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Les interminables attentes des négociateurs burkinabè
Publié le mercredi 12 novembre 2014  |  AFP
Koudougou
© aOuaga.com par G.S
Koudougou : le MPP clôt sa rentrée par un meeting
Samedi 18 octobre 2014. Koudougou (région du Centre-Ouest). Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, opposition) a clos sa rentrée politique débutée le 11 octobre à Ouagadougou par un meeting régional. Photo : Roch Marc Christian Kaboré, président du MPP




Ouagadougou - "On les attend depuis" trois heures, s'impatientait mardi Roch Marc Christian Kaboré, ténor de l'opposition burkinabè, dans un hôtel de Ouagadougou où les acteurs de la crise au Burkina Faso devaient rencontrer les présidents sénégalais et togolais venus en
médiateur.
Opposants, société civile, mais aussi autorités militaires, tous censés négocier une "Charte de transition" devant permettre le retour à un pouvoir civil et mener le pays à des élections sous un an, avaient déjà passé l'essentiel de la matinée à patienter à l'aéroport.
Durant plus de trois heures, qui parlant au téléphone, qui envoyant des messages, qui discutant, assis dans les fauteuils du salon d'honneur, autour d'un café ou d'un jus de fruits apportés par les serveurs du protocole, tous ont attendu que les jets des deux chefs d'Etat atterrissent enfin.
Dans l'après-midi, c'est face aux sièges vides des présidents qu'ils ont médité. La rencontre prévue à 14H00 autour de la grande table de la salle de conférence d'un luxueux hôtel de Ouagadougou a finalement débuté à 17H00.
Trois heures de retard le matin et autant l'après-midi faisant six heures à tuer, "ils nous font perdre notre temps", constate, en un sourire un peu forcé Roch Marc Christian Kaboré. Mais aucun signe d'énervement ne transparaît.
Les dirigeants se succèdent à un rythme soutenu dans la capitale du Burkina Faso, où l'armée a pris le pouvoir le 31 octobre après la démission et la fuite du président Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans de pouvoir.
Mardi, c'était le tour des présidents sénégalais Macky Sall et togolais Faure Gnassingbé, venus au nom de la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (Cédéo).
La veille, c'était leur homologue mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui s'était déplacé à Ouagadougou en tant que président en exercice de l'Union africaine (UA). Là aussi, les délégués avaient longuement patienté avant de pouvoir s'entretenir avec lui.
Le président Sall était déjà venu dans la capitale burkinabé moins d'une semaine auparavant avec une délégation de la Cédéo.
But affiché - et paradoxal - de ces visites chronophages : accélérer le processus de mise en place d'institutions intérimaires et la nomination de personnalités civiles, à qui l'armée s'est engagée à remettre rapidement le pouvoir.
"Ils sont là pour que le Burkina sorte rapidement" de cette crise mais "si on laissait les gens travailler on aurait déjà avancé sur le projet de Charte de la transition", estime Roch Marc Christian Kaboré.

- 'Surplace' -

"On espérait des discussions (avec l'armée) hier ou aujourd'hui", sur ce document qui doit définir l'architecture institutionnelle intérimaire, mais "je ne vois pas à quel moment on aurait pu travailler", poursuit M. Kaboré, vêtu du Faso Dan Fani, vêtement de coton tressé traditionnel du pays.
"Quand les chefs d'Etat se déplacent c'est tout un dispositif, tout un protocole", qui prend du temps et "tout (le reste) est suspendu", souligne-t-il.
"On fait du surplace", commente de son côté, un peu amer, Bénéwendé Sankara, autre personnalité de l'opposition.
Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial de l'ONU, qui patiente comme les autres en envoyant des SMS, défend ce type d'initiatives. "Les visites comme celles-là peuvent aider à accélérer le processus, combler les fossés" entre protagonistes, via des "consultations en coulisse", assure-t-il.
En fait de discussions cachées, les représentants de l'opposition assurent pourtant que tous les délégués, au désoeuvrement manifeste, sont dans la salle.
Dans les étages, c'est le lieutenant-colonel Isaac Zida, choisi par l'armée le 1er novembre pour prendre les rênes du pays, qui s'entretient avec MM. Sall
et Gnassingbé.
Et quand enfin les deux chefs d'Etat font leur apparition, ils présentent à la société civile et à l'opposition les propositions de l'armée - absente de
la réunion - et font "pression" sur les participants pour qu'ils les acceptent, selon un membre de la société civile.
Les médiateurs se sont transformés en porte-parole des militaires, pestent plusieurs délégués. Une bourde qui s'ajoute à d'autres maladresses et au
sentiment que les médiations étrangères cherchent à faire avancer le processus à marche forcée, voire s'immiscent dans les négociations intra-Burkinabè.
Le 4 novembre, l'opposition et la société civile, qui refusent de s'asseoir à la même table que le camp de l'ancien président Compaoré, étaient sortis furieux d'une réunion prévue avec la Cédéao après avoir constaté que l'organisation ouest-africaine avait invité "l'ex-majorité".
Entre attente, atermoiements, et vexations, il semblait bien mardi que le processus ait davantage reculé qu'avancé, à entendre les délégués de l'opposition et de la société civile.
ayv/jf/jpc
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