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Transition au Burkina : et si on allait à l’essentiel !
Publié le jeudi 13 novembre 2014  |  L`Observateur Paalga




Ça discute à n’en pas finir, ça parlemente, ça ergote sur des détails. Au point qu’on ne sait plus à quelle charte se vouer. Alors que l’urgence d’une transition civile s’impose pour emprunter résolument la voie du retour à une vie constitutionnelle normale tout en mettant le Burkina à l’abri des sanctions internationales, on semble ne pas avoir le sens des priorités avec cette guerre des feuilles de route qui a cours depuis quelques jours.

Sur la table deux propositions : la première, celle des civils (politiciens, associations, coutumiers et religieux), la seconde émanant des militaires qui se sont provisoirement emparés du pouvoir pour éviter le chaos qu’aurait créé le vide né de la démission de Blaise Compaoré. Et qui demandent que la charte de leurs vis-à-vis soit allégée.

Deux conceptions de l’affaire semblent en fait s’affronter : l’armée veut aller droit au but pour parer à l’impératif de temps (un an maximum), quitte à négliger certains détails quand les autres veulent une transition bien balisée qui aurait pensé à peu près à tout.

Il faut reconnaître que, si le texte de la société civile est on ne peut plus fouillé et particulièrement précis, qui trop embrasse mal étreint, et la proposition est peut-être victime de sa trop grande précision. On dit que de la discussion jaillit la lumière, mais à force de palabrer, on pourrait finir par s’embrouiller.

Que la forme soit la mère du droit, on veut bien, mais peut-on raisonnablement tout faire et tout prévoir dans un laps de temps aussi court et sachant que la principale mission de la transition sera d’organiser des élections générales à terme échu ?

On peut en douter. L’envoyé spécial de l’Union africaine, le Togolais Edem Kodjo, ne pense pas autre chose quand il estime que le projet de charte de la société civile est trop lourd pour être exécuté en douze petits mois.

Pourquoi donc se ruiner dans d’interminables théories conceptuelles dont sont si friands les intellectuels au risque de perdre le sens des réalités et des priorités là où il faut être pratico-pratique ? A titre d’exemple, quand bien même l’idée, déjà émise par le Collège de sages en 2001, d’une «commission vérité, justice et réconciliation» est toujours d’actualité, peut-on vraiment la mettre en œuvre d’ici novembre 2015 sans sacrifier d’autres priorités plus… prioritaires ?

Si on suit certains d’ailleurs dans leur volonté de «déblaisifier» le Burkina toutes affaires cessantes, il faudrait ici et maintenant un tribunal spécial pour juger les anciens dignitaires du régime déchu et, par la même occasion, faire la lumière sur les dossiers Thomas Sankara, Norbert Zongo, Dabo Boukary, David Ouédraogo… On aiguise les couteaux, on alimente déjà le bûcher, on dresse l’échafaud, on apprête le poteau d’exécution pour étancher la soif de justice du peuple.

Une soif bien légitime quand on sait l’impunité qui avait cours sous la IVe République, mais n’est-ce pas au président démocratiquement élu qu’il reviendra, en temps opportun et à tête reposée, de donner suite à de telles revendications ?

Sinon dans ce martyrologe burkinabè où chacun a ses préférences, on pourrait remonter à d’autres victimes de la violence en politique, certes moins vendables tels les Somé Yorian Gabriel, Fidèle Guébré, Didier Tiendrébéogo, mais qui ont laissé, elles aussi, veuves et orphelins que personne au demeurant n’a recueillis.

Sachons donc, pour le moment, faire la part des choses, et prenons garde à ce que, récupération pour récupération, la transition ne soit prise en otage, et cela dès la confection de la Charte, par des causes sans doute défendables mais dont on gagnerait à différer l’examen.

Autre chose : que va-t-on faire d’une Assemblée nationale de transition de 90 membres si ce n’est permettre de caser ceux qui, pour avoir contribué à la chute de l’ancien régime, espèrent un retour rapide sur investissement ?

En vérité, on a le sentiment que les différents acteurs de la situation nationale, comme c’est souvent le cas en pareilles circonstances, sont couchés sur la même natte mais sont loin d’avoir les mêmes rêves. Et dans ce théâtre d’ombres qui se joue en sourdine, nombreux sont ceux qui, pour des raisons idéologiques ou tout simplement bassement matériels, (dé)placent subrepticement leurs propres pions avec des agendas cachés aux antipodes de l’intérêt supérieur de la nation.

Et tous ces gens qui grenouillent et jouent des coudes pour «étaler leur linge là où y a soleil» constituent autant de forces d’inertie dont le lieutenant-colonel Yacouba Zida gagnerait à se méfier, car, après tout, c’est lui qui sera le plus comptable à l’heure du bilan.

De ce point de vue, on se demande d’ailleurs, alors que le temps presse, quelle idée le président intérimaire a de vouloir convoquer un forum des forces vives où les gens vont s’écouter parler alors que pour s’accorder sur le document final, un comité ad’hoc restreint ferait bien l’affaire.



Ousséni Ilboudo
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