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Alioune NDIAYE, porte-parole de la police : « Nous allons mettre en place un dispositif de surveillance dans les quartiers »
Publié le lundi 3 septembre 2012   |  Le Soleiln.sn


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© Autre presse par DR
La Police du Burkina Faso


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Le commissaire divisionnaire, Alioune Ndiaye, porte-parole de la Police, révèle qu’un dispositif de surveillance et de présence policière sera bientôt mis en place dans les quartiers de Dakar. L’objectif est de lutter contre l’insécurité dans la capitale où on a noté, ces temps derniers, des cas d’agression et de crimes. Selon lui, ce dispositif permettra d’avoir un système de prévention plus pointu.

Ces derniers jours, il y a eu de nombreux cas d’agression à Dakar. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Peut-on dire que c’est dû à un manque d’effectif ?
«Je ne crois pas que cela soit seulement imputable au sous-effectif. C’est vrai que nous sommes dans un pays de 13 millions d’habitants, alors que la norme internationale en matière de sécurisation dit qu’il faut avoir un policier pour mille habitants. Nous sommes encore très loin de cette norme. Nous sommes un pays à faible revenus et donc nous ne pouvons pas avoir tous les effectifs que nous voulons. Au plan matériel aussi, nous n’avons pas tout, car il y a d’autres besoins que l’État doit prendre en charge. Je vous assure que dans la police, il n’y a pas de problème. Les choses marchent comme il faut. Seulement, Dakar est une ville qui grandit et se développe démographiquement. Forcément, nous allons assister à ces genres d’agressions dus à la pauvreté et à la promiscuité dans beaucoup de quartiers. Ainsi, dans certains endroits de la ville, la criminalité se développe. La police ne va pas se borner simplement à constater et à croiser les bras. Elle est en train de développer des stratégies de lutte. Nous allons mettre en place le concept de police de proximité pour assurer la sécurité des populations, leur manière de vivre et tout ce qui entoure leur existence et qui peut influer sur la sécurité des uns et des autres. Nous demandons plus de compréhension et de collaboration».

Y a-t-il un nouveau dispositif mis en place ?
«Nous allons mettre en place un dispositif qui consiste d’abord à renforcer les effectifs qui sont sur place en puisant dans nos réserves. Je rappelle que, pour ce qui est de l’insuffisance des moyens, l’État fait beaucoup d’efforts pour combler ce déficit. Ces deux dernières années, il a procédé à des recrutements assez importants et les éléments de la dernière promotion vont être déployés dans les services. Nous allons mettre en place un dispositif de surveillance et de présence policière dans les quartiers et les lieux recevant du public. Cela permettra d’avoir un système de prévention beaucoup plus pointu pour éviter que le mal ne se commette. Il est vrai que la police est efficace que lorsqu’elle arrête un malfaiteur, mais il est plus important d’éviter que ce dernier n’agisse plutôt que de lui courir après action. Nous allons mettre tout cela en œuvre pour éradiquer ou diminuer cette criminalité dans nos cités».

Donc les populations n’ont pas raison de se venger ou de vouloir se faire justice elles-mêmes ?
«Ce n’est pas une solution parce que l’on ne doit pas se faire justice dans un pays civilisé comme le Sénégal. En le faisant, ces populations vont agir contre elles-mêmes. Au Sénégal, il faut avoir le courage de le dire, la criminalité est commise par les Sénégalais et non par des étrangers. Dans les commissariats de police, la majeure partie des plaintes que nous recevons pour des faits de vols avec violence ou de viols sont commis par les nationaux. Les étrangers commettent des infractions, mais dans les domaines de l’escroquerie, de la cybercriminalité et parfois de la drogue. Les étrangers ne tuent pas. En se faisant justice, les Sénégalais vont le faire contre leurs fils, leurs enfants, leurs voisins et contre nous-mêmes, parce que ce sera la porte ouverte aux règlements de comptes dans les quartiers avec des batailles rangées, des tueries. Je pense que la population doit plutôt collaborer avec la police et lui permettre de mettre la main systématiquement sur les délinquants connus dans les quartiers. Encore une fois, ce sont des jeunes du quartier qui agressent».

Il y a eu récemment des réformes dans la police, est-ce que vous pouvez y revenir ?
«Les réformes de la police datent de trois ans. C’est précisément le 18 mars 2009 que la loi sur le nouveau statut de la police a été votée à l’Assemblée nationale. Elle attendait ses décrets d’application qui sont entrés en vigueur avec la sortie de la dernière promotion de l’école nationale de la police, soit la première promotion d’élèves agents de police. Avant, les sortants de l’école étaient des gardiens de la paix. Avec cette promotion, nous avons les premiers agents de police recrutés avec le niveau de Bfem. La reforme a ramené à 4 les 7 corps qui existaient (gardiens de la paix, inspecteurs, sous-officiers de paix, officiers de paix supérieurs, sous-officiers de police, commissaires de police, entre autres). C’était trop lourd et complexe, alors que les commissaires de police et les officiers de paix supérieurs sont de la même hiérarchie A1, pendant que les officiers de police et ceux de la paix étaient de la hiérarchie B, les inspecteurs et les sous-officiers de la hiérarchie C, et les gardiens de la paix de la hiérarchie D. Nous avons maintenant quatre qui sont : les agents de police, les sous-officiers, les officiers et les commissaires de police».

