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Le Pays N° 5256 du 12/12/2012

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Colonel Hassan Ag Mehdi, SG du FPA alias « Jimmy le rebelle », a propos de la crise au Mali
Publié le jeudi 13 decembre 2012   |  Le Pays


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© Autre presse par DR
Colonel Hassan Ag Mehdi, SG du FPA


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Ancien membre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le colonel Hassan Ag Mehdi, alias « Jimmy le rebelle » est à Ouagadougou. Nous l’avons rencontré afin qu’il nous parle de son organisation, des négociations en cours pour le retour de la paix au Mali et de leurs rapports avec les groupes terroristes dans le Nord- Mali. Dans cet entretien, le secrétaire général du Front populaire de l’Azawad (FPA) dit tout le bien qu’il pense du médiateur Blaise Compaoré, de la nécessité que les différentes parties accordent leurs voix, trouvent une position commune. Il ne jure que par Blaise Compaoré pour la médiation et personne d’autre.

En plus, il dit, à qui veut l’entendre, « je suis plus connu sous le nom de Jimmy le rebelle ». Il s’est encore plus dévoilé en affirmant : « J’ai accordé une interview à un de vos confrères et après c’est devenu un problème » a-t-il confié avant de répondre à nos questions. Il fallait répondre aux questions du colonel avant de commencer notre travail. C’était le 7 décembre 2012 à Ouagadougou. Suivez Jimmy le rebelle.

« Le Pays » : Pourquoi avoir créé le Front populaire de l’Azawad (FPA) ?

Colonel Hassan Ag Mehdi, SG du FPA : Le Front populaire de l’Azawad (FPA) parce que comme vous voyez l’appellation, il s’agit d’un front qui est populaire et qui a pour mission de s’associer avec les ressortissants de l’Azawad afin de trouver une solution au problème du Nord-Mali.

En faisant donc la dissidence avec le MNLA ?

Bien sûr en faisant la dissidence avec le MNLA.

Et quelle lecture faites-vous de la crise à l’étape actuelle ?

Je crois que c’est une crise qui ne date pas de maintenant. Elle date de plus d’un demi-siècle et les réponses qui ont toujours été données n’ont jamais trouvé de solution durable.

Pourquoi ?

Parce qu’on n’est jamais parti jusqu’au fond du problème. On a toujours superficiellement trouvé des solutions qui calment le mal. Mais je pense que pour trouver une solution définitive au problème, il faut faire des efforts pour que tout le monde se retrouve, ait une seule orientation et que l’on se détermine par rapport à un objectif commun.

Pourquoi avoir choisi la fin du mandat de ATT pour entrer en action ?

Vous savez, c’est le temps et le terrain qui commandent. Par rapport à ce qui prévaut dans le Nord- Mali, ce n’est pas une histoire qui est nouvelle. Le problème de la rébellion n’a pas attendu la fin du mandat de ATT. Il y a plus de 6 mois ATT savait que cette rébellion existait, que cette armée était là et qu’elle allait prendre les armes. Malheureusement aucune solution n’a été proposée.

Quelle partie du Nord-Mali occupez-vous ?

C’est un Front qui est représenté au niveau de presque toutes les régions du Nord-Mali avec une popularité de communauté dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou. Compte tenu de tout ce qui prévaut et le stade où nous sommes actuellement, ce sont des solutions que nous sommes en train de chercher, des occasions de se retrouver que l’on est en train de créer en vue de rapprocher tout le monde. C’est le cas du MNLA, de Ansar Dine. Le problème de tous et de chacun aujourd’hui est de créer une approche vers l’autre en vue de faire sortir les populations de l’Azawad du problème. Cette solution ne sera trouvée qu’en respectant chacun, en se partageant les idées et en ayant un objectif commun. Ceci n’est pas pour l’Azawad seulement mais aussi pour le médiateur dans les démarches qu’il est en train de mener pour trouver une solution.

