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Le Pays N° 5257 du 13/12/2012

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MALI : Que veut-on vraiment à Bamako ?
Publié le vendredi 14 decembre 2012   |  Le Pays


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© Autre presse par DR
Le Premier ministre malien Cheik Modibo Diarra


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L’ingénieur-Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, est finalement parti. Vive l’administrateur Diango Cissoko pour que survive le Mali ! Le nouveau venu s’apprête à composer un gouvernement d’union nationale. Il entend travailler en priorité à la reconquête du Nord et à l’organisation d’élections. En tout cas, si certains en doutaient, le capitaine Sanogo et ses hommes viennent de confirmer qu’ils sont toujours les maîtres de la situation à Bamako. Mais, qui oserait encore parier que demain tout ira vraiment mieux au Mali ? Aurait-on pu éviter ce qui est arrivé à l’ex-Premier ministre Cheick Modibo Diarra ? A priori, on ne saurait le dire. Il a été poussé à la démission après avoir été arrêté à Bamako sur ordre du capitaine Sanogo, le chef des putschistes du 22-Mars.

En neutralisant le Premier ministre Diarra pour ensuite le limoger, les patrons de l’ex-junte ont, à nouveau, donné la preuve que la communauté internationale peut toujours courir. Les vrais maîtres au Mali, ce sont eux ! Personne d’autre. Un rôle dépassant donc de loin celui qui est dévolu au président Dioncounda lui-même, lequel est pourtant investi de telles charges, suivant la Constitution de 1992. Reste à savoir si le chef de l’Etat lui-même est bien libre dans sa tête et dans ses prises de décisions. On avance à Bamako qu’il y avait une guerre de tranchées entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement. Mais, le second parti, rien ne prouve que le premier aura vraiment les coudées franches. Un successeur a été trouvé en la personne de M. Cissoko. Toutefois, en dépit de son envergure et de sa vaste expérience de la vie de l’Etat et de ses institutions, le médiateur-Chef de gouvernement pourrait bien être gêné dans sa mission par le camp Sanogo à un moment donné ou à un autre. D’ailleurs, on a de plus en plus du mal à croire que l’intervention armée aura lieu, étant donné la difficulté d’obtenir un consensus au niveau des Maliens eux-mêmes.

A aucun moment, ils ne donnent l’impression de vouloir d’une cohésion de longue durée. Etant donné les incertitudes qui planent de plus en plus sur la prise de décision à Bamako, il ne paraît pas si évident de voir les Nations Unies s’empresser de faciliter le déclenchement des opérations armées au niveau de la CEDEAO. Les Maliens sont-ils vraiment conscients de l’embarras dans lequel ils plongent les autres pays ouest-africains et l’ensemble de la communauté internationale ? L’on a peine à croire qu’ils sauront faire du sérieux avec le nouveau Premier ministre dont tout le monde loue le sens de l’Etat, de l’écoute et de la concertation. Avec tout ce qui se passe depuis l’occupation du Nord-Mali, l’Afrique perd patience et se demande si vraiment tous ceux qui s’agitent fébrilement sur les bords du Djoliba sont réellement décidés à défendre l’intégrité du territoire malien. Quel agenda caché nous réserve donc cette classe politique qui ne cesse de donner le dégoût d’elle-même, et qui donne le sentiment qu’elle se préoccupe peu des souffrances de ses compatriotes de la zone occupée ? A force de décevoir, la classe politique malienne finira bien par décourager toutes les bonnes volontés. Il est très facile de spéculer autour des tasses de thé dans le confort des salons feutrés de Bamako.

On semble s’amuser à faire et à défaire les gouvernements pendant que d’autres filent du mauvais coton au Nord. Qu’a-t-on réellement fait pour aider l’attelage Traoré-Diarra à fonctionner véritablement ? L’un comme l’autre semblent avoir été abandonnés à leur triste sort. Aujourd’hui, les vrais responsables du calvaire du peuple malien semblent acclamer ce qui constitue pourtant un échec pour l’ensemble des acteurs. A certains moments, l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra a peut-être cru devoir se préparer pour la guerre des étoiles. Il n’avait alors plus les pieds sur les terres du Sahel ! Mais, son départ nous paraît trop précipité et suspect. Surtout que l’intéressé se préparait à voyager. Aurait-on cherché à devancer l’iguane dans l’eau ? En d’autres termes, l’ex-Premier ministre malien aurait-il été « démis », pour couvrir un éventuel départ envisagé par lui-même ? Vu l’imbroglio malien, une telle hypothèse nous semble bien plausible. Il faut arrêter de dénigrer un homme qui rêvait aussi de mettre son pays sur orbite. Il aura appris à ses dépens qu’en politique, les Africains francophones ne sont pas toujours aussi disposés à faire la place à leurs compatriotes qui rentrent d’exil. Même s’ils ont fait leurs preuves en Occident.

Toujours est-il que l’homme, accusé de tout et suspecté d’avoir des ambitions présidentielles, est aujourd’hui déchargé du poids de l’autorité gouvernementale. A ceux qui ont favorisé ou applaudi son départ, de travailler beaucoup plus sérieusement à renforcer la cohésion au sein de la classe politique malienne, et à trouver rapidement une solution aux problèmes du Nord occupé par les islamistes. C’est regrettable, mais l’opinion a bien du mal à suivre les acteurs politiques du Mali. Où vont-ils et que veulent-ils exactement ? Plutôt que de nous désigner des boucs émissaires, ils doivent aujourd’hui convaincre les Africains et la communauté internationale de leur sérieux, et surtout de leur détermination à libérer le Nord des griffes des islamistes, terroristes et narco-trafiquants. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut éviter de nous replonger dans les mêmes incertitudes avec l’équipe gouvernementale que s’apprête à mettre en place le nouveau Premier ministre. M. Cissoko étant reconnu de tous comme un homme providentiel, il revient à ceux qui l’ont sollicité autant qu’aux autres protagonistes, de l’aider à trouver le compromis salvateur, afin que la barque malienne ne reste pas enlisée dans les rives sablonneuses du fleuve Djoliba.

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