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Un « ressuscité » victime de rejet par des citoyens à Ouahigouya au Burkina Faso
Publié le samedi 4 octobre 2014  |  Le Pays




Seydou Bancé, 39 ans, a du mal à se promener dans les rues de Ouahigouya. Lorsqu’il n’est pas indexé par les habitants, l’on refuse de lui serrer la main parce qu’on le considère comme un revenant. L’homme est aujourd’hui meurtri et nous avons cherché à le rencontrer.

Parti de son Béguédo natal il y a quelques années, Seydou Bancé a choisi comme terre d’accueil le chef-lieu de la province du Yatenga. Son géniteur, un adjudant-chef de l’armée burkinabè, est maintenant à la retraite. Bien intégré dans la cité de Naaba Kango, Seydou est docker dans une gare de la place où il gagne de mieux en mieux sa vie. Victime d’un malaise, il a été transporté d’urgence au Centre hospitalier régional (CHR) de Ouahigouya, le 19 août 2014. Là, il a reçu des soins appropriés. Malheureusement, le médecin traitant a conclu au décès de l’hospitalisé, puisqu’il s’est retrouvé plus tard à la morgue. Comment est-il « ressuscité » ? A cette question, Seydou Bancé retrace son « départ manqué » dans l’au-delà : « A vrai dire, je n’ai pas su le moment de mon hospitalisation. Mais je peux vous dire comment je suis ressuscité. Au fait, c’était le 19 août dernier. Comme dans un rêve, j’avais l’impression d’être dans un fleuve. Je me débattais pour retrouver la rive. Puis, d’un coup, je me suis réveillé. Dès lors, j’étais conscient et j’ai tenté de me lever. J’ai tout de suite senti que quelque chose m’empêchait de sortir de là où j’étais. Quand j’ai essayé de soulever un peu la tête, je voyais des corps éparpillés. J’avais très froid et je grelottais carrément, parce qu’on avait mis de la glace sur moi. J’ai alors compris que j’étais bel et bien dans une morgue. Je me suis résolu à faire du bruit pour attirer l’attention du gardien de la morgue. Pris de panique, ce dernier, qui était surpris de me voir, a essayé dans un premier temps de s’enfuir. Je lui ai dit de ne pas avoir peur et de venir m’aider à sortir. C’est là qu’il s’est effectivement dirigé vers moi pour m’aider à sortir. J’étais dans une nudité totale avec le numéro 8 comme étiquette. Au même moment, j’ai vu des gens qui venaient pour chercher les corps de leurs proches à la morgue. Ils se sont retournés pour fuir.

J’ai alors dit au gardien de me retrouver mes habits ; ce qu’il a fait. Comme la nouvelle de ma mort avait fait le tour de la ville, je n’ai pas voulu appeler pour qu’on vienne me chercher. J’ai fait un auto-stop devant l’hôpital et c’est un inconnu qui m’a déposé en ville. Mon arrivée en famille a créé une véritable débandade. Beaucoup de mes proches ont fui avant de réaliser qu’il fallait continuer de me compter parmi les membres de la famille. Mais depuis, j’ai de sérieux soucis parce que les gens refusent de me serrer la main. Beaucoup disent que j’ai côtoyé les cadavres ; je suis aujourd’hui victime de discrimination. Dans le quartier, quand les enfants me voient, ils me fuient. »
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