeunes qui ont lutté au prix de leur sang pour le changement au Burkina. Nous croyons en l’homme jusqu’à preuve du contraire car il a tout ce qu’il faut pour réussir la mission à lui confié.

Julius Bambara, citoyen
« Qu’il s’entoure de personnes dignes»
J’ai parcouru un peu les journaux ce matin et je vois que le Président désigné pour la transition a un bon CV. Nous espérons qu’il sera aussi bon dans la pratique. Nous attendons de lui des réformes profondes qui vont permettre dans un premier temps de séparer les pouvoirs afin de permettre à chaque corps d’être professionnel. Nous souhaitons qu’on laisse les juristes faire leur travail, les politiciens faire leur travail ainsi que la société civile. C’est vrai que ceux qui assumeront cette transition ne pourront faire des miracles mais s’il y a des réformes profondes, peut-être que, d’ici à 10 ans, nous allons pouvoir sortir de cette situation de pauvreté extrême. Je ne connais pas personnellement Michel Kafando, mais vu son CV, je pense qu’il remplit les critères techniques pour occuper le poste. Mais il n’y a pas que les critères techniques, il y a aussi les critères pratiques. Nous lui souhaitons bon vent et qu’il s’entoure de personnes dignes, sincères démocrates et intègres afin que l’on puisse sortir de cette situation.

Joseph Ouédraogo, membre du CFOP
« Nous souhaitons qu’il applique les textes de la Charte à la lettre »
Le collège de désignation a fait un bon choix étant donné que l’homme est neutre. Je ne le connais pas tellement, mais je pense que c’est un homme qui peut faire l’affaire durant un an. A partie du moment qu’il a été délégué pour suivre la transition, il ne peut faire autrement que ce que disent les textes et nous souhaitons qu’il les applique à la lettre.

Ibrahim Koné, secrétaire général du PDS/METBA
« Ce qui est urgent, c’est de commencer par les problèmes d’aspiration du peuple burkinabè »
Je pense que c’est un consensus qui s’est dégagé. Nous avons désigné à l’unanimité un collège de désignation composé de 23 membres. Ce collège avait toute notre confiance. Dans tous les cas il n’y a pas eu d’opposition ferme à la nomination de Michel Kafando. Nous sommes vraiment satisfaits de ce consensus. En ce qui concerne l’homme, je le connais personnellement parce que j’ai eu à travailler avec lui en tant que ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et lui était ministre des Affaires étrangères. A mon avis il a les compétences et l’expérience requises. Je pense que Michel Kafando peut valablement conduire la transition à bon terme. Nos attentes sont des attentes de tout un peuple. Vu les dégâts qu’a causés l’insurrection, il ya beaucoup de problèmes à résoudre. Ce qui est urgent c’est de commencer par les problèmes d’aspiration du peuple burkinabè, à savoir la bonne gouvernance et la justice qui sont des mots clés. Mais il faut rappeler que l’objectif principal de ce gouvernement sera l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques. On ne peut pas tout faire pendant cette période transitoire, mais s’il ya des pistes de solutions je crois que le gouvernement qui sera mis en place à l’issue des élections pourra s’atteler à résoudre ces problèmes.

Simon Pierre Doamba, militant de l’UPC
« Qu’il prenne en compte le cri de la jeunesse»
C’est un homme que je ne connais pas bien mais vu son profil, il est pétri d’expériences internationales et de ce fait sera capable d’apporter un souffle nouveau au Burkina Faso. Il reste maintenant à composer un gouvernement qui pourra travailler afin de permettre les élections de 2015. Nous désirons que le gouvernement qu’il va mettre en place puisse continuer le chantier que le président Blaise Compaoré avait commencé. Qu’il corrige ce qui est mal fait et améliore ce qui est déjà fait afin qu’on continue à trouver un meilleur avenir pour le Burkina Faso. Nous désirons également qu’il prenne en compte le cri de la jeunesse car, ce sont les jeunes qui se sont levés pour qu’aujourd’hui on parle de changement. Il faut que dans les prises de décisions, on puisse intégrer les différentes couches, aussi bien la jeunesse que les femmes

