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Blaise Compaoré, ex-militaire putschiste au pouvoir contesté par la rue
Publié le mardi 28 octobre 2014  |  AFP
Taïwan
© Présidence par DR
Taïwan : Blaise Compaoré rencontre la communauté burkinabè et le personnel de l`ambassade
Dimanche 12 octobre 2014. Taipei (Taïwan). Au dernier jour de sa visite à Taïwan, le président du Faso, Blaise Compaoré, a rencontré la communauté burkinabè vivant dans ce pays et le personnel de l`ambassade du Burkina à Taïwan




Ouagadougou - Ancien militaire putschiste, le président burkinabè Blaise Compaoré, 63 ans, s’est imposé comme un incontournable médiateur dans les crises africaines, mais pour l’opposition il vise le "pouvoir à vie" après un règne déjà long de 27 ans.

"Je n’ai pas envie d’assister à l’effondrement de mon pays pendant que je me repose ou parcours le monde", avançait-il dans un entretien en juillet à l’hebdomadaire Jeune Afrique: il s’y montrait peu empressé de prendre sa retraite, se posant en garant de la stabilité de ce pays sahélien très pauvre.

Fidèle à sa réputation d’homme secret, M. Compaoré a longtemps tardé à dévoiler ses intentions, mais l’annonce d’un projet de révision constitutionnelle qui lui permettrait de se représenter à la présidentielle en 2015 et même, selon l’opposition, d’atteindre 43 années de règne, a jeté mardi des centaines de milliers de Burkinabè dans la rue.

Né le 3 février 1951 à Ouagadougou, appartenant à l’ethnie mossi, la plus importante du pays, le "beau Blaise", ex-capitaine au physique avantageux, a 36 ans lorsqu’il prend le pouvoir en 1987 par un coup d’Etat, le troisième auquel il participe.

Au cours de ce putsch est tué son frère d’armes et ami d’enfance, le capitaine Thomas Sankara, père de la "révolution démocratique et populaire".

Après la "rectification" au début de son règne, destinée à tourner la page des années Sankara et marquée par l’élimination d’opposants, Blaise Compaoré quitte l’uniforme et, en 1991, rétablit le multipartisme.

Cela ne l’empêche pas de modifier deux fois l’article 37 de la Constitution définissant le nombre de mandats présidentiels et leur durée.

En 1991, la Loi fondamentale instaure l’élection du président pour sept ans, renouvelable une fois. L’expression "une fois" est supprimée en 1997, permettant un exercice du pouvoir à vie.

Mais "l’affaire Zongo", du nom d’un journaliste retrouvé mort, avec trois autres personnes, alors qu’il enquêtait sur un meurtre impliquant le frère du président, provoque une grave crise politique peu après sa réélection en 1998.

En 2000, la Constitution est amendée: le septennat devient quinquennat, renouvelable une fois. Le Conseil constitutionnel autorise toutefois la candidature de Blaise Compaoré en 2005, au nom de la non-rétroactivité d’une révision de la Loi fondamentale.

M. Compaoré devrait terminer en 2015 son deuxième quinquennat, après avoir effectué deux septennats (1992-2005).

Le projet de loi contesté dans la rue par l’opposition et une bonne part de la société civile ferait passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.

Selon ses détracteurs, ce changement permettrait au président du "pays des hommes intègres" d’ajouter 15 ans de plus aux 28 qu’il aura déjà vécus au sommet de l’Etat.

- Médiateur de crises ouest-africaines -

Figurant pour le moment en sixième position des présidents africains en terme de longévité, Blaise Compaoré est en tout cas crédité d’avoir placé son petit pays enclavé au coeur de la diplomatie africaine, en s’imposant comme l’un des grands médiateurs dans les crises qui agitent le continent.

Il dispose d’une solide image à l’étranger, notamment en France, malgré des trafics d’armes et de diamants avec les insurrections angolaise et sierra-léonaise épinglés par l’ONU ou sa proximité avec le défunt "Guide" libyen Mouammar Kadhafi et le dictateur libérien Charles Taylor.

Paris, qui a critiqué la semaine dernière le projet constitutionnel, ne devrait cependant pas se montrer trop virulent. Compaoré fait actuellement office de médiateur au Mali, où l’ex-puissance coloniale est engagée dans une intervention militaire compliquée.

C’est surtout en interne que le pouvoir du dirigeant burkinabè est le plus sérieusement contesté.

De mars à juin 2011, la quasi-totalité des casernes, y compris la garde prétorienne du chef de l’Etat, s’étaient mutinées, parallèlement à des manifestations populaires, ébranlant le régime et forçant le président à quitter momentanément la capitale.

"Lui et son entourage lisent très mal les mutations psychologiques et sociales de la population. Ils continuent à penser que les choses sont comme dans le passé et qu’il est toujours assez fort. Mais en réalité, la confiance, le soutien dont il bénéficiait se sont estompés", estime Siaka Coulibaly, politologue plutôt proche de l’opposition.

Au Burkina, où 60% des 17 millions d’habitants ont moins de 25 ans et n’ont jamais connu d’autre régime, une grande partie de la jeunesse, surtout dans les villes, refuse une perpétuation de son pouvoir.


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