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Insurrection populaire du 30 octobre 2014 :Zoom sur les pertes de la famille de l’ex-ministre de la Communication
Publié le mardi 18 novembre 2014  |  Le Quotidien




L’insurrection populaire du 30 octobre qui a occasionné la démission de Blaise Compaoré, désormais ancien président du Burkina, a causé d’énormes dégâts. Porte-parole du gouvernement dissout, souvent qualifié de « griot du gouvernement », le natif de Kiribina, Alain Edouard Traoré, a payé un lourd tribut dans cette crise. De Kiribina, son village natal, à Banfora, en passant par Bobo-Dioulasso, ses biens, ainsi que ceux de sa famille, n’ont pas été épargnés par les manifestants.
Samedi 15 octobre 2014, à 9 h, nous embarquons dans un car de transport en commun en direction de Banfora pour constater de visu les dégâts perpétrés au domicile familial de l’ex-porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, lors de l’insurrection populaire du 30 octobre dernier. Après une heure trente minutes de route, nous foulons le sol de la Cité du paysan noir. Nous pouvons alors nous rendre à Kiribina, village natal de l’ex-ministre, situé derrière une zone marécageuse, à quelques encablures de Banfora, au bord du nouveau goudron du MCA qui mène à Sindou, chef-lieu de la province de la Léraba. A Kiribina, pas besoin de renseignements. Jadis, la cour dénommée « Résidence Paul Sibiry Traoré », qui attirait la curiosité des usagers de la route de Sindou tant elle était splendide, est aujourd’hui méconnaissable. Noircie par la fumée, délabrée, la résidence, la « Résidence Paul Sibiry Traoré » présente un bien triste visage. A côté des débris de la résidence, sous un manguier, près d’une voiture blanche, sont assis trois hommes et deux femmes. Le visage crispé, ces derniers manipulent leurs téléphones portables. Un peu plus loin, se trouve un homme, cigarette en main. Nous l’approchons pour avoir quelques informations. En indexant l’une des deux femmes, il nous lance ceci : « Adressez-vous à celle-là. C’est la grande sœur au ministre ».

Une cour datant de 1960 totalement saccagée

Approchée, celle-ci n’entend pas « polémiquer » autour de ce qui est arrivé à la résidence, qualifiée de « maison familiale ». « Si c’est pour constater, vous pouvez rentrer voir vous-mêmes. Il n’y a rien dedans. J’espère que je n’aurai pas à répondre à des questions parce que pour l’heure, nous sommes sous le choc et personne n’est disposé à polémiquer autour de ça » insiste-t-elle. Dans la résidence, rien n’est récupérable. D’ailleurs, rien n’y a été récupéré. Tout le contenu de la maison a été réduit en cendres. Après quelques prises de vue, nous sommes de nouveau à elle. Elle campe sur sa position. Toutefois, elle ne peut s’empêcher de nous dire ce qu’elle ressent. Indiquant la maison de l’index gauche, après un soupir, elle dit : « Vous voyez cette maison ? Elle a été construite en 1960 par notre défunt père Paul Sibiry Traoré. Il est décédé en 1970. C’est dire que ce n’est pas la cour au ministre. Nous l’avons réhabilité pour en faire une maison de vacances des enfants de la famille. Quand nous venons en vacances au pays, c’est ici que nous logeons. C’est vraiment dommage ». La voix tremblante, elle s’efforce de contenir ses larmes. Après avoir saccagé la maison familiale de l’ex-ministre de la Communication dans son village natal, les manifestants se sont- rendus au secteur n°8 de Banfora pour saccager le siège du Réseau citoyenneté développement des Cascades (RECIDEC) dont le ministre serait l’instigateur. Mais, comparativement à la résidence, ce local a au moins échappé aux flammes.

Cap sur Bobo-Dioulasso

De retour de Banfora, cap au secteur n°9 (quartier Accart-ville) de Bobo-Dioulasso où se trouve une cour familiale de l’ex-ministre. Là aussi, le constat est plus qu’amer. Situé non loin du Boulevard de l’indépendance (ex-Boulevard de la révolution), le domicile se démarque des autres de par son état de délabrement. Comparativement à Banfora où des membres de la famille sont trouvés sur place, à Sya, il n’y a personne. Devant la cour est stationnée une vieille voiturette blanche. A l’intérieur, c’est le comble. Tout a été réduit en cendres. Même les manguiers de la cour n’ont pas été épargnés par le feu. Aux alentours du domicile, difficile d’avoir quelqu’un qui puisse dire quelque chose le concernant. Pas même les voisins. Néanmoins, juste à côté, assis sur une chaise, un octogénaire semble ne pas cautionner les agissements de ceux qui ont saccagé les biens privés. « Quand on construisait cette maison, Alain ne savait même pas qu’il allait devenir ministre. Pourquoi venir s’en prendre à d’honnêtes citoyens tout simplement parce qu’ils ont des parents ministres ? C’est vraiment regrettable » s’indigne-t-il. « Si c’est comme ça la politique, je me demande où on va » regrette-t-il. De Kiribina à Banfora en passant par Bobo-Dioulasso pour rejoindre Ouagadougou, l’ex-ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement déchu, a perdu gros dans cette crise.


Par Mady BAZIE
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