Harouna Nana surveillant
à l’UFR/LAC,
« Que le Président de la transition applique la Charte »
On a appris ce matin que le nouveau Président par intérim de la transition se nomme Michel Kafando. Personnellement je ne le connais pas mais j’aurai appris que c’est un diplomate et il est âgé de 72 ans. Nous attendons qu’il applique la charte afin que l’on aboutisse à des élections libres et transparentes
.
Charlotte Diallo, étudiante en lettres modernes
« Nous souhaitons qu’il pose un regard sur le système LMD »
Personnellement je ne le connais pas. C’est la première fois que j’entends parler de lui. Vu que le consensus s’est dégagé autour de lui, j’ose croire qu’il sera à même d’assumer la transition. Je souhaite dans un premier temps qu’il puisse gérer cette transition, qu’il y ait la paix afin d’aboutir à des élections libres et transparentes. Ma seconde préoccupation va en l’endroit des étudiants. Nous sommes dans un système LMD qui pèse lourd sur nous. Vous avez constaté le blanchissement technique que les gens ne comprennent pas ainsi que le système LMD. Nous souhaitons qu’il pose un regard sur ces systèmes qui nous ont beaucoup retardés.

Estelle Garané, étudiante en 3è année de géographie
« Je me suis rendue compte que c’est le choix de l’armée »
Je ne connais pas Michel Kafando personnellement. Mais j’aurai appris que c’est un diplomate et qu’il était ambassadeur au niveau des Nations Unies. A travers les échanges et les informations, je me suis rendue compte que c’est le choix de l’armée et pourquoi pas celui de l’impérialisme. En ce qui me concerne, je me demande s’il pourra faire l’affaire des Burkinabè. Si les gens sont sortis, c’est parce qu’ils ont des préoccupations. On se demande s’il pourra répondre à nos aspirations. C’est vrai que je ne le connais pas trop, mais ayant été choisi par l’impérialisme, cela signifie qu’il a un objectif bien précis. Nous souhaitons qu’il prenne en compte les questions de santé, d’éducation d’alimentation, de logement et même de l’impunité qui se posent. Depuis les années 1998, avec la mort de Norbert Zongo, on voit que les gens n’ont plus confiance à une institution au Burkina, partant au régime Compaoré. C’est cela qui a motivé les gens à la non révision de l’article 37. A mon avis s’il veut plaire au peuple burkinabè, il doit d’abord s’attaquer à ces questions.

Hervé Koala, étudiant en philosophie
«Le changement auquel nous
aspirons, ce n’est pas celui
des individus »
Je pense que le peuple attend concrètement du nouveau président la résolution de leur problème, à savoir le problème de misère et de souffrance dans lequel nous pataugeons depuis des années. Aujourd’hui, il y a des dossiers de crimes de sang, d’économie qui sont déposés dans des tiroirs et qui attendent d’être jugés. Si ce monsieur est capable de les rouvrir, il est le bienvenu. Dans le cas contraire, je pense qu’il y a un problème. Aujourd’hui, on parle aussi de la charte qui, à mon avis, n’est pas consensuelle. Le constat que l’on fait, c’est que des gens se sont groupés dans une maison, ont élaborés des lois et les ont mis à la portée de quelques groupes. Moi, je pense que ce qui sied d’être posé ici, c’est la question du changement dans le fond. Il ne faut pas changer, parce qu’il faut changer. Le changement auquel nous aspirons, ce n’est pas celui des individus. C’est le changement du système dans lequel nous pataugeons. Ce système a travaillé à créer la misère au Burkina Faso, en témoigne les crimes de sang, les injustices et cela continue de se perpétuer. Aujourd’hui le peuple burkinabè vient de faire un pas, il vient de sauter dans de l’eau chaude et nous devons sauter encore pour pouvoir mieux nous en sortir.

Marthe Honorine Bationo, étudiante en lettres modernes
« J’espère qu’il ne va pas aussi s’agripper au pouvoir»
Concernant notre nouveau président, personnellement je ne le connais pas, ni entendu parler de lui. Mais j’espère qu’il pourra gérer le pays en attendant l’élection d’un nouveau président démocratiquement élu. J’aimerais qu’il s’occupe beaucoup plus des dossiers brûlants de cette période de révolte, notamment les crimes commis par le frère de l’ex-président et l’ex-président lui-même. Aussi, j’espère qu’il ne va pas s’agripper au pouvoir et ne plus vouloir partir.

