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Interdiction du port de mèches dans les lycées : des élèves disposés à respecter la mesure
Publié le mercredi 15 octobre 2014  |  Le Pays




Suite à la relecture du règlement intérieur en vigueur dans les lycées et collèges du Burkina, de nouveaux articles font leur apparition et concernent d’une manière générale la présentation physique des apprenants. C’est ainsi que pour la tenue scolaire par exemple, le kaki sera l’uniforme de tous les collégiens burkinabè. La mesure phare concerne les jeunes filles qui n’auront plus le droit de porter des mèches et autres perruques. Seulement les coiffures à ras seront autorisées. Pour avoir l’avis des acteurs sur ce nouveau règlement intérieur, nous les avons rencontrés dans certains établissements de la Cité du paysan noir.
« Pour le moment, nous ne disposons pas d’instructions en la matière et le document n’est qu’à un stade de proposition », soutiennent certains responsables de l’enseignement. Même si les premières autorités du ministère leur ont demandé de commencer la sensibilisation des jeunes filles, disent-ils, il n’en demeure pas moins que le nouveau règlement intérieur n’est pas encore signé, même au niveau central. Pour certains d’entre eux, l’interdiction du port de mèches va dans le sens de l’intérêt supérieur des jeunes filles. Pour Sœur Virginie Coulibaly, directrice du collège Sainte Thérèse de Banfora dont l’établissement interdit le port des mèches depuis sa création, une telle décision est à saluer. « Le port des mèches demande beaucoup aux parents. Ce sont des dépenses pour eux et c’est un temps précieux que les filles prennent pour aller se coiffer. De plus, il ne faut pas perdre de vue qu’à l’école, cela crée une concurrence inutile parce qu’avec la tenue qui est obligatoire de nos jours, c’est dans la coiffure que les filles veulent marquer la différence entre elles. Et quand les parents ne peuvent pas supporter ces dépenses, elles s’arrangent pour trouver les moyens ailleurs. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’équilibre de l’enfant », a-t-elle soutenu. Brahima Sanou, Conseiller principal d’éducation, n’est pas du tout tendre avec les filles. Pour lui, il y a longtemps que cette mesure aurait dû être prise. A l’entendre, ce n’est pas le port de mèches en lui-même qui pose problème mais plutôt l’exagération dans la teinture et la quantité. « Quand on voit certaines filles, on se demande si c’est un arbre ou un cerf qui arrive. Elles ont plutôt des branches sur la tête qu’elles appellent mèches. Même si ces coiffures extravagantes ne dérangent pas celles qui les portent, elles empêchent leurs voisins de derrière de voir au tableau. Comment un parent peut-il donner de l’argent à son enfant pour faire une telle coiffure ? », s’interroge-t-il.
Pour les coiffeuses, la mesure vise certes l’intérêt des filles à l’école, mais en même temps, elle va porter un sérieux coup à leur chiffre d’affaires car les lycéennes et collégiennes constituent une grande partie de leur clientèle. Awa Soma dont le salon est situé au secteur 1 de Banfora, sur l’une des voies les plus empruntées par les scolaires, relève que les élèves fréquentent son salon tous les week-ends. A la rentrée des classes ou à la reprise des congés, chacune tient à se rendre belle et cela lui procure suffisamment du boulot et donc des ressources. C’est donc avec des grincements de dents qu’elle apprend cette nouvelle. Du côté des élèves, l’information semble déjà passée et chacun se prépare à sa manière pour l’entrée en vigueur du nouveau règlement intérieur.
Chantal Ouédraogo, élève au Lycée municipal Héma Fadouga Gnambia, atteste avoir appris la nouvelle à travers son proviseur qui, dès la rentrée, a fait le tour des classes pour une sensibilisation. Elle s’est dit prête à défaire sa coiffure dès que la mesure entrera en vigueur. Cependant, elle pense que cet article du règlement intérieur ne changera rien aux résultats scolaires. « Les mèches nous aident à nous rendre belles mais cela ne veut pas dire que nous le faisons pour les garçons », a-t-elle lancé. Et de conclure que certaines filles seront complexées du fait de la mauvaise forme de leur tête que les mèches peuvent aider à masquer. Sa camarade de classe, Florence Dabiré, soutient l’interdiction du port des mèches. Selon elle, cette disposition va aider les filles. « Dans tous les cas, c’est tout le monde qui sera concerné. Au lieu de prendre le temps pour aller chez la coiffeuse, nous le prendrons pour bosser. » Une autre élève, Nafi Ouattara, dit être tout à fait disposée à respecter la mesure dès qu’elle entrera en vigueur. Prenant l’exemple de la coiffure qu’elle porte, elle reconnaît que le début sera difficile. « J’ai fait cette coiffure juste à la veille de la Tabaski. Elle m’a coûté 5000 F CFA. Si d’aventure on me demande de la défaire sans délai, il faut reconnaître que j’aurai des grincements de dents. »

Mamoudou TRAORE
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