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Le Pays N° 5188 du 4/9/2012

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Vente de vivres a prix social
Publié le mardi 4 septembre 2012   |  Le Pays




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Jamais le maire de la commune rurale de Rambo, Salam Zamanwaya Ouédraogo, dans la province du Yatenga, ne s’est retrouvé dans une situation aussi délicate. En effet, depuis le 8 août 2012, l’homme est empêtré dans une scabreuse affaire de vente de vivres destinés à ses administrés. Depuis, l’affaire fait grand bruit dans la localité d’autant plus qu’une plainte en bonne et due forme a été déposée à la gendarmerie de Séguénéga contre le bourgmestre et son comptable. Ce dernier a d’ailleurs pris la poudre d’escampette à partir du moment où le pot aux roses a été découvert.

Samedi 1er septembre 2012. Il est 9h et demie au marché de Rambo, qui grouille de monde. Du gombo frais, de la tomate, des aubergines par-ci, des concombres, des feuilles de baobab et de tamarinier par-là. Un peu plus loin, on aperçoit la rangée des céréales : mil, sorgho, maïs, haricot, fonio, etc. Dans les allées, Boureima Dobaré, venu du village de Irme, vient de vendre un coq à 1500 F CFA, question de pouvoir s’acheter au moins 2 plats de mil. Il est 9h 45. Nous voilà à la mairie située à l’Est de la localité. C’est le secrétaire général, Brahiman Traoré, qui nous reçoit. Après avoir décliné l’objet de notre venue, le collaborateur direct du maire nous apprend que celui-ci n’est pas encore arrivé. « Le maire qui réside à 3km de Rambo est joignable par coups de chance. Tous les réseaux cellulaires y sont défaillants », a-t-il laissé entendre avant d’ajouter : « Ici, nous travaillons même les samedis parce qu’à la maison, on s’ennuie beaucoup ». Il essaie de joindre le maire dont le téléphone portable ne répondait pas. Nouvelle tentative, et c’était la bonne. Nous abordons alors le sujet pour lequel nous avons fait le déplacement : la vente ou l’échange des vivres. Très prudent, le SG commence par donner sa version des faits, mais ses explications seront entrecoupées par l’arrivée du préfet de Rambo, Ounteni Lompo. L’autorité départementale va se montrer très peu bavarde sur la question : « Nous avons appris que des vivres auraient été vendus, comme tout le monde. L’affaire se trouve déjà entre les mains des autorités compétentes, donc nous n’avons rien à dire ». En revanche, le 1er adjoint au maire, Adama Soré, a beaucoup de choses à dire : « Le gouvernement, à travers la SONAGESS, nous a envoyé des vivres à vendre à prix social à raison de 12 000F CFA le sac de 100 kg. Mais le maire s’est permis, avec la complicité du comptable, de soutirer 80 sacs pour aller vendre à Bokin dans le Passoré, sans même prendre le soin d’en informer le Conseil municipal, même pas moi qui suis son 1er adjoint. Je réside dans mon village à Koumna-Yargo, et comme c’est la saison pluvieuse, je peux faire une semaine sans venir au service parce qu’il n’y a pas de route. Si on s’entête, on peut être emporté par les eaux. Donc, ce sont quelques conseillers qui m’ont appris que depuis le 8 août, les 80 sacs ont été convoyés vers Bokin pour vente ». Selon un proche du maire qui a requis l’anonymat, ces vivres étaient destinés à l’échange de petit mil contre du sorgho, parce que la population avait exprimé sa préférence pour le sorgho. L’adjoint au maire s’inscrit en faux contre une telle justification. « Ecoutez, nous ne sommes pas des gamins, monsieur. L’argent a été versé auprès du magasinier, la somme de 460 000 F CFA à raison de 12 000 F le sac ». Le vice-président du Conseil villageois de développement (CVD) du village de Poura, Windwaoga Boureima Sawadogo, est très renseigné : « Nous avons été surpris de constater que ces vivres prévus pour les populations se retrouvent sur la place du marché de Bokin. Le comptable s’est présenté à un certain Noufou Ouédraogo comme étant un commerçant et a proposé le sac à 22 000F CFA. C’est donc vous dire que c’est à ce prix que les 80 sacs ont été vendus. Et la somme totale s’élève à 1 760 000 F CFA. Les 1 460 000 F étant versés, le maire et son comptable ont empoché 800 000 F CFA. Ils ont remis 20 000 FCFA au magasinier et tenté de corrompre le président du comité de gestion avec la somme de 25 000 F CFA, mais celui-ci a décliné l’offre. Comme l’affaire est en train de prendre une autre tournure, ils sont repartis voir un certain