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Pastoralisme à l’Est du Burkina Faso
Publié le mercredi 12 novembre 2014  |  Sidwaya
Afrique
© Autre presse par DR
Afrique de l`Ouest : vers l`institutionnalisation de l`agriculture écologique et biologique




L’agriculture et l’élevage contribuent fortement au Produit intérieur brut du pays. Mais, la cohabitation entre les deux secteurs n’est pas toujours pacifique. A Fada N’Gourma, dans la région de l’Est, des zones pastorales ainsi que des pistes de transhumance, sont parfois débroussaillées, défrichées à des fins agronomiques. Entre ignorance et quête désespérée de terres arables les producteurs essaient de justifier leur «infraction» sur des espaces décrétés et balisés par l’Etat.


Elevage et agriculture. Deux mamelles fondamentales de l’économie burkinabè. Les deux secteurs frères contribuent à plus de 90% au produit intérieur brut. Ils constituent la base de revenus monétaires des populations du pays. Dans la région de l’Est, malgré l’implication de l’Etat dans la réglementation visant à harmoniser et à créer un environnement propice à une meilleure cohabitation des acteurs du monde agropastoral, des tensions subsistent. En effet, le Burkina Faso enregistre, parfois des conflits entre agriculteurs et éleveurs, avec à la clé des destructions de biens voire, dans le pire des cas, des pertes de vies humaines. La transhumance dans cette localité est, par moments, source de conflits larvés. La destruction des champs par des animaux constitue dans bien de cas, la pomme de discorde à l’Est. Dans une région où il est loisible de constater que les agriculteurs occupent les espaces pastoraux, des mesures préventives sont nécessaires. Le Burkina Faso pratique un élevage transhumant et extensif. Les éleveurs pratiquent la transhumance qui est un mode d’organisation pastorale caractérisé par le déplacement saisonnier et cyclique du bétail, selon un itinéraire et un calendrier précis, à la recherche des pâturages, des points d’eau et/ou des cures salées. C’est au cours de ces déplacements que surviennent souvent les différends entre pasteurs et agriculteurs. Pour bien des paysans, c’est la rareté des terres fertiles qui est à l’origine. Même les versants de collines sont labourés et exploités juste pour la survie, a soutenu Jean Thiombiano, un agriculteur du village de Diapangou. Pour lui, quand un producteur exploite le flanc d’une montagne, c’est parce qu’il n’a pas où mettre sa houe sinon (...). Idrissa Naaba, un agriculteur à Namongou, indique à l’extrême que les balises ne signifient rien. « Il y en a qui ont participé au traçage et au balisage des zones pastorales, mais aujourd’hui, ce sont eux qui sont les premiers à s’y retourner pour débroussailler », explique M. Naaba. Face au phénomène, celui-ci pense que l’Etat doit prendre ses responsabilités, « même si cela fera des frustrés ». Son voisin qui visitait son champ, lui, se justifie à travers une philosophie médiévale selon laquelle, en situation de survie, c’est «l’homme, d’abord et l’animal, ensuite». Une thèse qui en dit long sur le manque de sensibilisation.

Une zone hyper quadrillée

De façon schématique, les éleveurs vont d’un point où les ressources sont rares à un autre où la biomasse est plus abondante à la faveur des pluies plus précoces et plus étendues dans le temps et dans l’espace. La région de l’Est regorge de nombreux atouts et potentialités pastoraux. «Plus de 273 896 ha de zones de pâture identifiés, 2 300 km de pistes à bétail dont 819 délimitées, une forte diversité biologique», selon les statistiques de la Direction régionale des ressources animales et halieutiques de l’Est (DRRAH-Est). Pour le directeur régional, Daniel Tankoano, la région, de par sa position géographique, offre des conditions favorables à l’entretien du bétail et à son transit vers les pays voisins. Mais l’utilisation des ressources naturelles par les différents acteurs (agriculteurs, éleveurs, exploitants forestiers et fauniques), avoue-t-il, met souvent à mal la conduite des activités de transhumance. Etant donné que les zones de pâture sont colonisées en permanence et sans merci par les agriculteurs, réduisant de façon drastique, les espaces pastoraux ; il y a de quoi s’inquiéter. Face au fléau, M. Tankoano pense qu’il faut une stratégie pour éviter les conflits pendant la saison des cultures. « Nous enregistrons des conflits entre agriculteurs et éleveurs, et cela s’explique par la dégradation continue des ressources naturelles qui accentue la compétition entre les utilisateurs, couplée à la pression démographique, qui élargie le front agricole via l’émergence de certaines cultures de rente comme le sésame et le coton », diagnostique-t-il. Les causes de la culture des espaces pastoraux, selon la DRRAH de l’Est, se résument à l’application timide des textes relatifs à la transhumance, la méconnaissance de ceux-ci, le faible niveau d’organisation des pasteurs, l’analphabétisme et l’insuffisance de moyens pour permettre aux services techniques d’assurer un suivi efficace de la transhumance. Aussi mentionne-t-il, le manque d’arrêté de reconnaissance officielle de certaines pistes et zones de pâture, et la faible synergie d’action des intervenants du domaine. En perspective, Daniel Tankoano préconise un engagement commun de la part des autorités ministérielles, des partenaires techniques et financiers, des élus locaux et des responsables des collectivités territoriales pour une amélioration des conditions de transhumance.