Issouf Belem, étudiant à l’Université de Ouagadougou,
« C’est un processus révolutionnaire donc la population doit poursuivre »
Dire que je suis satisfait du choix porté sur la personne de Michel Kafando pour assurer la transition, c’est trop dire parce que je n’ai pas été consulté. Et puis, il faut savoir que c’est une insurrection populaire, c’est le public qui est sorti pour manifester son mécontentement face à un système et la lutte a été récupérée par les militaires. De mon point de vue, jusqu’à présent c’est un coup d’Etat qui a été opéré même si les militaires quittent officiellement le pouvoir et laissent la place à un civil. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un pouvoir qui sera géré par le peuple. Dans les discours qui ont été prononcés le jour de la signature de la transition, en aucun cas, on a fait cas de la justice à l’endroit des victimes tombés sous le régime Compaoré. Ils n’ont pas mentionné que justice sera rendue sur tout ce que le pouvoir de la IV République a pu poser comme acte. Donc, moi je ne me reconnais pas dans ce pouvoir. Pour moi, c’est un processus révolutionnaire donc la population doit poursuivre la mobilisation pour bouter hors de nos cieux tous ceux qui ont récupéré cette lutte et tentent de parler au nom du peuple.

Boulkindi Coulidiaty, enseignant au département de Lettres modernes
« Il ne faut pas prendre Michel Kafando comme un devin »
Avant tout, il faut reconnaître que le plus dur est derrière nous. Je pense qu’il ne faut pas prendre Michel Kafando comme un devin, parce qu’il n’est pas venu pour sauver une situation. Il est venu pour régulariser une situation. les Burkinabè sont conscients qu’ils ont déjà abattu le gros boulot, le régime Compaoré a pris fin. Ce qui reste, c’est la chose la plus facile. Michel Kafando n’est pas quelqu’un de très connu. On l’a sorti du bois, parce que depuis un certain temps il n’était plus actif sur la scène politique nationale. Par conséquent ce n’est pas quelqu’un qui est venu comme en RCA pour gérer une situation de crise profonde. Là, il s’agit d’une transition qui du moins est apaisée donc, je pense qu’il n’y aura aucun problème. A partir du moment où Blaise Compaoré est parti du pouvoir, la transition n’aura aucun problème. Je souhaite plein courage à ce nouveau président de la transition. Je ne le connais pas physiquement si ce n’est qu’à travers les médias et son nom. Mais je lui souhaite beaucoup d’humilité et de courage et qu’il sache que le peuple burkinabè est derrière lui. je sais aussi que sa mission ne sera pas des plus difficiles à accomplir. Il faut que les gens sachent qu’il n’est pas un président démocratiquement élu qui est venu avec un programme. Il est juste venu pour assurer la transition, donc cela m’étonnerait qu’il ait un programme donné. J’ai entendu dire qu’il veut mettre un dossier sur le tapis, un dossier comme celui de Guiro. Je pense que juridiquement ce n’est pas le moment pour lui de mettre sur le tapis des dossiers juridiques. Mes attentes, c’est qu’il soit humble, qu’il n’ait pas de partis pris et qu’il gère cette transition avec la plus grande sagesse. La plaie ouverte par le régime mort de Blaise Compaoré est toujours là et les gens sont toujours attentifs. S’il n’est pas habité par l’esprit de sagesse, il risque de froisser les cœurs et cela peut lui compliquer la tâche. Il marche comme sur des yeux tout en ayant une tâche qui n’est pas du tout difficile. C’est à lui de savoir gérer.