Avez-vous pris part à la dernière rencontre avec le médiateur ?

Pour la dernière rencontre, nous avons eu un entretien avec le ministre des Affaires étrangères. Nous avons trouvé un homme très ouvert, très large, flexible et qui a demandé notre avis par rapport à tout. Nous lui avons exposé ce que nous avions, nous l’avons mis dans le bain. Nous sommes partis mêmes dans les détails et nous lui avons donné notre disponibilité à aider la médiation et notre disponibilité dans le cadre de l’approche des autres mouvements en vue de créer une certaine unification pour faciliter la tâche. Nous sommes en train d’unir nos efforts, de nous rapprocher. Je n’ai pas hésité de le féliciter pour sa souplesse, sa flexibilité et son ouverture vis-à-vis de cette crise qui n’est pas facile à gérer. Mais la sortie de crise ne se fera qu’avec notre appui à tous, tout en considérant et en prenant en compte les avis des populations de l’Azawad : les Touaregs, les Arabes, les Peulhs, les Songhoïs. Nous devons le faire parce qu’ils sont tous natifs de cette région. Il faut les associer et prendre les orientations qu’ils ont.

Le ministre vous a-t-il compris ?

Il nous a très bien compris et nous a encouragé dans le sens d’aider à trouver la solution à ce problème. Après le ministre, nous avons rencontré les différents mouvements qui sont ouverts et flexibles aussi. Nous pensons que la solution est en train de se trouver. Ce qui manque c’est l’objectif commun.

Vous prenez part à la médiation ?

Pour la médiation, je pense qu’on n’en a pas pour maintenant. C’était une prise de contact. Il y aura une rencontre dans deux semaines à laquelle nous allons faire partie et c’est à la troisième étape que des commissions seront désignées. Et nous insistons pour dire que l’unique porte de sortie sera de penser à tout le monde dans cette médiation. Il faut que les populations, les différentes parties et les différents mouvements soient représentés et travaillent sur un document conforme, un document unique qui sera présenté au médiateur.

Le médiateur a rencontré tout le monde sauf vous ?

Qui est-ce que vous appelez médiateur ? Le président du Faso ? Moi, j’ai rencontré une seule fois le président du Faso. Mais toutes les rencontres que j’ai tenues par rapport à ce problème du FPA, c’est avec le ministre des Affaires étrangères et c’était dans le cadre de l’orientation, de l’approche et de la vision du FPA. Puisqu’il connaît le dossier, je n’avais pas besoin de lui dire que mes hommes et moi sortons du MNLA. Le ministre connaît donc le dossier plus que tout le monde. Ce que je lui ai apporté, c’est notre disponibilité à venir vers tout le monde, à être avec les autres et à trouver la solution. Cela nous facilite la tâche et si tout le monde nous facilite la tâche, il n’y aura pas de problème.

Le fait de n’avoir pas rencontré directement le président du Faso ne vous dérange pas ?

Cela ne nous dérange absolument pas de n’avoir pas rencontré le président du Faso. Notre objectif est de porter notre soutien à la médiation et d’aboutir à une paix définitive. Et la médiation ce n’est pas le président du Faso, la médiation c’est le Burkina Faso. Partout où tu apportes ton aide, elle finira par arriver sur la table du président. Ce qui est certain, c’est que le président du Faso est ouvert. Si nous effectuons tout de suite une demande pour le rencontrer, je ne vois pas de problème. Je pense qu’il va nous rencontrer. Mais pour nous, ce n’est pas rencontrer le président qui est le problème. Ce qui importe pour nous, c’est de rencontrer la machine qui travaille dans cette médiation, échanger et partager avec elle toutes les idées que nous avons. Nous voulons lui dire qui nous sommes et l’aider à réfléchir.

A l’heure actuelle, si vous avez une solution à la crise, ce serait quoi ?

