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Velléités de modification de l’article 37 : Etienne Traoré redoute de sombres scénarios
Publié le samedi 18 octobre 2014  |  Partis Politiques
Etienne
© Autre presse par DR
Etienne Traoré, homme politique et enseignant d`université




Ceci est une réaction de l’universitaire et homme politique Etienne Traoré sur le Conseil des ministres extraordinaire sur la situation nationale annoncé pour le 17 octobre mais qui, finalement, est prévu pour le 21 octobre prochain.


La presse nous avait alerté à propos d’une importante décision du Président Compaoré à rendre publique ce jour 17 octobre. Cette décision devrait indiquer la voie à suivre pour réviser l’article 37 : soit par voie référendaire, soit par voie parlementaire. En réunissant ses ministres autour de la question (en rapport avec l’échec du dernier dialogue indirect), on peut raisonnablement admettre que c’est la voie parlementaire qui est privilégiée. Dans ce cas, la Constitution exige une majorité qualifiée des 3/4 de voix au Parlement (réduit à l’Assemblée nationale actuellement) : soit 96 voix à l’issue d’un vote au bulletin secret. Or, le nombre de députés (à travers leurs groupes parlementaires) qui ont clairement et solennellement exprimé leur opposition à la révision de l’article 37 est de 46 (19 UPC + 18 ADF-RDA + 9 ADJ). Mathématiquement donc, ne pouvant compter que sur 81 députés (CDP et alliés), le président Compaoré devrait échouer à faire aboutir son projet. Surtout quand on sait que tous les députés CDP ne suivront pas les consignes de vote de leur direction!
Mais je pense que s’il emprunte cependant cette voie, c’est qu’il en a d’abord préparé et obtenu des éléments déterminants de son succès tant il est vrai qu’en politique, et surtout en Afrique, la minorité mathématique n’est pas nécessairement la minorité politique. En y mettant le prix, la minorité mathématique peut bien devenir la majorité politique hélas !
Même si les opposants à la révision tripatouilleuse de notre Constitution consensuelle peuvent bloquer le projet, j’ai bien peur que le Président Compaoré ait une manche de magouille d’avance sur eux. Ne peut-il pas confier la primature au Groupe parlementaire ADF-RDA qui, rappelons-le, est toujours membre de la majorité présidentielle, pour engranger les voix de ses députés ? En tout cas, ce parti doit être fort courtisé en ce moment par toutes les tendances. N’y a- t-il pas d’autres sombres scénarios ? L’opposition doit avoir une vigilance sans précédent et en tout cas opposer une résistance efficace à cette forfaiture en cours qui tend à légaliser un parjure du président qui, après avoir juré (sous serment) de défendre la Constitution, veut maintenant la modifier selon ses intérêts. Même et surtout après ce forfait éventuel, la résistance doit continuer pour la restauration de l’article 37 consensuellement adopté en 1991 et source de paix, d’alternance politique et contre toute dérive monarchique et patrimoniale. La Constitution l’autorise car elle prescrit en son article 168 que le peuple burkinabè abhorre tout pouvoir personnel, autocratique.
Je pense aussi que notre président est toujours dans l’hésitation et toute autre décision peut nous surprendre. Cette hésitation est quotidiennement nourrie par la peur de l’après-révision quant aux réactions intérieures et extérieures, civiles et militaires. Je sais que la peur peut engendrer deux réactions opposées : soit, c’est celle de la sagesse qui pousse à reconnaître ses propres limites. Et dans ce cas notre président abandonne son projet et négocie sa sortie. Soit, c’est celle de l’orgueil insensé qui pousse à ne pas reconnaître ses limites, à surestimer sa propre puissance. Et dans cet autre cas, notre président cherche à passer en force de façon suicidaire de toute façon puisqu’il a pour le moment choisi d’écouter ses " faucons les plus égoïstes, immatures et insensés" comme je l’avais craint. Il aura beau réprimé, il ira ainsi à sa perte. Et plus il réprimera, plus les échéances seront courtes !
Puisse notre président se tourner de façon ultime vers Dieu plutôt que vers ses hommes (profiteurs divers, professionnels et tous à ses pieds) afin donc que le Tout Puissant l’aide à prendre une bonne décision, source de paix pour la Nation dont il est le premier serviteur.


Etienne TRAORE, Universitaire

Ouagadougou le 17 octobre 2014


N.B : la titraille est du site
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