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A Ouagadougou, la fièvre retombe, pas la vigilance (REPORTAGE)
Publié le mercredi 5 novembre 2014  |  AFP
Ouaga
© aOuaga.com par G.S
Ouaga : du monde à la Place de la nation et à l`état-major des armées
Vendredi 31 octobre 2014. Ouagadougou. Une marée humaine s`est retrouvée à la Place de la nation et à l`état-major général des armées attendant le nom de la personne qui va remplacer Blaise Compaoré démissionnaire de ses fonctions de président du Faso




Sur la Place de la Nation à Ouagadougou, haut lieu des manifestations qui ont chassé le président burkinabé Blaise Compaoré, un dernier irréductible, le front ceint d’un bandeau rouge, cuve dans l’indifférence.
La vaste esplanade, flanquée par un monument d’allure soviétique orné d’une fresque et surmonté d’un flambeau rouge, a accueilli les quatre derniers jours d’octobre des centaines de milliers de manifestants. Elle est aujourd’hui totalement vide.
On n’y voit aucune présence militaire ou policière, bien que le camp du "Groupement central des armées" et le siège du Conseil constitutionnel soient tout proches. Sur le mur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui fait face à la place, quelques graffitis rappellent le soulèvement
populaire.
Un portrait de Blaise Compaoré au pochoir est barré d’une croix rouge. A côté sont bombées des injures contre le président déchu : "dictateur", "Ebola" ou "makindé", une insulte à connotation sexuelle en langue moré.
"C’était du jamais vu, quatre jours sans dormir", se souvient Mohamed Ouédraogo, un étudiant en physique de 33 ans, encore dans l’euphorie des manifestations.
Mais la bataille n’est pas terminée. "La population a peur que les militaires gardent le pouvoir", explique-t-il.
Le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, ancien numéro deux de la garde présidentielle qui a pris la tête du régime de transition, a "promis de le rendre, mais il peut changer d’avis à tout moment".
"Les gens sont méfiants, sur les marchés, ils se demandent si Zida ne va pas créer son propre parti" et se présenter aux futures élections, souligne Mohamed Ouédraogo, qui reste mobilisé : "On a demandé un changement, s’il n’y a pas de changement on repart dans les manifestations".
L’armée, qui a pris les rênes du pays, doit remettre "le pouvoir aux civils, c’était un soulèvement populaire", rappelle-t-il.
"On ne veut plus qu’un militaire gouverne le pays, au Burkina, cela fait plus de 40 ans que les militaires gouvernent"", explique de son côté Maxime Kiendrébéogo, qui tient un petit étal de rue près de la place d’où il s’est joint aux manifestations.

- ’Nous on va sortir encore’ -

Blaise Compaoré avait arraché le pouvoir en 1987 à son frère d’armes Thomas Sankara, poursuivant la lignée ininterrompue de coups d’Etat militaires qu’a connu l’ancienne Haute-Volta depuis le milieu des années 1960.
Pour Karim Ouédraogo, 30 ans et commerçant de rue lui aussi, les Burkinabè ont montré en manifestant en masse qu’ils n’accepteraient plus que quiconque s’accroche au pouvoir: "C’est sûr que les militaires vont quitter (le pouvoir), Zida lui-même le sait, il sait de quoi la population est capable maintenant".
"S’il veut rester, nous on va sortir encore" dans la rue, confirme Zacharia Zoma, un chauffeur de taxi quinquagénaire.
Tout en se faufilant entre les cyclomoteurs, rois des rues de la capitale, il estime que le retour à la normale à Ouagadougou ne sera durable que si les militaires tiennent leurs promesses.
"S’ils durent (au pouvoir), ça va faire des problèmes", prévient-il.
Pour tous ces Burkinabè, il n’est pas question non plus de voir les hiérarques du régime déchu participer à la transition ou tenter de retrouver des postes à responsabilité.
"Les gens qui étaient avec Blaise, ce n’est pas possible qu’ils restent", estime Zacharia Zoma.
"La tête du pouvoir a démissionné mais ses amis sont toujours là", constate Mohamed Ouédraogo.
Tous veulent aussi que Blaise Compaoré et son frère François, son éminence grise accusé de tous les maux par les Burkinabè, soient jugés au Burkina. Les deux hommes sont réfugiés respectivement en Côte d’Ivoire et au Bénin.
Même si deux de ses amis ont été tués durant la répression des manifestations, Mohamed Ouédraogo n’estime pas nécessaire que les soldats ou policiers ayant ouvert le feu soient jugés. "Les militaires ont fait leur travail, leur travail c’est de tirer sur les gens", estime-t-il.
Devant la place, dans son taxi, dont la boîte à gants s’orne d’autocollants de Sankara, Zacharia Zoma s’étonne encore d’avoir participé à la chute de Blaise Compaoré: "Je pensais que ce serait plus dur de le faire partir".


ayv/de/ck/jpc
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