L’exil des pasteurs


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Le directeur régional poursuit en affirmant que les actions doivent porter, non seulement sur la diffusion des textes législatifs, réglementaires et normatifs sur la transhumance, mais aussi, sur l’information et la sensibilisation des éleveurs aux conditions du pastoralisme. Pour le responsable de l’équipe technique du Réseau de communication sur le pastoralisme de la région de l’Est (RECOPA-Est), Boubacar Maïga, le pastoralisme étant une activité d’élevage basée sur la mobilité, les animaux sont souvent amenés à migrer, à la recherche de fourrage, cure salée, eau et autres nutriments. Le RECOPA, implanté dans plus d’une trentaine de provinces avec des bureaux régionaux partout dans le pays, œuvre à un élevage intégré. L’objectif du réseau est de renforcer la capacité des éleveurs, particulièrement des pasteurs à participer à l’élaboration, à l’analyse et la mise en œuvre des textes et lois qui régissent l’activité pastorale au Burkina Faso et au niveau sous-régional. Selon Boubacar Maïga, les éleveurs de l’Est rencontrent une panoplie de difficultés qui se résument, entre autres, à l’obstruction des pistes et le refus d’obtempérer des agriculteurs. A son avis, c’est cette occupation illégale des zones de pâture qui provoque des conflits dont l’un des corollaires est l’installation définitive de certains pasteurs transhumant en territoires voisins. « Les éleveurs se sentent orphelins parce que n’étant pas suffisamment soutenus dans leur combat », déplore M. Maïga. Il s’explique en indiquant que pour avoir une Zone villageoise d’intérêt cinégénétique (ZOVIC), il suffit de faire la proposition aux autorités. Mais estampiller une piste à bétail est un parcours du combattant, soutient M. Maïga. Pire, le non respect des règles des couloirs constitue, à son sens, une grave atteinte à la loi d’orientation sur le pastoralisme. De ce fait le réseau dit avoir élaboré un document qui recense les plaintes des éleveurs des cinq provinces de la région. Ce manuel fait aussi ressortir la liste des infrastructures pastorales existantes et met à nu le niveau actuel d’occupation anarchique. L’objectif, de l’avis de M. Maïga, est de créer un mémorandum décrivant la situation d’occupation des espaces pastoraux au niveau de la région. A en croire le RECOPA, des propositions de solutions ont été, de par le passé, formulées à l’endroit des autorités afin de les interpeller sur la nécessité de respecter les textes de sécurisation des pistes à bétail et autres espaces affectés au bétail, via une franche concertation entre les utilisateurs des ressources naturelles. Toute chose qui, espère le réseau, va favoriser la prévention des conflits et rendre à ‘’César ce qui est à César’’, pour une vraie cohésion entre les deux secteurs-phares du monde rural.

Une croisade pour sauver la transhumance

Pour le président de la Chambre régionale d’agriculture de l’Est (CRA-Est), Philippe Yonli, au vu les altercations qui jalonnent la transhumance, des mesures de cohésion sont impératives. Il souhaite que les actions de sensibilisation soient quasi-permanentes. « Le problème entraîne souvent des morts d’hommes, donc l’Etat doit réellement s’impliquer », déclare M. Yonli. L’une des causes, pour lui, s’explique par le fait que, dans la région, tout le monde, du fonctionnaire au sans-emploi, en passant par le retraité, pratique l’agriculture. Ce qui entraîne un manque d’espace cultivable. Jean-Paul Thiombiano, secrétaire général de la CRA-Est, lui, accuse les flux migratoires à la recherche de terres agraires. Mais du point de vue du SG, la sauvegarde des réserves pastorales passe par une formation des organisations des producteurs et une large croisade des structures en charge de la gestion des ressources naturelles. Le maire de Fada N’Gourma, Moumouni Kocty, indique que sa commune est à cheval entre deux zones d’élevage, à savoir le Nord et le Sud, donnant ainsi lieu à une multitude de pistes de transhumance, matérialisées ou non. Ces schémas pastoraux, appuie-t-il, sont tracés et balisés de concert avec les exploitants desdites zones. Pourtant, il regrette que des individus peinent à respecter les zones de pâture. « Certains paysans considèrent les espaces réservés comme des terrains laissés en jachère », affirme le maire. Pointant aussi du doigt les éleveurs, l’édile de Fada a soutenu que le problème de l’occupation des pistes est en partie de la faute des éleveurs qui, selon le maire, n’empruntent les pistes qu’en saison hivernale. « En saison sèche, les éleveurs laissent les animaux s’habituer à des pistes non réglementaires et la période de semis venue, les animaux entrent dans les champs », regrette le M. Kocty. Pour lui, c’est à la lumière des cultures de rente que les terres se sont raréfiées. Aussi, l’usage des pesticides permet de multiplier les hectares et d’annexer des portions réservées, d’où les litiges fonciers. Il reconnaît en somme, que malgré les difficultés, la transhumance demeure un mal nécessaire qui permet de mieux exploiter les ressources pastorales, aux fins d’accroître les productions animales, de créer ou de maintenir les emplois et les richesses pour les populations. De ce fait, des efforts doivent être consentis par l’Etat et les acteurs eux-mêmes afin de fixer les principes et les modalités d’un développement durable, paisible et intégré des activités pastorales, agropastorales et sylvopastorales dans le pays.


Wanlé Gérard COULIBALY
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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