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Une semaine après la chute de Blaise Compaoré : Ziniaré toujours sous le choc
Publié le lundi 10 novembre 2014  |  Le Quotidien
Taïwan
© Présidence par DR
Taïwan : Blaise Compaoré rencontre la communauté burkinabè et le personnel de l`ambassade
Dimanche 12 octobre 2014. Taipei (Taïwan). Au dernier jour de sa visite à Taïwan, le président du Faso, Blaise Compaoré, a rencontré la communauté burkinabè vivant dans ce pays et le personnel de l`ambassade du Burkina à Taïwan




Le vendredi 31 octobre 2014, à l’annonce de la démission de Blaise Compaoré, le Burkina, presque dans son ensemble a exulté. Oui le Burkina presque dans son ensemble, car une ville, à l’exception des autres cités au pays des Hommes intègres a accueilli la nouvelle avec une profonde tristesse pour ne pas dire, comme un deuil. Vous vous en doutez bien qu’il s’agit bel et bien de la capitale du Plateau-central, Ziniaré. Fief du président déchu, Ziniaré qui a acquis fait et geste à la cause de son enfant terrible, si ont peut le direainsi, était en état de choc. Une semaine après la chute de Blaise Compaoré, comment se porte la ville, quels sont les sentiments des habitants ? Voici autant de raisons qui nous ont poussé à y faire un tour, le vendredi 7 novembre 2014. Mal nous y a pris, car notre équipe, comme le dirait l’autre, a failli se faire zigouiller. Retour sur un reportage à haut risque.
Il est 10 heures, lorsque notre équipe faisait son entrée dans la ville de Ziniaré, dans une ambiance bon enfant à bord de notre véhicule, nous devisons de ce que la ville adviendra en l’absence de son enfant terrible, qui depuis le 31 octobre dernier, a trouvé refuge chez le beau-frère Alassane Dramane Ouattara, non sans avoir rendu le tablier. Nous étions loin de nous imaginer ce qui nous attendait au cours de notre bref séjour. Cependant, l’une des premières choses à attirer notre attention à Ziniaré, c’est le calme apparent qui régnait sur la ville. Chacun vaquait paisiblement à ses occupations. Il y avait cette chose qui nous indiquait vraiment que la ville faisait exception des autres capitales de région, qui à des degrés divers ont participé à la révolution populaire. Aucune trace d’incidents, pas même un seul vestige, comme on en dénombre par dizaine à Ouagadougou ou à Bobo-Dioulasso, pour témoigner que la ville a été secouée par les évènements du 30 et du 31 octobre 2014. Ce sentiment va être bientôt confirmé par le secrétaire de la mairie qui, en l’absence du bourgmestre et de son premier adjoint, a bien voulu nous recevoir. Après les civilités, nous expliquons les raisons de notre présence. « Malheureusement le maire et son adjoint sont absents et je doute pouvoir être la personne indiquée qui puisse vous fournir des informations. Et comme vous pouvez le constater, tout fonctionne ici. Les agents sont à leurs postes ». Nous décelons dans son attitude une certaine méfiance. Qu’à cela ne tienne, nous revenons à la charge et nous lui faisons comprendre que nous étions là, pour prendre le pouls de la cité et savoir comment Ziniaré a vécu les journées des 30 et 31 octobre 2014. « Il n’y a rien eu de particulier. Le 31 (ndlr, le 31 octobre 2014), nous avons travaillé jusqu’à 12 heures, ensuite au regard de la situation, nous avons fermé dans l’après-midi ». « Comment avez-vous vécu les journées du 30 et 31 octobre ? », avions nous poursuivi. « Ce que je peux vous dire c’est que la ville était calme », nous a-t-elle rétorqués. Nous manifestons ensuite notre souhait d’aller visiter le parc animalier situé dans le domaine de l’ex-président du Faso. Sur ce, la secrétaire générale de la mairie appelle une certaine Elise Ouandaogo, la gestionnaire du parc et non sans avoir pris le soin de nous avertir qu’à cette heure-ci, (ndlr, aux environs de 11 heures), nous n’allons pas y voir grand chose car les animaux se reposaient dans la brousse. Ce conseil n’ébranlera pas notre envie de nous rendre au parc. Après quelques échanges, la gestionnaire du parc, nous fait savoir que d’habitude, elle arrête la vente des tickets à partir de 11 heures, nous déclinons notre identité histoire d’avoir une dérogation. Sous notre insistance, elle accepte et promet d’avertir le chef de poste du parc de notre arrivée. Quelques temps après, elle nous apprend qu’elle n’arrive pas à joindre le chef de poste, « Si vous tenez à vous y rendre, allez-y peut-être qu’avec un peu de chance vous allez pouvoir y entrer », nous suggère la gestionnaire du parc, de façon cordiale. Après cet entretien, nous décidons de faire un tour dans la ville histoire de nous faire une idée de l’ambiance qui prévaut. Là, nous constatons le désarroi des habitants. C’est une ville à moitié paralysée et dépourvue de toute d’ambiance que nous avons sillonnée. « Maquis » et autres gargotes qui jadis grouillaient du monde étaient presque désertés. Seul quelques inconditionnels de Bacchus s’y hasardaient. Même constat dans quelques marchés. Dans les échanges avec quelques habitants, nous avons appris qu’après l’assaut de l’Assemblée nationale, certains députés ont été transportés via hélicoptère au Conseil régional du Plateau-central. Certaines sources, nous ont révélé que parmi ces élus, deux blessés ont été admis dans un centre de santé de la ville. Et pour en revenir à l’ambiance des journées du 30 et 31 octobre, Edouard Nagalo, habitant de Ziniaré accepte de nous faire le récit. « Le 30, il n’ y a pas eu de manifestations ici. Cependant, la ville était calme. Les commerçants n’ont pas ouvert leurs boutiques, parce que des rumeurs laissaient croire que certains manifestants de Ouagadougou allaient marcher sur Ziniaré. Les classes étaient fermées et les élèves sont restés à la maison. Les gens pensaient effectivement que les manifestants de Ouagadougou allaient descendre sur Ziniaré. Mais, finalement tout est resté calme », a-t-il relaté. Avant de nous confier que les habitants vivent dans la peur, car ils ne savent de quoi sera fait les jours à venir. Il a déploré les pillages et les casses, car a-t-il dit, « Les manifestants ont cassé des magasins, des boutiques pour emporter des sacs de riz et de haricot destinés aux femmes enceintes et aux orphelins », nous a-t-il expliqué. Et à Patrice Compaoré également habitant de Ziniaré de renchérir, « Nous avons appris ici, que le président, a laissé le pouvoir, et qu’il a fui et que ça allait chauffer. Nous étions tous découragés. Il n’y a plus de marché, tout est paralysé. On ne sait pas comment nous allons nous en sortir ».
