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Gestion des cimetières à Ouagadougou :bientôt il n’y aura plus d’espace pour inhumer
Publié le mardi 11 novembre 2014  |  Sidwaya
15-Octobre
© Autre presse par Le Kaf
15-Octobre : le 26e anniversaire commémoré au cimetière de Dagnoen
Mardi 15 octobre 2013. Ouagadougou. Le 26e anniversaire de l`assassinat du capitaine Thomas Sankara, le 15 octobre 1987, a été commémoré à travers un dépôt de gerbes au cimetière de Dagnoen où repose le père de la révolution d`août 1983




Ouagadougou a atteint des limites dans son extension spatiale. Il n’y a plus suffisamment de parcelles pour les besoins des vivants et les lotissements sont alors gelés. Le manque d’espace va frapper bientôt les morts, parce que les espaces disponibles sont à épuisement dans les cimetières. Et l’ouverture de nouveaux cimetières n’est pas envisageable, faute d’espace dans la capitale. Pour l’instant, la mairie pense d’abord à bien organiser les cimetières existants.

A Ouagadougou comme un peu partout au Burkina Faso, chaque famille enterre ses défunts comme il veut, au cimetière de son choix, de jour et même de nuit. Les autorités municipales avouent qu’elles ignorent combien de personnes sont inhumées chaque année dans leur ville. Ce comportement tient moins de la tradition que des habitudes acquises depuis les temps où la Haute Volta, aujourd’hui Burkina Faso ne comptait que des milliers à quelques millions d’âmes. Ce comportement donc, qui relève aujourd’hui de l’anarchie, persiste, parce que la population est réfractaire à tout projet de réforme des cimetières. Mais la réalité va bientôt dicter sa loi. En prévision, la mairie à conçu un projet. Il consiste à clôturer, parcelliser, électrifier, doter d’eau et à mieux entretenir les cimetières de la commune de Ouagadougou.
L’idée va du fait que la capitale burkinabè manque de places pour le repos éternel des morts, avec des tombes que l’on voit presque sur la voie, en plus leur mauvais état et leur réputation d’être des refuges pour bandits, voleurs, violeurs…Par la même occasion, il s’agit de donner un visage moderne à ce qu’il convient d’appeler la dernière demeure de l’homme.
«J’avoue que c’est vraiment un problème…», soupire le chef de service des pompes funèbres et cimetières de la ville de Ouagadougou, Boureima Bikienga, major du service d’hygiène. «Les cimetières sont pleins et il n’y a plus d’espace. On essaie donc de voir comment négocier avec les communes voisines pour avoir des espaces en vue d’y ériger de nouveaux».
Ces propos de Boureima Bikienga traduisent une réalité de l’ensemble des 21 cimetières répertoriés dans la capitale: le manque de place pour ensevelir les morts. Une situation casse-tête, qu’il va falloir affronter hic et nunc pour éviter qu’elle soit hors de contrôle. La question est si sensible que l’aborder souvent nécessite «que l’on s’en réfère à Dieu». Depuis 2011, le problème se posait déjà et a même créé un clash entre le maire d’alors, Simon Compaoré et les conseillers de l’UNIR/PS (voir Sidwaya du 7 avril 2011). Selon l’auteur de l’article, le maire et les conseillers se sont accordés sur certains points comme les clôtures, la parcellisation, l’électrification et la dotation d’eau des cimetières. Cette opération, à coût sûr, va occasionner des frais et c’est justement sur ce point que les deux parties n’ont pas eu de consensus, notamment au niveau des coûts. Mieux, le maire Simon Compaoré était pour la gestion par des privés des cimetières contrairement au camp adverse qui souhaitait que la municipalité s’en charge.
De 2011 à 2014, des années ont passé mais le problème demeure. Pis, il s’est complexifié. Et bien que certains cimetières soient déclarés non fonctionnels, ils le sont pour des populations qui ne veulent pas entendre parler d’une réorganisation qui, elles le savent très bien engendrerait des frais à payer. Elles préfèrent l’anarchie, le chaos, pour «jeter» (on peut le remarquer sur les lieux) tard dans la nuit, les parents fauchés par la mort. A Taab-Tenga, l’un des cimetières non encore clôturé, il n’est pas rare de voir des tombes fraichement creusées aux bords des voies, comme celle que nous avons vue le lundi 13 octobre. Selon les témoignages des voisins, c’est le samedi 11 octobre 2014 que cela s’est passé dans la nuit et Dieu seul connait la profondeur de ces tombes qui ne servent finalement qu’à se débarrasser des morts et passer à autre chose.
En 2011, une commission ad ’hoc avait été mise en place pour se pencher sur cette question. Elle avait alors proposé qu’une parcelle d’un cimetière revienne à 25 mille francs CFA et que son creusement (si la famille n’a personne pour le faire) soit réalisé au plus à 40 mille francs, avec cinq dalles fournies. Les élus de l’opposition l’avaient rejetée.


