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Burkina: journée calme à Ouagadougou, à la veille d’un vote crucial
Publié le jeudi 30 octobre 2014  |  AFP
Ouaga
© aOuaga.com par G.S
Ouaga : des stations-services prises d`assaut
Lundi 27 octobre 2014. Ouagadougou. Des clients ont pris d`assaut des stations-services après des informations faisant état de leur fermeture à partir du 28 octobre




Ouagadougou- Ouagadougou a connu un mercredi calme mais se préparait à un jeudi à haut risque, l’opposition burkinabè ayant appelé à marcher sur l’Assemblée le jour du vote d’un projet de révision constitutionnelle permettant le maintien au pouvoir du président Blaise Compaoré.

Alors que des centaines de milliers de personnes avaient arpenté les rues de la capitale la veille - un million selon l’opposition -, le mot d’ordre de "grève générale" lancé pour mercredi a été faiblement suivi.

Les services publics et certaines grosses entreprises ont certes tourné au ralenti, faute de personnel.

Mais la marche du jour n’a rassemblé que quelques milliers de personnes, dans une ville retrouvant sa normalité: commerces rouverts, routes davantage fréquentés, quoique moins que d’habitude.

Mardi, Ouagadougou semblait au contraire une ville morte, surtout pendant les violences ayant opposé plusieurs centaines de jeunes, munis de barres de fer et de pierres, aux forces de l’ordre, qui avaient fini par les évacuer. De premières échauffourées s’étaient produites dans la nuit de lundi à mardi.

Les affrontements ont fait au total cinq blessés, selon Ablassé Ouédraogo, ancien ministre de Blaise Compaoré devenu opposant.

Pour éviter cela, un important cordon policier encadrait la marche de mercredi, rythmée par le slogan "Libérez Kosyam" - le palais présidentiel -, et qui s’est achevée dans le calme.

L’examen jeudi par l’Assemblée du projet de loi visant à modifier la Constitution, pour porter de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels, pourrait bien davantage échauffer les esprits.

Ce changement permettrait à M. Compaoré, arrivé aux affaires par un putsch en 1987 et qui devait achever l’an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015), de concourir à nouveau à la présidentielle.

Pour justifier une telle révision, ses partisans invoquent le respect de la loi et de la volonté du peuple.

Mais l’opposition craint que ce changement de la Loi fondamentale, qui ne devrait pas être rétroactif, conduise le chef de l’Etat, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant 15 années de plus au pouvoir.


- ’Printemps noir’ -

Les ténors de l’opposition, depuis quelques jours, appellent donc le peuple à "marcher sur l’Assemblée" afin d’empêcher le vote.

"Le 30 octobre, c’est le printemps noir au Burkina Faso, à l’image du printemps arabe", a lancé Emile Pargui Paré, ex-candidat à la présidentielle et cadre d’un influent parti d’opposition.

"Nous marcherons sur l’Assemblée", a-t-il affirmé à l’AFP, comparant la journée à venir à la "prise de la Bastille".

Empêcher le vote s’annonce toutefois difficile.
Depuis mardi soir, une centaine de policiers quadrillaient l’avenue de l’Indépendance, autour de laquelle ministères, ambassades et surtout le Parlement sont disséminés.

Des centaines de militaires les ont rejoints mercredi pour sécuriser le quartier. Des véhicules armés ont été postés.

Les députés de la majorité dormiront en outre sous haute protection dans la nuit de mercredi à jeudi dans un hôtel voisin de l’Assemblée, a-t-on appris de sources concordantes.

L’établissement est désormais gardé par des éléments du régiment de la sécurité présidentielle, un corps d’élite, en tenue de combat, a constaté un journaliste de l’AFP, qui a croisé une vingtaine de parlementaires proches dupouvoir mercredi après-midi dans cet hôtel.

Lors de l’annonce de la révision constitutionnelle le 21 octobre, le gouvernement avait insisté sur "la convocation d’un référendum", nécessitant un vote au Parlement à la majorité simple, que détiennent les seuls députés du parti présidentiel.

Mais, avec le ralliement le week-end dernier de la troisième force politique à l’Assemblée, le pouvoir pourrait disposer du nombre de parlementaires nécessaire - les trois quarts de l’hémicycle, soit 96 sièges sur 127 - pour entériner directement la loi, sans passer par un référendum.

Un tel mode de révision ferait de nombreux mécontents au sein de la jeunesse. Quelque 60% des 17 millions d’habitants ont moins de 25 ans et n’ont jamais connu d’autre dirigeant que M. Compaoré.

L’Union européenne a appelé mercredi soir à l’abandon du projet de révision: "Tout ce qui risque d’affecter ou de remettre en cause la stabilité, le développement équitable et les progrès vers la démocratie doit être rejeté d’un commun accord afin de consolider l’unité nationale", a affirmé le service d’action extérieure de l’UE dans un communiqué.

L’actualité burkinabè sera très suivie sur le continent africain, alors qu’au moins quatre chefs d’Etat, en froid avec leur Constitution, préparent ou envisagent des révisions similaires pour se maintenir au pouvoir, au Congo Brazzaville, au Burundi, en République démocratique du Congo et au Bénin.


roh-jf/tmo/bap/mf
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