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Au Burkina, l’opposition dénonce la quête du "pouvoir à vie" de Compaoré
Publié le samedi 25 octobre 2014  |  AFP
UEMOA
© aOuaga.com par G.S
UEMOA : 20 ans au service de l`intégration économique
Lundi 20 octobre 2014. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Les chefs d`Etat et de gouvernement des pays membres de l`Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) se sont retrouvés pour célébrer le 20e anniversaire de l`organisation commune placé sous le thème "UEMOA, 20 ans, les voies d`un développement solidaire". Photo : Blaise Compaoré, président du Faso




L'opposition et la société civile du Burkina Faso dénoncent la quête du "pouvoir à vie" du président Blaise Compaoré, qui pourrait atteindre 43 ans de règne si la révision constitutionnelle l'autorisant à se représenter à la présidentielle était entérinée.

Le "beau Blaise", ex-capitaine au physique avantageux, a 36 ans lorsqu'il prend le pouvoir en 1987 par un coup d'Etat - le troisième auquel il participe.

A l'époque, "le président Compaoré avait déclaré qu'il n'était pas assoiffé de pouvoir", se souvient Hervé Kam, avocat et porte-parole du "Balai citoyen", un mouvement opposé à la révision de la Constitution. "On se rend aujourd'hui compte qu'il s'ignorait."

Après la "rectification" au début de son règne - une politique marquée par l'élimination d'opposants -, Blaise Compaoré semble jouer le jeu démocratique: en 1991, il rétablit le multipartisme.

Cela ne l'empêche pas de modifier deux fois l'article 37 de la Constitution définissant le nombre de mandats présidentiels et leur durée.

En 1991, la loi fondamentale instaure l'élection du président pour sept ans, renouvelable une fois. Le terme "une fois" est supprimé en 1997, permettant un exercice du pouvoir à vie.

Mais "l'affaire Zongo", du nom d'un journaliste retrouvé mort, avec trois autres personnes, alors qu'il enquêtait sur un meurtre impliquant le frère du président, provoque une grave crise politique peu après sa réélection en 1998.

En 2000, la Constitution est donc amendée. Le septennat devient quinquennat, renouvelable une fois. Le Conseil constitutionnel autorise toutefois la candidature de Blaise Compaoré en 2005, estimant que la révision n'avait pas d'aspect rétroactif.

10 ans et deux élections plus tard, l'article 37 est à nouveau la cible du régime.

Le projet de loi qu'examinera jeudi l'Assemblée nationale rend le président du Burkina Faso "rééligible deux fois", ce qui "garantit" de fait "trois mandats supplémentaires" au chef de l'Etat, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, affirme Ablassé Ouédraogo, ex-ministre des Affaires étrangères passé à l'opposition.

"Rien ne dit" en effet que les mandats déjà effectués seront "pris en compte", observe cet économiste, rappelant le "subterfuge" de 2005.

- 'Main de fer' -

"Se représenter en 2015 pour briguer un autre mandat et pouvoir à vie, ce sont deux choses totalement différentes", répond Alain Edouard Traoré, le porte-parole du gouvernement, insistant sur la "légalité sans faille" de la démarche du pouvoir.

Avec 15 années de plus ajoutées au 28 qu'il aura passées au sommet de l'Etat en 2015, Blaise Compaoré, 64 ans ajourd'hui, pourrait atteindre les 43 années de règne.

Il figure pour l'instant en sixième position des présidents africains en terme de longévité, derrière ses homologues de Guinée Equatoriale (35 ans), Angola (35), Zimbabwe (34), Cameroun (bientôt 32) et Ouganda (28).

Blaise Compaoré "a bénéficié d'un soutien inestimable de la communauté internationale, ce qui lui a servi de blanc-seing pour diriger le pays d'une main de fer", observe Siaka Coulibaly, politologue plutôt proche de l'opposition.

Malgré des trafics d'armes et de diamants avec les insurrections angolaise et sierra-léonaise épinglés par l'ONU, sa proximité avec les ex-dictateurs libyen Mouammar Kadhafi et libérien Charles Taylor, son soutien aux rebelles ivoiriens désormais au pouvoir, il dispose d'une solide image à l'étranger, notamment en France.

Mais même cette dernière tique devant le projet constitutionnel, qu'elle a critiqué jeudi.

"Si un (pays) le fait, tous les autres vont suivre" dans la région, craint un responsable français anonyme. La France appréhende avec inquiétude une demi-douzaine d'élections présidentielles prévue ces prochaines années dans des pays où les chefs d'Etat sont en place depuis longtemps.

Paris ne devrait toutefois pas se montrer trop virulente: Compaoré fait actuellement office de médiateur au Mali, où l'ex-puissance coloniale est engagée dans un conflit compliqué.

C'est en interne que le pouvoir du dirigeant burkinabè est "sérieusement entamé", notamment du fait des mutineries militaires quasi généralisées en 2011, souligne Siaka Coulibaly, pour qui le président et son entourage lisent également "très mal" les mutations de la population.

Au Burkina, où 60% des 17 millions d'habitants ont moins de 25 ans et n'ont jamais connu d'autre régime, la jeunesse, surtout dans les villes, refuse une perpétuation de son pouvoir. Des violences sont envisageables, estime un observateur.
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