Je n’hésite pas à le dire. Il faut que les deux parties se corrigent un tout petit peu. D’abord, il faut que la partie malienne envoie une délégation de médiation dans laquelle on voit le Mali lui-même. Il faut que ce soit une délégation convaincante, décidée, qui a plus d’orientation et de fondement dans sa mission que celle que les Azawadiens ont toujours rencontrée. Il faut que les Maliens comprennent que ce problème est arrivé à un stade très haut. Il faut vite trouver une solution et éviter toute solution qui va repousser la même population et les mêmes mouvements à reprendre les armes ; pour moi ce n’est pas une solution. Il faut que chacun prenne tout son temps, mouvements rebelles et médiateur, afin de trouver quelque chose de concret et de définitif. Ensuite, par rapport aux mouvements, le conseil que j’ai toujours donné, c’est de tendre la main les uns vers les autres. Les groupes doivent avoir des recommandations et une plateforme unique ; ils doivent se dissoudre et constituer un bloc solide avec des raisons bien solides que l’on mettra à la disposition du médiateur.

Est-ce à dire que le groupe qui négocie actuellement pour le compte de Bamako n’est pas représentatif ?

Il est très représentatif parce qu’il ne peut pas y avoir meilleur représentant qu’un ministre des Affaires étrangères. Mais il faut que le Mali lui-même redevienne le Mali avant de faire face à des problèmes avec une autorité qui est entre les mains d’un président, d’un chef de l’Etat qui décide, envoie des hommes pour négocier. Je veux dire qu’autant il y a du travail chez nous dans le cadre de notre aménagement interne, autant il y a plus de travail de l’autre côté.

Avez-vous confiance aux trois têtes actuelles au Mali ?

Déjà, si vous me dites qu’il y a trois têtes, il y a un problème. Moi je ne connais pas un Etat qui a trois têtes… Je connais un Etat qui a un président, un chef de gouvernement et son gouvernement mais si vous me parlez d’une autre tête (silence) pour moi, le président de la République reste le chef suprême des armées. C’est pourquoi, je dis qu’il faut que la commission qui va venir du Mali soit aussi préparée comme nous. C’est ainsi que nous allons discuter, on ne pourra plus revenir sur ce qui sera retenu. On ne doit laisser personne. Il faut balayer depuis le début de l’escalier pour monter. C’est ainsi que l’on peut faire le travail mais autant tu sautes, autant tu oublies et cela devient un obstacle qui peut mûrir et revenir demain. J’insiste pour dire qu’il faut que l’on se rapproche, que l’on se dise la vérité, que l’on se fâche peut-être mais que l’on finisse par arriver à quelque chose qui nous fasse avancer. On en a marre que tous les 5 ou 10 ans, nous prenions nos valises pour fuir et abandonner les études de nos enfants. Il faut que cela prenne fin.

Avez-vous des rapports avec le MNLA, Ansar Dine et le MUJAO ?

Qu’est-ce que vous appelez rapports ? Vous savez, quand vous partagez le même territoire, vous êtes obligés de les rencontrer souvent. Mais là où le bât blesse, je vais te dire que je n’ai aucune relation avec un groupe islamiste. Ils ont des pratiques, ils ont un règlement, des textes, leurs lois qu’ils respectent et je les respecte. Ce n’est pas pour autant qu’ils vont m’amener à abandonner mes règles aussi. La seule chose qui va arranger ce problème c’est d’éviter de refuser les approches. Au fond, personne ne connaît le problème de l’autre.

La CEDEAO est en train de préparer la guerre contre les occupants du Nord. Qu’en pensez-vous ?