Les Compaoré toujours populaires à Ziniaré
En dépit du départ de Blaise Compaoré, on a constaté que l’homme, tout comme sa famille demeurent populaires. En effet, Ziniaré, regorge de bon nombre de résidences luxuriantes appartenant aux Compaoré, en dépit de la fièvre anti-compaoré et proches, aucune des résidences n’a été ciblée, ni attaquée. Du reste, dans notre tournée, nous avons appris que depuis les évènements, qui ont précipité la chute de Blaise Compaoré, sa redoutable sœur Antoinette Compaoré, qui faisait la pluie et le beau temps à Ziniaré, a aussi mis les voiles, tout comme certains membres de la famille qui restent introuvables. Après ce petit tour dans la ville, nous mettons le cap sur le parc animalier, pour nous faire une idée de l’entretien des animaux depuis que leur maître les a abandonnés. De plus, dans la ville des rumeurs selon lesquelles, les animaux étaient affamés. Surtout que ces mêmes rumeurs disaient que certains animaux étaient abattus pour nourrir les carnivores. Pas question donc pour nous de quitter Ziniaré sans en avoir le cœur net. Nous étions alors loin d’imaginer que nous allions vivre les pires moments de notre jeune carrière de journalistes quand nous mettions le cap sur la sortie Nord de Ziniaré.
Faut-il une autorisation spéciale de la présidence du Faso pour accéder au parc animalier
Arrivés au premier poste de contrôle situé à l’entrée du parc, nous demandons à nous entretenir avec le chef de poste. Un des deux militaires qui tenaient le poste, en civile nous fait savoir qu’il s’était rendu à Ouagadougou. Là, nous comprenons que les choses n’allaient pas être simples pour nous. Nous demandons à nous entretenir avec un des répondants du parc. C’est alors qu’avançant vers l’un des deux qui s’étaient retiré dans une bicoque, à notre grande surprise, nous fait savoir qu’il était le chef de poste. Nous lui expliquons les motifs de notre présence. Dans un ton ferme, il nous demande si nous disposons d’autorisation. Nous lui tendons nos cartes et autres badges de presse. Ces documents sont balayés du revers de la main. Selon le chef de poste, nous devions avoir des autorisations dûment procurées à la présidence du Faso. De surcroit, il nous intima de repartir. Pas de tergiversations, nous rebroussâmes chemin, surtout que l’homme montrait des signes de nervosité. Chemin faisant, nous décidons d’emprunter une route bitumée qui longeait la clôture du parc pour rejoindre le Conseil régional. Question aussi, au passage, de voir de près une somptueuse construction qui attisait la curiosité. Plus tard, nous apprendrons que la somptueuse infrastructure en question, était la propriété de l’ex-petit président du Faso. Mais après cette galère!
Sale quart d’heure pour les reporters
Curiosité quand tu nous tiens ! Nous ne savions pas que nous allons passer un sale quart-heure. Pendant que nous cheminons vers la résidence, et à quelques mètres de là, surgit d’un arbre dressé en face de la somptueuse maison en question, un individu vêtu tout en noir et armé d’un fusil d’assaut muni d’un double chargeur qu’il pointa sur nous. « Descendez du véhicule et couchez-vous à terre », nous intime-t-il d’un regard furieux et tremblant de courroux. La peur au ventre, nous nous exécutons. « Que faites-vous ici, et qui vous a envoyé ? », nous interroge-t-il. Avant que nous puissions bredouiller une quelconque réponse, la Kalachnichov pointé sur nous, l’individu nous repose la même question, tout en nous intima l’ordre de vider nos poches. Chose qui fut faite à la vitesse de l’éclair. A la vue de nos cartes de presse et de l’appareil photo, la même question est reprise sous un ton menaçant. Nous répondons que nous étions des journalistes et que nous revenons du parc animalier pour un reportage. Le quidam, apparemment sous l’emprise de certaines substances, continue de nous menacer avec son arme. « Vous, faire du reportage ? Ok, vous allez voir, vous allez faire un vrai reportage. C’est vous qui avez gâté le pays et vous venez ici pour… », maugréa-t-il. A cet instant précis, certains faisaient leurs dernières prières avec des signes de croix confus, car ils pensaient que leur sort était scellé et que nous y allions laisser notre peau. D’autres se confondaient dans des supplications du genre : « grand frère pardon ! Pardon grand frère ! Vous êtes avec vos petits frères ! Nous promettons de ne plus mettre pied vers ici ! Notre bourreau se ravisa et prit, les mains tremblantes, son téléphone pour informer son supérieur qui était dans la résidence de sa prise. Celui-ci, quelques minutes plus tard, arriva et nous demanda ce que nous faisions là. Nous lui, réitérons la réponse que nous avions servie précédemment. Le supérieur, qui d’ailleurs sera notre sauveur, après nous avoir observés quelques minutes, nous fit le geste de nous relever et de nous en aller. Un ouf de soulagement. Mais certains étaient déboussolés par la peur bleue dans laquelle ils étaient toujours plongés. « On passe par où chef ? », demanda d’un ton mouillé de peur un de notre équipe déboussolé par la peur bleue qui nous habitait. « Vous ne savez pas par où vous êtes venus ? », interrogea en guise de réponse l’homme au fusil. Nous rebroussâmes chemin sans attendre notre reste. Et là aussi avec une vitesse très mesurée par peur de commettre un autre faux pas. Il fallait quitter au plus tôt les lieux parce que les étrangers que nous sommes étaient désormais sur les fichiers des agents de renseignement maintenant. Et dans cette ville devenue comme un Etat dans un autre, il ne fait pas de doute que la liberté de presse n’ait plus droit de citer1