Organiser le repos des morts


Il faudra pourtant organiser la gestion de ces cimetières, avec en tête le public et/ou le privé. Car en plus d’être des refuges pour bandits (voleurs et violeurs), malades mentaux, drogués, de pratiques occultes, les cimetières de la capitale burkinabè ont une toute autre réputation : des enterrements nocturnes, quasiment sur la voie, des inhumations expéditives dans des tombes profanées.
Ici, on y a creusé pour confectionner des briques, là, ce sont des tonnes de déchets qui trônent sans oublier les herbes qui poussent de sorte à fermer les tombes, laissant penser à de vieux champs abandonnés.
Selon un récent bilan dressé par le nouveau service chargé de la gestion de ces lieux, 3 à 4 sites ne sont plus fonctionnels, 16 sont saturés, 10 débordés et la quasi-totalité insalubre. Le cimetière de Toyibin est particulièrement anarchique. Situé derrière la gare routière Ouaga-Inter, il concentre tous les mauvaises pratiques rencontrées sur l’ensemble des cimetières. « Nid de bandits, lieu d’abattages clandestins d’animaux, pratiques occultes de toute nature, manque d’entretien, marché de bétail, décharge d’ordures, incinération de déchets toxiques… » Pour le service des pompes funèbres, il constitue un véritable danger pour les riverains.
Au cimetière de Taab-Tenga, les riverains se rappellent, il y a une dizaine d’années, où plus de la moitié du cimetière leur servait encore de champs.
Heureusement il y a des cimetières, parmi les 21 que compte la ville, qui présentent une meilleure vue. En effet, neuf cimetières sont clôturés. Celui de Goughin dispose d’un conservateur des cimetières. Sur ce site presque saturé, il existe désormais des heures d’ouverture et de clôture de même que l’enregistrement de tous les enterrements. Il est subdivisé en domaine pour les militaires, un autre pour les caveaux familiaux et le dernier pour les civils. «Actuellement nous sommes en train de mener des réflexions pour voir comment proposer au maire et au conseil, une gestion-type des cimetières dans leur ensemble », soutient M. Bikienga.


L’exemple de Bobo-Dioulasso


La mairie est en quête d’espace pour ériger de nouveaux cimetières. Les communes voisines sur lesquelles elles comptent sont déjà débordées de demandes de parcelles. La tâche s’annonce difficile. En entendant, le conseil municipal a créé le service des pompes funèbres et cimetières de la ville de Ouagadougou. Un travail est en train d’être fait sur le terrain en vue d’apporter des réponses aux différents maux dont souffrent les cimetières.
Il avoue que les cimetières de la ville de Ouagadougou sont plus ou moins saturés, ce qui constitue une véritable angoisse pour l’autorité municipale qui s’est vu obligée de créer un service spécial pour leur gestion. D’ores et déjà, Boureima Bikienga propose la clôture des cimetières comme solution pour limiter les enterrements clandestins et le dépassement des limites.
En cela, il faut alors mettre fin au vandalisme caractérisé par l’arrachage des portes, des tôles et fenêtres des logements destinés aux gardiens. Ce banditisme d’un autre genre met à mal l’activité de gardiennage de ces lieux que tous refusent par peur de perdre leur vie. Certains riverains du cimetière de Kamboinsé disent remarquer l’absence du gardien qui y habitait avec sa famille.
Pour une fois et sur la gestion des cimetières, Ouagadougou doit aller à l’école de Bobo-Dioulasso. M. Bikienga admire la population de cette ville où il y a un exemple palpable d’un cimetière bien entretenu et parcellisé et les gens acceptent les tarifs fixés. «Mais je crois que les nouveaux sites que nous comptons identifier, dit-il, seront mieux structurés que les
anciens. A Gounghin, nous tentons de mieux organiser les choses. Nous allons ainsi partir de cet exemple pour bâtir les autres sites». Dans le souci de moderniser le lieu de repos des défunts, le chef du service des pompes funèbres souhaite une adhésion aux nouvelles mesures pour une gestion parcimonieuse, stricte et ferme. «Nous devons faire l’effort de ressembler aux autres», poursuit-il.
L’association Rayim-taaba pour la propreté et la sécurité des cimetières de la ville de Ouagadougou, est un soutien de taille pour la municipalité. Malgré leur bonne volonté, les membres, au nombre de 100, rencontrent d’énormes difficultés dans leur travail. «Actuellement avec l’hivernage, ce n’est pas facile et beaucoup de cimetières débordent d’herbes. Là où nous sommes passés, il y a un mois, si on y fait un tour, c’est comme si on n’avait rien fait», s’inquiète Issiaka Jean Ferdinand Nikiéma, le président-fondateur de l’association. Selon ce dernier, dans le contrat qu’ils ont signé avec la mairie, il est seulement question d’un passage par semaine, soit 4 fois dans le mois. Impossible donc de faire grand-chose avec 4 nettoyages par mois pour 21 cimetières. «L’association, dit M. Nikiéma, a pris la mesure d’ajouter en dehors du contrat, un autre passage par semaine ; ce qui revient à 8 passages dans le mois ». Cet effort de rendre propre les cimetières est à saluer et à reproduire partout dans le pays.