Boukaré Ouédraogo en vue de payer des vivres avec lui. Après renseignements, celui-ci a trouvé l’affaire trop floue et a opposé un refus catégorique. A la recherche du mil, ils sont allés dans le Bam et le Sanmatenga ». Dans la même veine, Moumouni Boly charge le maire en ces termes : « On veut nous faire croire que la population ne voulait pas le petit mil et que les céréales étaient programmées pour être troquées. C’est archi-faux, personne à Rambo n’est allé voir le maire pour cela. D’ailleurs, il n’y a pas meilleure céréale que le petit mil. Nous étions en période de carême et tout le monde aime le petit mil pour accompagner son carême. C’est un mensonge qu’ils veulent transformer forcément en vérité. Ils ont tourné partout avant de trouver le sorgho et le maïs, je ne sais où, le 29 août. Ce jour-là, vers 6h, un camion 10 tonnes est arrivé ici. Le chauffeur qui voulait des renseignements m’a demandé où se trouvait la mairie. Quand je lui ai montré la voie, il m’a dit qu’il venait de Yako et que c’est le maire qui a payé du sorgho et du maïs et qu’il venait pour le déchargement. Si d’ici une semaine le maire et le comptable ne sont pas arrêtés, nous allons fermer la mairie ». Kouka Ilassa Sawadogo n’est pas aussi content, il est l’auteur de la plainte à la gendarmerie contre le maire : « Je suis du village de Rambo. Ce n’est pas sérieux ce que le maire a fait comme tort aux populations. Voilà pourquoi mes camarades et moi avons choisi de porter plainte contre lui. Il doit nous dire qui l’a autorisé à faire sortir les vivres ». Le maire, Zamanwaya Salam Ouédraogo, persiste et signe : « Quelques habitants sont venus me voir et m’ont dit qu’ils préféraient le sorgho au petit mil et comme nous ne disposions pas de sorgho ici pour troquer, nous avons alors tenté de passer l’information. Et c’est à Bokin que nous avons trouvé le sorgho ». A la question de savoir s’il a pris le soin d’en informer le Conseil municipal, sa réponse est non. « Non, j’ai juste informé le secrétaire général qui m’a demandé d’avoir l’accord de quelques conseillers. Je n’ai pas voulu le faire parce que comme mon adjoint et moi ne nous entendions pas, j’étais sûr qu’il allait refuser », a-t-il déclaré. Là-dessus, le SG reconnaît avoir été contacté par le maire : « Effectivement, le maire m’en a parlé et je lui ai dit que pour éviter toute polémique et tout soupçon, il fallait prendre le soin d’en informer le conseil. Il a passé outre ma proposition et nous voilà dans une situation délicate », a-t-il déploré. Mais comment le maire voit-il la suite de cette affaire ? Sa réponse à cette question, la voici : « Mon premier adjoint qui se trouve être un militant du CDP comme moi, veut m’abattre politiquement à travers cette affaire. Sinon, à partir du moment où les vivres sont venus, il ne devrait plus tirer la ficelle ». Réponse du berger à la bergère : « Pourquoi laisser tomber ? Le maire est paniqué et il cherche des portes de sortie. Il ne verra aucune porte, pas même une fenêtre. De quelle politique veut-il parler ? Il veut se moquer de tout le village », s’insurge le premier adjoint. A la question de savoir si le maire regrette son acte, le bourgmestre répond : « La population devrait me comprendre. Elle devrait voir ce que j’ai réalisé au cours des 5 ans et laisser passer cette affaire. Qu’elle accepte de pardonner et ne pas vouloir tirer longuement les choses. Je considère cela comme une erreur et toute erreur est humaine », a-t-il dit. Et votre comptable ? « C’est là ma grande préoccupation. Son téléphone portable ne répond plus, il n’est pas chez lui. Le personnel veut son salaire et il est introuvable. Cela m’inquiète beaucoup et m’amène à donner peut-être raison aux plaignants ». Commentaire d’un maire d’une commune rurale de la zone : « Mon collègue de Rambo est victime de son analphabétisme. Il a des analyses trop simplistes ». Victime de l’analphabétisme ou pas, le maire a déjà été entendu par 3 fois par la gendarmerie de Séguénéga sur cette affaire de vivres. En rappel, Salam Zamanwaya Ouédraogo est élu président du Conseil municipal de Rambo en 2006. Il avait obtenu 31 voix contre 11 pour Alidou Sawadogo, son challenger (tous les 2 sont du CDP). Le Conseil municipal compte actuellement 40 conseillers dont 16 femmes, car il a enregistré en cours de mandat deux décès. Il est composé de 3 partis politiques : le CDP, l’ADF/RDA et l’UNIR/PS.

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