Par Natosobsida et
Saphnapanéa Pauldroit
« L’avenir du pays nous appartient à tous »
Désiré Béyi, secrétaire général du CDP, section d’Oubritenga
Le constat que l’on peut faire ici, c’est qu’il n’y a pas eu de casses ni de saccages. Qu’est ce qui a prévalu à cette situation de quiétude ? Peut-on dire que la cohésion a transcendé les clivages politiques ici ?

Au delà des revendications, je pense que les casses et les pillages nous ramènent en arrière. Je me demande comment on va rétablir l’équilibre afin de permettre au Burkinabè de vivre encore en paix. A Ziniaré ici, quand on parle de casse, la question est ‘’qui va casser et qu’est-ce qu’il va casser’’. Ici, il n’ y a pas eu de casse, parce que avant tout, qu’on le veuille ou pas, les oubritengalais sont à 98 % militants du CDP. Ici, nous sommes déçus de ce qui s’est passé.

Est-ce que vous estimez que le moment est opportun à la participation de votre parti au processus de transition ?
Quand on parle de transition, toutes les sensibilités doivent être représentées. Si toutes les sensibilités doivent être prises en compte, je ne vois pas pourquoi l’ex parti majoritaire ne sera pas représenté. Sinon ce sera la marginalisation d’un groupe. Et j’ai peur qu’on ne crée ainsi d’autres problèmes. Je pense que c’est tout un ensemble qui doit assurer la transition afin de permettre des élections transparentes. La transition, c’est pour pouvoir organiser les élections. Donc, si l’ex parti majoritaire est associé, il lui appartiendra de travailler de concert avec tout cet ensemble pour organiser des élections fiables.

Etes- vous favorables à une transition civile ou militaire ?
Je ne dirai pas que je suis pour une transition civile ou militaire. L’essentiel pour nous, est que nous retrouvons la paix d’antan. Si c’est une transition militaire qui va conduire le peuple à des élections libres et transparentes, pourquoi pas ? ce que nous souhaitons c’est que les Burkinabè s’entendent parce que le Burkina c’est pour nous tous et nous avons intérêt à travailler ensemble pour qu’il se développe. Donc, une transition civile ou toute autre chose, c’est une transition qui doit être à même d’assurer la tranquillité, la sécurité des biens et des personnes pouvant aboutir à des élections libres et transparentes. Je demande à chaque Burkinabè de considérer que l’avenir du pays nous appartient à tous. Aujourd’hui ce n’est pas la peine de crier ça et là qu’une telle personne a fait ceci ou cela. De toute façon, chacun de nous à jouer son rôle dans le développement de ce pays. L’important pour nous est que tout le monde s’unisse pour amener le pays en avant.

Propos recueilli par Saphnapanéa
Pauldroit et Natogsida
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