Tielmè Innocent KAMBIRE

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Témoignage de Issaka Jean Ferdinand Nikiéma sur les cimetières

«Pour ce qui est des enterrements clandestins, c’est seulement là où il manque la clôture et le gardien, ce qui n’est pas le cas à Gounghin ici où nous gardons et veillons au respect de l’heure d’ouverture (6 h) et de clôture (18 h). Pour une bonne gestion des cimetières, je pense qu’il faut les clôtures, les portes et les gardiens pour veiller au respect des normes. A Dagnoën, par exemple, c’est fermé, mais comme il n’y a personne pour garder les lieux, les gens continuent d’y enterrer leurs morts. Je propose même que ce soit la police municipale qui soit mobilisée. Pour le manque de places constaté dans les cimetières, ce n’est pas la faute de la commune mais de la population. Certains occupent trop de place pour une seule tombe, d’autres ne respectent ni les heures, ni les limites pour les cimetières non-clôturés. En temps normal, une tombe ne doit pas dépasser 2 mètres 40 sur 1 mètre 20. Si cela n’est pas respecté, même si la mairie ouvre de nouveaux cimetières, ça sera pour un ou deux ans quelle que soit leur superficie. Ici, il y a encore un peu de place pour les caveaux et le domaine des corps militaires sinon c’est plein. Les gens ouvrent les anciennes tombes pour les inhumations. Pour que la population change, il faut l’aide de la police municipale. A cela, il faut un dispositif pour que tout ce qui rentre soit enregistré comme c’est déjà le cas à Gounghin ».

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Crémation et enterrement à la verticale

Dans la religion hindoue, mourir c’est se libérer de l’état où nous sommes actuellement pour passer à un état meilleur. Dès lors, mourir, pour eux, n’est pas aussi dramatique et chacun veut après sa mort être incinéré pour que leur cendres se mêlent à l’eau du fleuve sacré. La crémation, selon les Hindous, permet de libérer l’âme des morts. Et au-delà de la croyance, ils résolvent le problème des cimetières qui nécessitent infiniment de l’espace. C’est dans l’objectif de résoudre ces mêmes problèmes qu’une société de pompes funèbres australienne, « Upright Burials », propose l’enterrement à la verticale afin de gagner de la place. Le corps est placé dans un sac biodégradable sans cercueil dans une cavité cylindrique de 2,90 m de profondeur et 75 cm de diamètre environ. En plus de l’économie de place que l’on fait, ce type d’inhumation reviendrait moins cher que les enterrements traditionnels. (Publié par Maxime Lambert le 9 décembre 2009)


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L’exemple du Congo Brazzavile

Au Congo Brazzaville, la gestion des morts est si bien menée qu’elle est devenue un business à part entière. Selon la chaine Africa 24 qui s’est penchée sur «les cimetières privés au Congo», l’activité des pompes funèbres est attrayante. Libéralisée depuis 1993, l’activité est largement dominée par des entreprises privés qui ont détrôné la municipalité de son monopole d’antan. Selon les propos d’un conseiller municipal, Alain Nzenze, rapportés par ce médium, les privés ont approché le conseil municipal qui leur a imposé un cahier des charges qu’ils ont respecté. Ils disposent dès lors de cimetières sous le contrôle de la mairie. Le premier promoteur privé serait alors un enseignant, Christ Koubaka, qui a déserté les salles de classe pour s’essayer dans une activité qui était du ressort de la municipalité. De nos jours, il emploierait 15 salariés sur la base des recettes qu’il fait des prix du caveau (150 000 F CFA) et de la construction de la pierre tombale (800 000 F CFA). Mais ces coûts ne découragent guère les familles.
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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