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Burkina : le lieutenant-colonel Zida, de l’ombre à la lumière
Publié le vendredi 7 novembre 2014  |  AFP
Burkina
© aOuaga.com par G.S
Burkina : première conférence de presse du chef de l`Etat de la transition
Jeudi 6 novembre 2014. Ouagadougou. Conseil économique et social (CES). Le chef de l`Etat de la transition, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, a animé sa toute première conférence de presse depuis son arrivée aux affaires le 31 octobre après la démission forcée de Blaise Compaoré de ses fonctions de président du Faso




Ouagadougou - Inconnu des Burkinabè il y a encore une
semaine, le lieutenant-colonel Issac Zida, intronisé par l’armée chef de
l’Etat transitoire du Burkina Faso, gagne en assurance au fur et à mesure des jours passés au pouvoir, un pouvoir qu’il doit rendre rapidement à un civil.
Son "coming-out" médiatique vendredi dernier a surpris tout le monde. Au milieu de la nuit, le numéro 2 de la garde présidentielle de Blaise Compaoré
déclare "assumer" les responsabilités de "chef de l’Etat", une douzaine d’heures à peine après le chef d’état-major de l’armée, le général Nabéré
Honoré Traoré.
Deux militaires voulaient alors diriger le pays, après la démission du président Compaoré, aux affaires depuis 27 ans. L’armée a tranché samedi,
préférant le moins gradé, 49 ans, à son aîné, considéré comme trop proche de
l’ex-président.
Un immense point d’interrogation a entouré ce choix. Qui donc était Isaac
Zida ? Et pourquoi voulait-il le pouvoir ?
"Ce qui nous inquiète, c’est que c’était un adjoint au Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Est-ce que Blaise n’est pas à la manoeuvre?", s’interroge alors une source sécuritaire occidentale.
Solide gaillard à la fine moustache et aux lunettes sans montures, formé au
Centre d’entraînement commando de Pô (sud du Burkina), un lieu stratégique du
pouvoir, Zida a intégré en 1996 la garde présidentielle, dédiée à la sécurité
de Blaise Compaoré, dans laquelle il a effectué toute sa carrière.
Une telle proximité avec l’ex-chef d’Etat discrédite a priori ce soldat
toujours en uniforme, béret rouge vissé au crâne.
Mais "il prend de vitesse" son mentor et supérieur hiérarchique, le général
Gilbert Diendéré, chef d’état-major personnel et intime de Blaise Compaoré,
quand il se déclare au monde, observe un diplomate. Le général Diendéré n’est
pas mis au courant des projets de son numéro 2, confirme un membre du RSP.
"Intelligent" et "convaincu", selon tous ses interlocuteurs, le lt-colonel
Zida semble à ce moment disposer de l’aval de la société civile, qui voit dans
une transition militaire un moindre mal après quelque trois décennies de règne
sans partage, puis une chute aussi rapide qu’inattendue de Blaise Compaoré.
Les tirs dimanche de l’armée pour disperser une foule rassemblée devant
l’immeuble de la télévision publique, qui font un mort, changent la donne. La
crainte qu’il ne cherche à garder le pouvoir gagne la communauté
internationale.

- ’Realpolitik’ -

Les Etats-Unis le mettent d’abord en garde. Puis l’Union africaine menace
lundi le Burkina Faso de sanctions s’il ne rend pas dans les quinze jours le
pouvoir aux civils.
L’argument porte chez cette homme "lucide", qui "tient compte de la
realpolitik", analyse Marius Ibriga, constitutionnaliste et président d’ONG.
Le même jour, le lt-colonel, qui "n’a pas eu le temps de prendre goût au
pouvoir", selon Abdoul Karim Sango, un juriste et politologue, s’arme de son
bâton de pèlerin et commence à rencontrer toutes les parties prenantes d’un
dialogue national "inclusif".
Ex-opposition, ancienne majorité, autorités coutumières, religieuses,
armée, société civile... l’homme, qui semble "attaché au compromis", paraît ne
vouloir "marginaliser personne", pas même les pro-Compaoré, malgré la haine
qu’ils suscitent désormais dans les autres franges de la population, estime
Fernand Sanou, un sociologue de Ouagadougou.
Sa carrure s’épaissit en quelques jours, épousant celle d’un chef d’Etat,
alors qu’il multiplie les tractations pour permettre une transition "civile",
de préférence dans les salles peu fastueuses du Conseil économique et social.
C’est là qu’il a pris ses quartiers, délaissant le camp militaire où est basé
le RSP et se gardant bien de s’installer dans le palais présidentiel déserté.
Mardi, le patron du parti de Blaise Compaoré, Assimi Kouanda, est arrêté
pour avoir tenu "des propos qui pouvaient troubler l’ordre public", indiquant
une reprise en main de la sphère politique.
Mercredi, c’est en posture de chef d’Etat que le lt-colonel Zida accueille
à l’aéroport les présidents ghanéen, sénégalais et nigérian, venus en
médiateurs au Burkina Faso. Poignées de mains et accolades sont échangées
devant les caméras.
Souvent silencieux, prompt à s’engouffrer dans son 4X4 noir sans un mot
pour les médias, il organise jeudi une conférence de presse où il défie
l’Union africaine, écartant d’un revers de main ses menaces de sanctions.
"Le délai qu’on nous a imposé (...) ce n’est pas véritablement une
préoccupation pour nous", déclare-t-il. "L’UA peut dire +dans trois jours+, ça
n’engage que l’Union africaine".
Ce "croyant" protestant, "calme et conciliant", n’est "pas intéressé par le
pouvoir", martèle pourtant une source militaire, ce que confirme Marius Ibriga.
Le lt-colonel Zida, "homme de parole", n’a "aucunement le désir de
confisquer la victoire du peuple", affirme M. Ibriga. "Nous lui avons dit
qu’en agissant de la sorte, il sortira par le haut." Achevant sa mue de soldat
inconnu en homme providentiel.

roj-jf/ayv/de/jlb
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