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Métier de sage-femme : un sacerdoce souvent incompris
Publié le mardi 18 novembre 2014  |  Sidwaya




La sage-femme offre des services pour la promotion de la santé de la mère et de l’enfant. Elle suit les femmes, de la grossesse jusqu’à l’accouchement. Cependant, ce personnel de santé fait l’objet de plusieurs incriminations dans les formations sanitaires publiques. Mauvais accueil, injures, maltraitance, sont, entre autres, des faits qui lui sont reprochés. Comment comprendre ce désamour entre la sage-femme et les patientes.

Maternité Pogbi, sis à l’arrondissement n°2 de Ouagadougou. Rachel Tiendrebéogo vient de mettre au monde son deuxième bébé de 3,250 kg, ce mardi 14 octobre 2014. Elle a été assistée par la sage-femme, Possibo Doumi et son équipe.
Un soulagement pour toute l’équipe, et une grande satisfaction pour la mère. Aider à donner naissance, Mme Doumi l’a fait plusieurs fois à ses heures de service, depuis 20 ans. Après cette énième «mission bien accomplie», elle confie : «C’est un sentiment de joie, de satisfaction et de soulagement à chaque fois que je mène à bien un accouchement, c’est-à-dire quand maman et bébé s’en sortent bien». Eh oui ! Car, il arrive quelquefois que l’accouchement se passe mal. Dans ce cas, la plupart du temps, une coupable est vite trouvée : c’est l’équipe de «sauvetage» avec en premier rang, la sage-femme (SF). C’est l’occasion de faire table rase de toutes ses bonnes actions antérieures au profit de celles qu’on qualifie de mauvaises, regrette Mme Doumi. D’où l’origine de certaines accusations ou d’incompréhensions dont sont victimes ou subissent la plupart des sages-femmes. A entendre Mamadi Sawadogo, chauffeur habitant à Pissy, ces accusations sont souvent fondées : «moi-même, j’ai été témoin des agissements d’une sage-femme, il y a de cela quelques mois. Elle a mal accueilli une vielle femme qui a accompagné sa belle-fille qui devait accoucher. Elle les a laissées traîner et l’enfant a failli sortir à même le sol devant tout le monde». Alimata Simporé enchaîne : «Quand vous allez à la maternité, les dames ne sont pas pressées de vous accueillir. Elles sont assises, soit en train de regarder la télé, soit de bavarder en ignorant les patientes. Alors que l’enfant ne choisit pas un endroit avant de sortir». Quant à Anne Zoungrana, couturière de son état, elle condamne les sages-femmes qui sont auteurs de maltraitance des femmes en couche. «J’ai entendu dire qu’elles giflent, insultent.

Les raisons de cette incompréhension

Si, cela est vrai, les coupables doivent être dénoncées et punies», a-t-elle suggéré. Pour éviter de vivres ces calvaires Farida Boro, une jeune fille de 23 ans, a déjà opté pour une clinique privée quand elle sera enceinte. Elle a toujours en mémoire la fausse couche de sa tante. Elle accuse les sages-femmes de ne l’avoir pas référée pour une césarienne.
La présidente de l’Association burkinabè des sages-femmes et maïeuticiens, Mariam Nonguierma explique qu’on ne peut assurer la présence d’une sage-femme auprès de chaque parturiente, même si elle comprend le besoin. Avec le nombre insuffisant de sages-femmes qui sont moins de 3000 présentement au Burkina Faso, il serait utopique d’envisager cela. Avec plus de 16 millions d’habitants, il n’y a donc pas une sage-femme pour 5 000 habitants pour être dans la norme. En plus de cette donne indépendante de leur volonté, les mauvaises conditions de travail des sages-femmes se déteignent sur les patientes et aggravent l’angoisse des parturientes. Elle reconnaît toutefois qu’il existe dans le corps, des brebis galeuses car, beaucoup ne viennent pas dans le métier par vocation. Mais défend-t-elle, les sages-femmes font de leur mieux. «Même si la bonne volonté y est, le fait d’être submergé par les sollicitations finit par nous faire craquer. Il faut dire aussi que là où il y a le sang, il y a le stress. Et là où il y a le sang, il y a la mort qui côtoie. Il y a des frustrations», justifie-t-elle.