Abraham Nignan, président du RPF

« Il sera beaucoup plus au service des gens qui l’ont désigné plutôt que de la population »
C’est trop tôt de donner mes impressions quant au choix porté sur la personne de Michel Kafando pour assurer la transition. Mais, il faut savoir qu’on ne désigne pas un président. Un président, doit démocratiquement être élu. Je ne sais pas donc sur quel critère, ces gens se sont basés pour le désigner. Je pense qu’il sera beaucoup plus au service de ces gens qui l’ont désigné plutôt qu’au service de la population. Personnellement je ne le connais pas, mais j’ai été déçu par rapport aux personnes qui l’ont choisi, parce que cette révolution, c’est pour les jeunes. Aller chercher quelqu’un que l’Etat a remis à ses parents pour diriger ce pays, vraiment, je suis déçu. On dit souvent qu’il faut avoir de l’expérience pour diriger une institution. Ce monsieur a de l’expérience, certes, mais il n’a pas l’expérience pour diriger un pays. Son expérience, c’est une expérience de diplomatie. Je suis déçu de voir que les jeunes se sont battus pour qu’au finish, le pouvoir soit remis entre les mains d’une personne aussi âgée. Je suis très déçu du choix porté sur la personne. Aussi, n’oubliez pas que ce monsieur doit tout au président Blaise Compaoré. Mais je vais attendre de voir, parce que si c’est Michel Kafando, il est trop tôt de l’apprécier positivement ou négativement. Donc, on attend de voir par rapport à la formation de son gouvernement. Après cela on pourra tirer des conclusions. Si c’est pour récompenser ceux qui l’ont désigné, nous allons taper sur la table. Nombreux sont ceux qui attendent que le Burkina Faso sorte de cette crise. Sinon, moi je n’attends rien de lui. Si ça ne tenait qu’à moi, c’est un jeune de 25 ans qu’on allait porter à la tête de cette transition. J’attends seulement l’élection présidentielle.

Lookman Sawadogo, directeur de publication du journal Le Soir

« Il correspond à la vision que tout un chacun avait par rapport à cette transition»
Je ne connais pas Michel Kafando en tant que tel, mais je peux m’en tenir à sa carrière, à son profil et je fais aussi confiance au collège de sage qui l’a choisi sur la base des critères qui sont sur la charte. De ce point de vue, je peux partir sur le principe que c’est une personnalité qui est consensuelle, une personnalité qui a des qualités et des valeurs requises. Je sais aussi qu’il fût ambassadeur au niveau des Nations unies, ministre des Affaires étrangères. La grande satisfaction est qu’il correspond à la vision que tout un chacun avait par rapport à cette transition, à savoir que le président soit civil. On se dit que c’est un avantage, parce que déjà le courroux des institutions internationales, sous régionales et continentales va un tant soit peu nous libérer et nous pourrons renouer avec nos partenaires et avancer dans le développement. De l’autre côté aussi, du moment où il est civil, on se dit qu’il sera à l’écoute du processus politique avec une vision du civil. Cela nous permet d’espérer, parce qu’on avait peur que ce soit les militaires qui confisquent le pouvoir comme cela a été le cas dans certains pays où c’est la junte militaire qui a assuré la transition et qui a été calamiteuse. Donc, on se dit qu’avec une personnalité de cette envergure, le cheminement peut être meilleur pour que la transition aille à sa fin et qu’on aboutisse à des élections ouvertes, transparentes et démocratiques. J’attends de Michel Kafando, qu’il soit indépendant. On sait que c’est une personnalité qui a été choisie sur la liste proposée par les militaires, donc on souhaiterait qu’il y ait des coudes franches et cela passe par son indépendance, son intégrité au cas où ceux qui l’ont porté à la tête de la transition veuillent lui donner des indications qui n’entre pas forcément dans le processus juridique. Je pense qu’il gagnerait à être une personne de caractère et à être aussi à l’écoute de tout le monde, parce que c’est un processus consensuel. Il ne faut pas que la transition soit portée vers un côté contre un autre côté. Donc je crois qu’il doit viser l’intérêt général et faire en sorte que la charte soit respectée dans l’esprit comme dans la lettre. Pour cela il faut qu’il soit un homme de rassemblement et d’écoute, un homme qui a de la prospective pour qu’on puisse véritablement avancer.

Modeste Conombo, journaliste à Canal3
« Je pense que le mieux c’est de lui faire confiance »
On ne peut pas d’emblée dire qu’on est satisfait. Je pense qu’il faut attendre de le voir d’abord à l’œuvre, parce que les missions à lui confier sont énormes. Certainement lui-même ne peut pas nous dire s’il pourra conduire efficacement cette transition. Nous attendons de le voir à l’œuvre. Le mieux c’est de lui faire confiance et d’attendre tout simplement l’artisan au pied du mur. Tout le monde attend qu’il réussisse la transition, qu’il conduise le bateau à bon port, c’est-à-dire que dans une année maximum, nous puissions aller à une élection présidentielle comme prévue et qu’il n’y ait pas de chasses aux sorcières. Je pense qu’on a le temps de revenir sur les vieux dossiers et réussir notre vie sans Blaise Compaoré.


Par Clémence ZINABA, Franceline KABRE, et Ramatou OUEDRAOGO (stagiaire)
Commentaires