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Burkina: l’armée prend le pouvoir après une journée d’émeutes, Compaoré refuse de démissionner
Publié le vendredi 31 octobre 2014  |  AFP
UEMOA
© aOuaga.com par G.S
UEMOA : 20 ans au service de l`intégration économique
Lundi 20 octobre 2014. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Les chefs d`Etat et de gouvernement des pays membres de l`Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) se sont retrouvés pour célébrer le 20e anniversaire de l`organisation commune placé sous le thème "UEMOA, 20 ans, les voies d`un développement solidaire". Photo : Blaise Compaoré, président du Faso




Ouagadougou - L’armée a pris le pouvoir jeudi soir au Burkina Faso, où le président Blaise Compaoré a refusé de démissionner malgré des émeutes sanglantes contre son régime, un blocage faisant planer de lourdes incertitudes pour les journées à venir.
Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d’assaut, violences en province, appels à la démission du président: le Burkina s’est enflammé jeudi, et cette crise a provoqué l’intervention des militaires.
Les troubles ont fait une trentaine de morts et plus de cent blessés, a
indiqué l’opposition, sans préciser si le bilan était national ou s’il ne concernait que Ouagadougou. L’AFP n’a pu confirmer que quatre victimes et six blessés graves, ces derniers étant tous soignés à l’hôpital... Blaise Compaoré, le plus grand de la capitale.
Jeudi soir, des tirs ont résonné aux abords de la présidence, sans qu’il soit possible de s’en approcher, des soldats de la garde présidentielle très
nerveux en interdisant l’accès, a constaté l’AFP.
Le chef d’état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, dans un communiqué lu
par un officier, a annoncé la création d’un "organe de transition", en charge des pouvoirs exécutifs et législatifs, dont l’objectif est un retour à l’ordre
constitutionnel "dans un délai de douze mois".
Le président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1987,
a déclaré au cours d’une allocution télévisée avoir "compris" le message de la
population et pris "la juste mesure des fortes aspirations au changement".
Il n’a toutefois pas évoqué une éventuelle démission, se disant à l’inverse
"disponible" pour "ouvrir des pourparlers" pour "une période de transition" à
l’issue de laquelle il "(transmettra) le pouvoir au président démocratiquement
élu".
Des propos qui ont fait bondir Bénéwendé Sankara, un ténor de l’opposition,
pour qui le départ du président est "un préalable non négociable". "Pendant 27
ans, Blaise Compaoré a roulé tout le monde dans la farine. Là, il est encore
en train de duper, de ruser avec le peuple", a-t-il déploré.

- Couvre-feu -

Un couvre-feu est désormais imposé "sur l’ensemble du territoire de 19h à
6h". Il est plus ou moins sérieusement respecté à Ouagadougou, ont constaté
des journalistes de l’AFP.
A l’inverse, le président burkinabè a levé jeudi soir l’état de siège qu’il
avait lui-même décrété dans l’après-midi.
La prise de pouvoir de l’armée est pour l’instant assez mal acceptée par
les manifestants, qui dénoncent la personnalité du chef d’état-major, qualifié
de "pion du pouvoir" par Mohamed Rabo, un étudiant de 26 ans, qui "réclame"
Kouamé Lougué, un général en retraite au fort capital de sympathie.
"Nous voulons Lougué", a renchéri une femme, qui a souhaité garder
l’anonymat.
Ce même Kouamé Lougué, ancien chef d’état-major et ministre de la Défense
jusqu’à son limogeage en 2004, à qui des dizaines de milliers de manifestants
ont demandé de prendre le pouvoir dans un rassemblement jeudi après-midi.
L’ancien militaire, qui a rencontré les plus hauts gradés du pays, s’est
aussi entretenu avec une autorité coutumière très respectée dans le pays, le
Mogho Naba, le "roi" des Mossi, l’ethnie la plus nombreuse au Burkina.
Blaise Compaoré, lui-même Mossi, a participé à trois putschs, dont le
dernier lui a permis d’arriver au pouvoir en 1987. Malgré deux septennats
(1992-2005) puis deux quinquennats (2005-2015) et 27 ans de règne, il
souhaitait se maintenir aux affaires après 2015, ce que ne lui permettait pas
la Constitution.
Les manifestations de jeudi ont été causées par sa volonté de faire réviser
pour la troisième fois - après 1997 et 2000 - l’article 37 la Loi
fondamentale, qui fixait à deux le nombre maximum de quinquennats
présidentiels.
Plus tôt dans la journée, le régime a tenté de calmer les esprits en
annonçant l’annulation du vote du projet de révision constitutionnelle, prévu
jeudi, mais qui ne s’est jamais tenu.
Les opposants se prenaient ces derniers jours à rêver d’un renversement du
régime, longtemps considéré comme l’un des plus stables de la région.
Un "printemps noir au Burkina Faso, à l’image du printemps arabe", lançait
mercredi l’opposant Emile Pargui Paré.
Mardi, des centaines de milliers de personnes - un million, selon
l’opposition - étaient descendues dans la rue à Ouagadougou pour dénoncer un
"coup d’Etat constitutionnel".
Face à ce que le gouvernement sénégalais a qualifié de "soulèvement
populaire", l’Union africaine a fait part de sa "profonde préoccupation" et
appelé "toutes les parties concernées à faire preuve de la plus grande
retenue".
L’Union européenne a lancé un appel à "engager rapidement un dialogue" et à
mettre fin aux violences.
Partenaires du Burkina Faso, qui joue un rôle-clé dans l’instable zone
sahélienne, Paris et Washington étaient auparavant montés au créneau. La
France, ex-puissance coloniale, a plaidé pour un "retour au calme" et les
Etats-Unis ont exprimé leur "vive inquiétude". L’ONU, comme l’UA, a décidé
d’envoyer sur place un émissaire.
bur-jf-tmo/mf
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