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Cet argument ne semble pas totalement convaincre la présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes/maïeuticiens du Burkina Faso (CNOSF/MBF), Brigitte Thiombiano. Après plus de 45 ans d’expérience, cette doyenne a son avis sur la question :«Les rapports actuels décriés entre les sages-femmes et les futures mères n’étaient pas courants de par le passé. Le métier de SF est un métier d’amour. Lorsqu’on travaille sur la mère de l’humanité, qu’est la femme, il faut de la tolérance, du dévouement, de la disponibilité, de la patience…». C’est grâce à ces qualités qu’elle est arrivée, raconte-t-elle, à semer la joie dans de nombreuses familles depuis plus de 4 décennies de carrière. Selon elle, le métier de sage-femme a pris aujourd’hui un grand coup : «Ceux qui viennent par amour sont peu nombreux par rapport à ceux qui embrassent la profession par calcul pour faire des affaires». Au lieu de recevoir des lauriers, les plus dévoués se trouvent marginalisés, pas promus et découragés, dénonce-t-elle. Mais reconnaît tout de même que les conditions de travail des SF sont à revoir. «Ce métier donne l’occasion à la population de s’en prendre à nous, en oubliant que nous sommes là pour l’aider», déplore Mme Doumi.

Y a-t-il inadéquation entre formation et pratique ?

Selon le chef de service de formation des sages-femmes de l’Ecole nationale de santé publique de Ouagadougou (ENSP), Laurentine Barry, tout est mis en œuvre au cours de la formation pour éviter ces couacs. «Nous essayons à notre niveau de leur inculquer un meilleur comportement. Ce métier est sensible et les praticiennes devraient travailler à maintenir une bonne relation avec les patientes». C’est pourquoi, le cours de déontologie qui leur est dispensé met l’accent sur les relations soignants-soignés, les responsabilités de la SF envers ses clientes, la population, ses collègues etc. Plusieurs modules dont la gynéco-obstétricale, la communication, la psychologie… sont enseignées pour permettre une bonne compréhension entre la sage-femme et la population. Elle pense aussi que l’Ordre des sages-femmes doit travailler à discipliner ses membres.
Pour pallier à l’insuffisance de personnel de santé qualifié, des structures privées forment des sages-femmes. C’est le cas de l’Ecole de santé Sainte Edwige, sise au quartier Cissin de Ouagadougou. Le chef de service formation des sages-femmes, Françoise Zoungrana/Minoungou indique que les élèves suivent une formation de trois années au cours desquelles, elles apprennent comment se comporter avec les patients notamment les femmes enceintes. « Le cours de déontologie qui leur est dispensé sert à leur inculquer la culture du secret professionnel, l’empathie, le respect de l’être humain». Sur la question de ce désamour entre les sage-femmes et les citoyens, Mme Zoungrana pense que la poire doit être divisée en deux. «Si parfois elle lève le ton, je crois que c’est pour sauver la vie de la mère et de l’enfant. A tous les niveaux, il faut de la sensibilisation, c’est-à-dire du public et du personnel soignant», suggère-t-elle. La major de la promotion 2014 des Sages-femmes de cette école, Hatamou Odile Zoumbara s’est dite consciente des difficultés du métier, et se dit prête à affronter le travail et les réactions de la population. «Je m’occuperai des patientes sans distinction de rang social en comptant bien sûr sur l’indulgence et la tolérance des citoyens». Car dit-elle, nul n’est infaillible.

