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Microassurance au Burkina Faso
Publié le vendredi 17 octobre 2014  |  Sidwaya




Au Burkina Faso, les sociétés d'assurances se lancent dans un nouveau créneau. La micro assurance veut allier deux impératifs : réduire considérablement, les prix et accroître le taux de pénétration encore trop faible, moins de 1 %.


Cauri d'or pour l'Union des assurances du Burkina (UAB)-Vie, l'Assurance récolte Sahel pour Allianz Burkina... les sociétés d'assurances au Burkina Faso mènent une course effrénée à la microassurance. Alors que les 14 sociétés ont réalisé en 2013, un chiffre d'affaires d'environ 49 milliards de F CFA, elles veulent désormais, innover pour être plus proches des populations. Principales cibles: le secteur informel, les paysans ou encore les détenteurs d'engins à roues. L'enjeu est de casser les prix en mettant en place des produits adaptés au contexte avec «in fine», l'objectif d'accroître le taux de pénétration qui ne dépasse guère 1%. La spécificité est que ces produits utilisent le mécanisme de l’assurance au profit de bénéficiaires qui sont au moins, en partie des personnes exclues des systèmes formels de protection sociale, en particulier les travailleurs de l’économie informelle et leurs familles. En sus, le montant de la prime est faible et les mécanismes de gestion simplifiés, à l'instar de Cauri d’or, un produit basé sur l’épargne. Et le créneau semble porteur, à l'image de Cauri d'or dont les initiateurs évaluent la souscription annuelle à 3 milliards de F CFA. Directeur de la microassurance à UAB Vie, leader burkinabè de l'assurance-vie, Emmanuel To explique qu'avec une prime minimale de 150 F CFA par jour, Cauri d’or permet aux travailleurs du secteur informel de préparer leur retraite à long terme et dans le court terme, de satisfaire les besoins de financement de leurs activités. Le produit offre également une couverture de décès à hauteur de 200 000 F CFA. La souscription se fait par le paiement d’un montant de 1000 F CFA, ce qui donne droit à un carnet et à un identifiant sur la plateforme de la société. Commercialisé depuis une dizaine d'années, Cauri d'or fait déjà ses preuves.

Un succès ?

Avec un chiffre d'affaires annuel de 2 milliards, il enregistre en moyenne 12 000 nouveaux clients, chaque année. Ce produit bénéficie depuis 2008, du fonds pour l’innovation en micro-assurance, abrité par le Bureau international du travail (BIT) et financé par la Fondation Bill and Melinda Gates. Cet appui a permis à la société de moderniser la collecte des cotisations des clients.
Depuis 2011, Cauri d’or connaît cependant, un repli, du fait de l’application des frais de gestion sur l’épargne réalisée. Une décision prise pour rentabiliser le produit qui, pourtant, suscite la colère et le mécontentement de certains assurés. C'est le cas des commerçants du marché de Zabredaaga, un quartier de la capitale. Un ressentiment que traduit Halidou Soré, vendeur de portables, souscripteur depuis 4 ans à ce produit. « Les coupes sur notre argent ont découragé mes voisins. Je continue afin de financer des projets comme la construction de ma maison. Mais, les coupures doivent demeurer raisonnables, sinon l’UAB risque de décourager les clients », déplore-t-il. Une situation que l'assureur dit ressentir dans ses comptes. En effet, avant l'application de ces frais, le chiffre d'affaires annuel de Cauri d'or a frôlé les 3 milliards, aux dires de M. To.

Les petits pas de "Siiman panga", l'assurance agricole

Autre créneau offert aux assureurs, l'assurance agricole qui est en train d'être explorer. Encore balbutiant au Burkina, elle pourrait permettre de couvrir les cas de mauvaises récoltes, notamment dans la filière cotonnière qui fait vivre plus de 3 millions de personnes. Pionnier de ce segment, Planet Guarantee, une société de courtiers d’assurances a mis en place l’Assurance récolte Sahel, commercialisée par son partenaire, Allianz-Burkina. ARS s'adresse essentiellement, au monde agricole. La prime varie de 7 500 F CFA/ha à 10 800 F CFA/ha, selon la zone de production. Depuis la campagne agricole 2013, 4000 producteurs de maïs se sont assurés et 107 ont été indemnisés pour un montant de l’ordre de 13 millions F CFA, selon le coordonnateur-pays de « Planet guarantee », Souleymane Zaré. Siiman panga coton, pour sa part, garantit la baisse de rendement des champs de coton, en raison de 11 200 F CFA/ha de production. Environ 8000 «cotonculteurs » y ont souscrit. A la fin de la campagne dernière, deux groupements de coton ont été indemnisés à hauteur de 12 800 000 F CFA dans la zone de Houndé.
Pour bénéficier des avantages de l’assurance agricole, les producteurs n’ont pas besoin de se déplacer dans les grandes villes, car des agents ont été positionnés à leurs portes. De plus, en cas de mauvais rendement, il suffit que le groupement dont les sinistrés sont membres, notifie le sinistre pour que le processus d’indemnisation soit enclenché.
La microassurance offre de nombreuses opportunités aux bénéficiaires, mais le constat général est que la majorité des acteurs de l’économie informelle continue à être en marge de la couverture sociale. Le cas de Firmin Ouédraogo, patron d’un atelier de soudure au secteur N°24 de Ouagadougou n’est pas isolé. Conscient des avantages de l’assurance, il déclare pourtant, ne pas être assuré. «L’assurance est importante, car demain est toujours incertain, mais j’ai peur de ne pas pouvoir honorer les paiements comme les compagnies l’exigent », laisse-t-il entendre. Cette perception traduit plusieurs choses. Le besoin est réel chez la population et pour les assureurs, il y a de véritables marchés à conquérir, ces derniers l’ont très bien compris, car ils enchaînent les campagnes de communication pour convaincre les plus sceptiques à souscrire. Une étude de Claudia Huber, intitulée « La micro-assurance en Afrique : une croissance spectaculaire, mais encore des défis à venir! », affirme qu’il y a un énorme potentiel pour l’élargissement de la microassurance à travers le continent, et pas seulement en termes de volumes, mais aussi, en termes de produits innovants offrant à la fois une réelle plus-value aux clients et une rentabilité aux assureurs.


Nadège YE
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