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Dialogue majorité/opposition :« l’échec était prévisible et prévu»
Publié le mardi 14 octobre 2014  |  Le Pays
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© Présidence par DR
Forum des affaires du Burkina à Washington : les participants tirent un bilan positif
Vendredi 8 août 2014. Washington. Les participants au Forum des affaires du Burkina ont fait un bilan positif de l`activité au président du Faso, Blaise Compaoré




Dans la déclaration ci-dessus, l’auteur fait cas de l’échec du dialogue entre la majorité présidentielle et l’Opposition politique. Selon ce dernier, cet échec était prévisible puisque chacun est resté campé sur sa position. Et d’ajouter que sur la question de l’article 37, il n’y a pas de dialogue dont l’objet serait autre que la facilitation du départ du président Compaoré en novembre 2015.

A l’image de la médiation interne qu’on avait présentée comme une initiative de l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo et un groupe de sages, le dialogue entre l’Opposition politique et la majorité présidentielle, débuté le 25 septembre dernier sur initiative et sous l’égide du président Compaoré, a atteint son épilogue le lundi 6 octobre 2014, sur un constat d’échec.

De l’espoir suscité par l’implication personnelle et directe du Chef de l’Etat dans cette initiative de dialogue Majorité/Opposition

En dépit du degré élevé de scepticisme qui caractérise aujourd’hui une bonne partie des Burkinabè et tout observateur attentif quant à l’issue des tractations politiques en cours depuis un certain temps, nous avons applaudi la mise en place de ce cadre de dialogue dit inclusif, sous l’égide du président Compaoré. Nous étions convaincus, peut-être prématurément, qu’enfin le président tenait le bon bout pour poser les bases du scénario d’honneur proposé par le groupe de médiateurs qui avait été conduit par l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo. L’issue de cette initiative éphémère nous laisse dans la désillusion ; elle nous ramène à une situation plus dangereuse, pire que ce que d’aucuns qualifieraient d’un retour à la case départ, car l’acteur-clé, sur qui tous fondaient l’espoir, vient d’essuyer un échec. En prenant acte de l’échec et en promettant de poursuivre le dialogue par d’autres voix, quelles surprises nous prépare-t-il ?

Mise en œuvre de la stratégie «On gagne ou on gagne»
Dans la situation politique actuelle au Burkina Faso, nous pensons que, des cinq points présentés comme objets du dialogue, un seul constitue véritablement un enjeu : l’article 37 de notre Constitution en son aspect limitatif du nombre de mandats présidentiels à deux. Les autres points étaient soit des accessoires (Sénat), soit des « gagne-temps » (élection présidentielle de 2015, Conseil constitutionnel, participation de la société civile).
A l’analyse de l’approche du président Compaoré et de la majorité présidentielle, on se rend à l’évidence que, sans le dire, l’objectif recherché ressemble fort bien à un slogan de campagne de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo : «on gagne ou on gagne» ; ou encore à ce fameux conte dans lequel le lièvre devait effectuer le partage du butin de chasse entre lui et son compagnon : «Si tu veux le margouillat, voici le margouillat. Si tu veux le caïman, voici le margouillat». Or, se croire toujours plus astucieux que son ami finit par gâter l’amitié, dit l’adage.
Nous disons que c’est un échec prévisible et prévu car, en vérité, pour la question de l’article 37, il n’y a pas de dialogue dont l’objet serait autre que la facilitation du départ du président Compaoré en novembre 2015, à la fin de son mandat constitutionnel. Si la Constitution va être revue, ce sera après le bilan du contrat du président Compaoré avec le peuple burkinabè, qui sera naturellement fait par les acteurs et actrices qui auront pris la relève, suite à la présidentielle de novembre 2015. Ce bilan devra permettre de faire le point des acquis mais aussi des insuffisances en matière de démocratie, entre autres. Si la nécessité de revoir la Constitution en certains de ses aspects se faisait sentir, de commun accord, toutes les parties prenantes mettront en place des dispositifs qu’il faut, et engageront les actions qui siéent. L’expérience et l’expertise du président Compaoré (ex-président alors) pourront être mises à profit par son successeur, comme il en a été pour lui avec ses prédécesseurs.
En lieu et place de la préparation d’une porte de sortie, que constatons-nous ? Le président Compaoré et sa Majorité présidentielle ont voulu utiliser l’Opposition politique pour obtenir et légaliser ce qu’ils n’ont pu obtenir lors du CCRP (Cadre de concertation sur les réformes politiques), malgré le fait que ce même cadre avait été boycotté par la même Opposition (renforcée actuellement par d’autres forces) en son temps. Manifestement, c’était un pari impossible à gagner, sauf si le résultat recherché est l’échec qui pourrait, par la suite, être utilisé à d’autres fins, d’où cette image du slogan de campagne de Laurent Koudou Gbagbo. Attendons de voir.