La nécessité de sensibiliser


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Selon Mme Nonguierma, il faut passer par la sensibilisation. «Nous saisissons toutes les occasions qui nous sont offertes pour sensibiliser». Le 5 mai de chaque année, journée internationale des sages-femmes, les visites dans les cellules, des tournées de sensibilisation dans les provinces, des rencontres périodiques… sont autant d’actions entreprises par l’association. Selon elle, il y a de l’espoir que les choses s’améliorent grâce aux efforts conjugués de l’Etat et des SF, elles-mêmes. Dans cette optique, la présidente souhaite que la SF soit comprise, acceptée par les populations qu’elle aide. «Je lance un appel à la population de nous aider à les aider». Nous allons lutter à extirper de notre milieu, celles qui ne sont pas venues par vocation», précise-t-elle.
Quant à la présidente du CNOSF/MBF, Brigitte Thiombiano, elle pense que l’amélioration du climat malsain entre les patientes et les sages-femmes doit passer par le renforcement de la sensibilisation, l’information, la formation etc. Elle affirme avoir constaté une pléthore de personnel à encadrer sur le terrain. Ce qui va forcément jouer négativement sur la qualité du service rendu.
Selon des citoyens, comme Lassané Nikiéma, comptable, il est impératif que certaines sages-femmes revoient leur comportement. Sinon, des contrôles inopinés dans les maternités par l’Ordre doivent être envisagés en vue de prendre des sanctions. Par contre, d’autres comme, Seydou Lankoandé, agents de santé, pensent que ce sont les conditions de travail que l’on doit revoir. «Construire et équiper des maternités, rénover celles qui existent déjà, recruter le personnel», a-t-il suggéré.
Le rapport Sowmy 2014, un outil de plaidoyer pour le renforcement de la profession de la sage-femme a une vision élargie de la profession de sage-femme. Selon ce rapport, la pratique de sage-femme, composante-clé des Soins de santé sexuelle, reproductive, maternelle et du nouveau-né (SSRMN) est définie comme suit : «Les services de santé et les personnels de santé nécessaires pour offrir des appuis et des soins aux femmes et aux nouveau-nés, y inclus dans les domaines de la santé sexuelle et reproductive, en particulier durant la grossesse, lors de l’accouchement et durant la période post-natale». Une telle définition ne permet-elle pas de décharger la sage-femme ?


Habibata WARA

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Origine et définition de sage-femme

L’origine du mot sage-femme remonterait à la Grèce antique où on parlait de maïeutique, ou l’art d’accoucher, qui avec le temps et sous l’influence de Socrate, a fini par désigner un mode d’échange philosophique. Dans sage-femme, le mot sage est dérivé de sapiens (la connaissance, l’expérience, sources de sagesse) et le mot femme fait référence à la femme qui a pour métier (du fait de son expérience et donc de ses connaissances) d’accoucher les autres. Et pourtant l’origine exacte du mot composé reste contestée par certains. Certaines sources prétendent, en effet, que l’expression se réfère non pas à la praticienne mais à la parturiente : lorsque la femme allait accoucher, on considérait jadis qu’elle était à l’orée d’un nouveau savoir et que l’acte de mettre au monde constituait en soi la frontière vers cette connaissance. Une autre position est celle d’appliquer le terme à la praticienne elle-même, c’est d’ailleurs la seule retenue de nos jours puisqu’elle désigne une profession. Un autre terme est parfois utilisé pour les hommes : maïeuticien, dérivé de maïeutique, qui signifie l’art d’accoucher. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit sage-femme ou maïeuticien comme suit : «Une personne qui a suivi un programme de formation reconnu dans son pays, a réussi avec succès les études afférentes et a acquis les qualifications nécessaires pour être reconnue ou licenciée en tant que sage-femme. Elle doit être en mesure de donner la supervision, les soins et les conseils à la femme enceinte, en travail et en période post-partum, d’aider lors d’accouchement sous sa responsabilité et prodiguer des soins aux nouveau-nés et aux nourrissons».


Source Wikipédia
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La femme ne doit pas être un loup pour la femme

La profession de sage-femme implique de lourdes responsabilités et des conditions de travail souvent difficiles : horaires irréguliers, gardes de nuit, stress… Une grande résistance à la fatigue physique et nerveuse est donc nécessaire. Le rôle des sages-femmes ne doit pas s’arrêter au suivi médical. Il est aussi psychologique. Une relation de confiance doit s’instaurer entre la femme et la sage-femme qui suit les grossesses normales jusqu’à la naissance et même après. Pour cela, La sage-femme doit éviter d’être auteur de violences verbales, physiques (gifler une femme sur la table d’accouchement par exemple), psychologiques… La femme ne doit pas être un loup pour la femme. Au public accusateur, il faut poser la question de savoir comment se comportent également certaines patientes. Quand on sait qu’il y a une insuffisance criante de personnel qualifié dans nos maternités, il est bon que chaque camp mette de l’eau dans son vin, car ce climat malsain n’arrange personne.


H. W.
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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