Vous n’avez pas besoin de me poser cette question. Jusqu’à preuve du contraire, moi je suis Azawadien. Et c’est dans ce cadre de démarche que les gens sont actuellement. Je pense qu’il n’y a pas de guerre que tu puisses mener dans l’Azawad sans les forces de l’Azawad. C’est pourquoi je dis que c’est l’union qui va arranger ce problème. C’est quelque chose qui va être déterminée par les forces qui se trouvent sur le terrain. Le MNLA, Ansar Dine, toutes les forces que le médiateur va utiliser et qui vont le convaincre et qui va comprendre que ce sont des forces qu’il faut utiliser car, ce sont elles qui connaissent le terrain, les populations qui l’habitent. Elles sont incontournables dans cette mission et je veillerai à cela. Je suis disponible pour cela.

Plus clairement, de quel côté seriez-vous en cas de guerre.

Ce que vous ne comprenez pas par rapport à la mission de la CEDEAO, c’est que cette dernière veut faire face à des groupes terroristes. Et quand vous me regardez dans le cadre des retrouvailles et de la complémentarité, on finira par savoir qui l’est et qui ne l’est. Et je réaffirme que la CEDEAO ne réussira qu’en utilisant les fils du territoire, ceux qui sont sur le même chemin qu’elle.

Etes-vous prêts à vous associer à l’armée malienne pour combattre les islamistes ?

Différenciez-moi l’armée malienne avec forces de la CEDEAO. Est-ce que vous insisteriez sur cette question ? L’armée malienne, c’est la CEDEAO. Je ne serai qu’avec ceux qui sont laïques. C’est très clair.

La charia sévit toujours et divise au sein des groupes islamistes. Quel est votre point de vue ?

Par rapport à la charia, je pense qu’il ne faut pas que la charia devienne pour les gens un blocage. Il faut l’aborder et savoir de quelle sorte de charia il s’agit. Jusqu’à preuve du contraire, je suis né et j’ai grandi musulman. La majorité des jugements qui se passent chez nous se passent chez les marabouts. Mais quand cela va plus loin que le cadre qu’on a toujours connu, c’est autre chose. Quand on arrive à couper les bras des gens, ce sont des choses qui sont négociables. Il faut faire face aux hommes là-dessus et essayer de les convaincre. C’est quand on n’en discute pas qu’on peut avoir une autre orientation.

La lapidation et le fait de couper les bras, n’est-ce pas une application de la charia ?

Pour moi, ça c’est autre chose ; ce n’est pas de la charia. Même si c’est de la charia, c’est trop avancé parce qu’il faut discuter sur toute chose. Il faut préparer les gens et les adapter. Ce qui se passe surtout dans les trois régions de l’Azawad, c’est un problème. Ce sont des régions qui ont toujours été laïques. Quand vous leur expliquez, il faut leur dire quelles sont les conséquences des actes qu’il faut éviter.

Il y a une diversité de mouvements avec des visions différentes. Comment entendez-vous parler de plateforme commune ?

C’est l’approche et je l’ai dit dans un communiqué de presse. Nous invitons tout ceux qui veulent œuvrer pour une solution du problème à être flexibles, ouverts ; approcher celui qui ne veut pas t’approcher et savoir ce qu’il veut et sa destination. Si les gens sont renfermés, c’est la catastrophe.

Il faut dans ce sens faire des concessions et des sacrifices. En feriez vous ?

Je ne suis pas prêt à le faire car je l’ai déjà fait. J’ai rencontré Ansar Dine, je n’ai pas de problème avec eux, ils m’ont bien accueilli. J’ai rencontré aussi le MNLA hier (6 décembre 2012). Je leur ai dit pourquoi il faut aller au regroupement. Nous souhaitons que d’ici la rencontre prochaine, les choses avancent. On finira par trouver la solution.

N’avez-vous pas peur que l’on retire la médiation au président Blaise Compaoré ?

Il ne peut pas avoir de médiation sans Blaise Compaoré. Nous ne pouvons nullement être engagé par qui que ce soit. Le FPA dit à qui veut l’entendre, que l’orientation de sa politique, l’appui et la reconnaissance qu’il a, c’est pour le médiateur burkinabè. Nous le disons et le répétons.

Propos recueillis par Aimé NABALOUM et Boureima DEMBELE

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