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Monnaie unique CEDEAO: des obstacles spécifiquement politiques
Publié le mercredi 22 octobre 2014  |  PANA
Cérémonie
© Autre presse par Presidence CI
Cérémonie d`ouverture du 45è Sommet ordinaire de la CEDEAO à Accra
Jeudi 10 juillet 2014. Accra (Ghana). Cérémonie d`ouverture du 45è Sommet ordinaire de la CEDEAO.




Union monétaire – L’intégration monétaire effective, sans toutefois en constituer une condition suffisante, serait de nature à favoriser une accélération du processus d’intégration monétaire des pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), affirme l’ancien Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Damo Justin Barro.

«Il faut relancer le projet de création de cette monnaie, faute de quoi nos pays courent le risque d’une marginalisation dans le concert des nations à un moment où ils doivent plutôt renforcer les bases de leurs économies, de manière à lutter efficacement contre la pauvreté et satisfaire la demande sociale de plus en plus exigeante», indique M. Barro, ancien fonctionnaire de la Banque mondiale.

Les mutations «profondes» de l’environnement économique international et l’accélération de la mondialisation ont conduit à une transformation progressive de la planète en un marché « global et unifié ». Ce qui fait que «les pays, que leurs monnaies nationales ont mis en marge de ce marché, commencent à être envahis par les regroupements monétaires», fait remarquer M. Barro, qui cite l'exemple de la Côte d'Ivoire, membre de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont «cette solidarité monétaire a permis de sauver l’économie» pendant la crise qu’a traversée ce pays.

L’idée de la création d’une monnaie unique au sein de la zone CEDEAO avait été émise le 30 mai 1983, lors d’une rencontre à Conakry (Guinée), des Etats membres de l'institution communautaire ouest-africaine. Après plusieurs rencontres internationales, l’année 2020 a été retenue comme « deadline » pour la réalisation de cette solidarité monétaire. Depuis lors, le processus peine à « avancer ».

Des préalables indispensables
En plus des Etats de l’UEMOA, cette monnaie commune sera ouverte à tous les autres Etats de la CEDEAO. Cependant, comme l'indique M. Barro, «la création d’une monnaie viable et crédible exige la mise en place d’institutions adéquates». Il explique que les préalables indispensables pour une telle opération sont essentiellement une convergence réussie des politiques et des performances macro-économiques de l’ensemble des Etats membres, afin d’éviter que « l’on ne fasse de cette monnaie une monnaie de singe».

«S’il n’y a pas de cohérence et de convergence entre les différentes politiques des Etats, si les politiques monétaires et les performances budgétaires ne sont pas accordées, cette monnaie ne tiendra pas la route pendant longtemps », ajoute l'économiste burkinabè.

Aussi, pour réussir la création d’une monnaie unique dans l’espace CEDEAO, propose-t-il, entre autres, la mobilité géographique et sectorielle des facteurs de production au sein de la zone par rapport à l’extérieur, l’intensification des échanges entre pays membres et la diversification des productions.

Selon M. Barro, les pays membres de la CEDEAO doivent aussi œuvrer à maîtriser le taux d’inflation en dessous ou égal à 5%, le financement direct des déficits budgétaires par les Banques centrales à un taux inférieur ou égal à 10% et des réserves extérieurs brutes supérieures ou égales à 6 mois de couverture des importations.

M. Barro, actuellement conseiller spécial du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, soutient que, quel que soit le cadre de référence, un degré élevé de convergence des politiques et des performances macro-économiques est devenu la condition essentielle pour la réalisation d’une zone monétaire optimale.

Une évaluation rapide de cet exercice de ces préalables permet à l'économiste burkinabè de conclure à des résultats peu satisfaisants, « les obstacles à cette intégration » étant « spécifiques, parce que, essentiellement politiques », révèle-t-il, en évoquant parmi ces obstacles, « la peur » d’abandonner un outil précieux de souveraineté, d'entrer dans une « affaire » dont on n’est pas sûr du respect de la discipline collective et la rivalité entre les deux blocs qui constituent l'espace CEDEAO, à savoir: celui des pays anglophones (Gambie, Ghana, Liberia, Nigeria, Sierra-Leone) et des pays francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo).

Pour l’ancien Gouverneur de la BCEAO, il s’agit pourtant d’un préalable essentiel à ce « mariage pour le meilleur et pour le pire », faute de quoi, l’on risque d’aboutir à des remises en cause « déchirantes » et « fatales » pour tout le processus d’intégration, le divorce pouvant causer de sérieuses séquelles».

M. Barro ne manque pas d'indexer « l’attitude de certains membres », qui peut aussi entraîner de graves distorsions sur l’ensemble des pays, à l'image de ces « rendez-vous manqués » qui « se succèdent et se ressemblent » depuis 1983.

Ceux de 1999, 2004, 2009, 2014 font perdre quinze années à cette solidarité monétaire ouest-africaine qui se donne un nouveau rendez-vous en 2020.

Damo Justin Barro
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