On a constaté que les éléments de la dernière promotion sont titulaires du brevet de fin d’étude moyenne…
«C’est vrai ! Le niveau de recrutement a été revu et corrigé à la hausse parce que, pendant longtemps, les populations ont fustigé le recrutement et la formation des policiers, surtout du personnel subalternes. Pour plus de qualité au sein de la police, la réforme est venue relever le niveau de recrutement, notamment chez les agents de police qui étaient admis avec le niveau du Certificat de fin d’étude élémentaire (Cfee). Maintenant pour devenir agent de police, il faut faire le service militaire et être titulaire du Bfem. Le corps passe ainsi dans la hiérarchie B4. Evidement, les salaires ont suivi avec une légère augmentation. Les autres corps ont aussi connu ces réformes. Il faut avoir le baccalauréat pour pouvoir participer au recrutement des corps des sous-officiers de polices qui sont de la hiérarchie B3. Pour le corps des officiers, l’entrée par le bas a été favorisé grâce à la promotion interne, c’est-à-dire directement quand on est titulaire du baccalauréat. Il faut réunir un certain nombre d’années de service avant de prétendre faire le concours professionnel pour accéder à ce corps supérieur qui ne recrute plus par la voie du concours direct. Tous ceux qui veulent entrer dans la police alors qu’ils sont titulaires du baccalauréat doivent passer par le corps des sous-officiers de police pour devenir officiers de police et commissaires après.
Pour les commissaires de police, il n’y a pas de changement parce qu’ils restent de la hiérarchie A1. Par contre, ils ne seront plus recrutés à partir de la Licence, mais de la maîtrise. Deux nouveaux grades qui ont été ajoutés, celui de contrôleur général qui n’existait pas dans la police et celui d’inspecteur général qui est forcément le directeur général de la police. Pour être un inspecteur général, il faut occuper le poste de directeur général et les fonctions du contrôleur général».

Avec cette réforme, qu’en est-il des changements de titres ?
«Tous ceux qui étaient des lieutenants colonels dans l’ancien statut deviennent des commissaires principaux. Tous ceux qui étaient de colonels sont devenus des commissaires de police divisionnaires. De la même manière que les officiers, les sous-officiers, les inspecteurs de police sont maintenant des adjudants chefs, des inspecteurs divisionnaires ou adjudants major. Ils rejoignent ainsi les anciens adjudants chefs et major qui étaient dans le corps des sous-officiers de la paix».
Il y a aussi de nouvelles barrettes ou épaulettes. Est-ce que vous pouvez donner des explications sur ces symboles ?
«L’épaulette nue sans la lettre V signifie que l’élément est encore élève agent de police. Il est donc à l’école, à l’apprentissage. L’épaulette d’agent avec un V blanc renversé sur un fond noir est le grade d’agent de police stagiaire. Ce dernier a alors fini sa formation de deux ans et sort pour entamer une période de stage dans l’administration. Quand il a réussi son stage, il peut être titularisé et passe alors à 2 ou 3 V blancs argentés renversés sur un fonds noir. Ce stagiaire devient ainsi un agent de police.
Un élément de police qui a une barrette jaune avec un listel rouge, c’est un brigadier. Le brigadier chef a une barrette blanche avec un listel rouge au milieu. Les adjudants ont des barrettes jaunes dorées. Pour le sous-lieutenant, c’est une barrette blanche argentée simple. Le lieutenant a droit à deux barrettes argentées. Le capitaine a trois barrettes argentées, le commandant quatre barrettes dont la quatrième est distante des autres. Les lieutenants colonels ou les colonels de la police sont maintenant des commissaires de police qui se distinguent par une étoile argentée avec une bordure tout autour de l’épaulette. Les commissaires principaux se distinguent, quant à eux, par deux étoiles, trois étoiles pour les commissaires de police divisionnaires. Les barrettes de contrôleurs généraux et de l’inspecteur général sont identiques à celles des généraux de l’armée et de la gendarmerie. L’inspecteur général de la police est un et unique car c’est le directeur général de la police».

Il semblerait que ces changements ont créé des frustrations dans les rangs des policiers…
«Evidement ! Quand il y a réforme, il y a toujours des gens qui pensent qu’ils sont lésés par rapport à leur situation initiale. Mais pour ces réformes survenues dans la police, il y a eu plus d’avantages, car personne ne peut dire qu’il a été lésé. Avec cette réforme, tous les policiers ont vu leurs salaires augmenter même si c’est légèrement, y compris sur les indemnités de logements qui ont connu des changements partout. Il y a des policiers qui ne perçoivent pas cette indemnité parce qu’ils sont logés. Mais tous ceux qui ne sont pas logés ont droit à l’indemnité représentative de logement. (…) On aurait souhaité avoir plus parce que nous estimons que nous le méritons par rapport au travail que nous abattons et le risque que nous prenons sur le terrain».

Propos recueillis par Eugène KALY

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