Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Burkina: après la chute de Compaoré, la population entre crainte et espoir à Bobo-Dioulasso
Publié le lundi 3 novembre 2014  |  AFP
Ouaga
© aOuaga.com par G.S
Ouaga : du monde à la Place de la nation et à l`état-major des armées
Vendredi 31 octobre 2014. Ouagadougou. Une marée humaine s`est retrouvée à la Place de la nation et à l`état-major général des armées attendant le nom de la personne qui va remplacer Blaise Compaoré démissionnaire de ses fonctions de président du Faso




Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) - La circulation a repris lundi à Bobo-Dioulasso autour de la place Blaise-Kadhafi, où la statue de l’ex-dictateur libyen trône désormais seule, celle de l’ancien président burkinabé Blaise Compaoré ayant été déboulonnée.

De sa petite échoppe qui donne sur le rond-point, Sibré Yaméogo raconte les lieux noirs de monde jeudi, les jeunes qui poussent à la force du bras la grande structure en bronze. Et les cris de joie quand elle tombe. Une fois à terre, "ils frappaient encore la statue avec des bâtons", se souvient-il.

Une heure après les faits, les services municipaux sont venus récupérer l’effigie présidentielle, selon le kiosquier de 43 ans. Le défunt guide suprême libyen, lunettes carrées et tenue de bédouin, fixe désormais sans son compagnon les innombrables mobylettes pétaradant dans la deuxième ville burkinabè.

Les Bobolais oscillent depuis cinq jours entre pics de peur et moments de calme, au rythme de l’actualité à Ouagadougou, la capitale distante de 400 km au nord-est.

"On regarde ce qui se passe là-bas. Ensuite ça vient ici", explique Adama Salou, un employé de 28 ans.

Jeudi, alors que des émeutiers incendiaient l’Assemblée nationale dans la capitale, la mairie est partie en flamme à Bobo-Dioulasso, tout comme la demeure du maire. Un 4X4 carbonisé accueille le visiteur à proximité de cette dernière et l’entrée de la propriété est bouchée par un autre voiture brûlée.

Rien ne subsiste ou presque de la bâtisse de l’édile, Salia Sano, qui après trois mandats de député achevait son deuxième quinquennat à l’Hôtel de ville.
Si les murs de la maison, d’une taille moyenne, sont encore debout, tout le reste n’est que cendre.

"Quand les gens sont venus jeudi, ils ont tout brûlé. Ils n’ont pas cherché à comprendre", explique son fils Hamed, 37 ans, dont le tee-shirt sans manche dévoile des bras imposants. Les canapés, la télévision, la literie, qui auraient pu être volés puis revendus, sont simplement partis en fumée.

profession ferrailleur, lui-même "apolitique" et dont la moto est ornée d’un auto-collant vieillissant de Thomas Sankara, l’ancien président burkinabé assassiné en 1987 durant le putsch qui conduisit Blaise Compaoré au pouvoir.

"Mais le lendemain les pillards sont arrivés", poursuit-il devant un tas de tracts de l’ex-chef de l’Etat intitulé "Blaise Compaoré: vingt ans de démocratie et de progrès".


- le palais de justice brûle -

Vendredi, alors que l’armée se divise sur le nom de son successeur, le palais de justice brûle à "Bobo". "Moi, j’étais sur le front. Les gens n’étaient pas d’accord pour incendier le tribunal, rappelle Adama Salou, qui travaille dans un hôtel. Mais les délinquants l’ont emporté".

Un ouragan semble s’être abattu sur la demi-douzaine de bâtiments du complexe judiciaire. A l’arrière, des dizaines de voitures sont alignées, calcinées. A l’avant, une photocopieuse sur le flanc, qui ne photocopiera jamais plus: "S’il y avait un mot plus fort que désastre...", soupire une employée.

"Certains lieux étaient ciblés: l’instruction, le parquet, le tribunal d’instance", constate-t-elle, quand des centaines de feuilles, procès-verbaux, documents sensibles, imprimés divers, volettent au gré du vent. Et de pester: "c’est à eux qu’ils ont fait du tort. Maintenant, il va être impossible d’obtenir le moindre document. Le tribunal est fermé."

Samedi a été un jour de détente. Le couvre-feu, initialement fixé à 19 heures a été reculé de trois heures. Les commerces ont rouvert et la vie a repris pour quelques heures. Mais Bobo se calfeutre le lendemain, alors que l’armée tire pour éloigner la foule de la télévision nationale à Ouagadougou, faisant un mort.

"C’était la peur, témoigne Alexandre Bayala, un cadre de 38 ans. La population paniquait un peu avec les militaires qui ne veulent pas lâcher le pouvoir. On se demande si l’armée n’est pas là contre le peuple".

Le commerce a redémarré lundi. La veille, "il y a eu une déclaration à la télé pour que tout le monde retourne au travail", remarque le kiosquier Yaméogo. Des ouvriers démontent une tribune érigée en l’honneur de Blaise Compaoré dont la venue était annoncée pour "la fête de l’armée" du 1er novembre, jour de sa démission.

Les élèves en uniforme vont et viennent. Des rires d’enfants se font entendre dans un cadre surprenant: La mairie détruite est devenue un terrain de jeu. L’un d’entre eux, plus sérieux, place quelques fils de cuivre et des boîtiers en plastique qu’il compte revendre dans un petit sachet. "Il ne reste plus rien d’autre, déplore-t-il. Les gens ont tout cassé".


jf/eak/de/jpc
Commentaires