En effet, l’objectif du président Compaoré et de sa majorité de sauter le verrou limitatif du nombre de mandats pour lui permettre de se présenter à nouveau n’a pas varié d’un iota. Le Sénat qui devait être utilisé pour obtenir la modification de l’article 37 par un Parlement bicaméral n’a pas pu être mis en place, suite aux vastes mouvements de rejet. Avec les démissions en masse du CDP, la création du MPP, la position affichée de l’ADF/RDA contre la modification de l’article 37 en vue de sauter la clause limitative des mandats présidentiels, il est quasi impossible de réussir la modification de l’article 37 par l’Assemblée nationale actuelle. Il ne reste plus que la voie référendaire, tout aussi périlleuse et rejetée par l’Opposition et des mouvements de la société civile, dès lors que l’objectif est d’user de tous les subterfuges pour assurer un nouveau bail à Kosyam au président Compaoré.
Or, ça coince aussi pour la tenue d’un référendum contesté, dont l’objet ne fait pas l’unanimité et qui, de surcroît, ne porte que sur l’intérêt d’une seule personne sinon d’un clan. Des notabilités coutumières, des communautés religieuses, des partenaires au développement ont fortement recommandé d’éviter le passage en force et de privilégier le dialogue. C’est donc pour se faire bonne conscience vis-à-vis de ces différents intervenants et justifier une éventuelle répression que le président Compaoré a mis en place ce cadre de dialogue. Mais ni lui ni la majorité ne se faisait d’illusion sur la longévité de ce cadre, encore moins du consensus qui pouvait en résulter, vu l’objet central du dialogue et les résultats que lui et sa majorité recherchent. On ne peut pas demander à l’Opposition d’accepter d’entériner ce qui a été la cause de son refus de participer au CCRP et la cause de sa forte audience auprès des populations aujourd’hui.
Quant à l’Opposition, elle savait pertinemment que si le point principal reste le même (l’article 37) et si l’objectif de la majorité ne varie pas (sauter la clause limitative pour que Blaise Compaoré soit encore candidat en 2015), ce dialogue pouvait même prendre fin dès le premier jour. Cette invite est (était) donc un piège à trois prises au moins: – Si vous refusez l’invite, on vous présente comme les va-t’en guerre aux yeux de la communauté internationale, et surtout aux yeux des groupes sociaux de référence qui ont recommandé le dialogue. – Si vous acceptez cette offre empoisonnée, vous courez le risque d’aider Blaise Compaoré et sa majorité a vous utiliser pour atteindre leur but. – Si le dialogue échoue, Blaise Compaoré (qui a le beau rôle de juge et partie) pourrait arborer son costume d’arbitre (donc de juge) et décider de la suite.
En clair, le résultat de l’échec auquel nous sommes parvenus dans ce dialogue qui est pour la majorité la mise en œuvre de la stratégie «On gagne ou on gagne», était prévisible, prévu par l’Opposition et programmé par le parti au pouvoir.

Quand on parle de l’article 37 de notre Constitution, nous devons nous faire le devoir de rappeler certains repères ; et nous allons encore citer un extrait du rapport du Collège de Sages (1999) pour conclure: «2.3.1. Revenir sur la modification de l’article 37 de la Constitution et y réintroduire le principe de la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs. En effet, sa révision en 1997, quoique conforme à l’article 168 alinéa 3 de la Constitution, touche à un point capital pour notre jeune démocratie: le principe de l’alternance politique rendu obligatoire par le texte constitutionnel de 1991.»

Cynthia Benao
benao _cynthia@yahoo.com
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