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Célébration de l’Aïd El Kébir : se «sacrifier» pour… le mouton
Publié le vendredi 3 octobre 2014  |  L`Observateur Paalga
Fête
© Autre presse par DR
Fête de la tabaski : Ce sera le 26 octobre




La célébration de l’Aïd El Kébir ou Aïd al-Adha, communément appelée fête du mouton ou Tabaski, est un moment de souvenir du sacrifice d’Abraham et de partage recommandé par le Coran. Chaque année, nombre de musulmans burkinabè s’acquittent de ce rituel en immolant un ovin. Seulement voilà : leurs prix sont exorbitants, donc pas à la portée des petites bourses. Un tour dans la ville de Ouagadougou vous laisse pantois quant aux coûts de ces caprins.

«Patron je suis au marché comme prévu, mais je ne peux rien acheter pour le moment ; les prix des moutons sont très élevés», disait ainsi un homme, le téléphone collé à l’oreille, à notre arrivée à «Roums yaaré», le marché de bétail de Tanghin. Employé de commerce, Hamidou Ouédraogo est venu faire les courses de son boss. «Les prix sont exorbitants», nous confie notre premier interlocuteur, juste à l’entrée de cet espace grouillant de monde et de bêtes.

Pour s’en convaincre, il faut fouler le sol boueux et crotté de l’enceinte. «Venez par là ! Je vais vous faire un bon prix», nous entendons-nous dire de part et d’autre. Renseignements pris auprès d’un vendeur, Bouba Dakissaga, «il y a des moutons pour toutes les bourses» dans cet espace. Dans quelle fourchette se situent donc les prix? Et le marchand de nous informer que «les prix varient mais sont abordables et commencent à partir de 45 000 francs CFA. Il y a même des moutons de 700 000 francs ici», dit-il avec un sourire aux lèvres. Cependant, l’affluence n’est pas forte, explique Dimitri Kaboré, un de ses compères. «La clientèle est timide pour le moment. A part quelques Ghanéens, nous n’avons pas reçu d’acheteurs venus de l’extérieur cette année». Et comme il fallait s’y attendre, c’est à cause de la fièvre Ebola, disent-ils unanimement. Néanmoins ils ont tous foi qu’il y aura davantage de clients d’ici la fête. En pointant du doigt, Dimi, comme l’appellent ses collègues vendeurs, nous confie d’ailleurs que «les 2 béliers que vous voyez ont été vendus ce matin à 1 300 000 francs». Bouba, pour sa part, a amené une trentaine de moutons qui s’arrachent petit à petit, dit-il. «Certes j’en ai vendu quelques-uns, mais les bénéfices ne sont pas conséquents. Je gagne environ 2500 francs sur chaque tête», a-t-il poursuivi. Il n’y a donc pas à trop se plaindre pour le moment de leur côté.


La croix et la bannière pour s’offrir un «bon mouton»

Si les vendeurs tirent leur épingle du jeu jusqu’à présent, ce n’est pas le cas des acheteurs, dont Souleymane Ouédraogo, un conducteur de gros engins dans une société minière de la place, venu acheter un mouton pour son papa. «Les coûts sont exagérés, et jusque-là je n’ai rien eu. Pour les choix que j’ai faits, les prix sont situés entre 120 000 et 175 000 francs. Les moins chèrs que j’ai trouvés sont autour de 100 000 francs mais ce sont de petits moutons. Je vais partir pour revenir la veille de la fête ou le jour même de celle-ci en espérant que les prix seront plus abordables», a-t-il expliqué avec dépit. Mêmes sentiments à quelques mots près pour Fréderic Tassembédo, un autre acheteur. «Je suis venu chercher un bélier pour le père d’un ami, mais jusque-là je n’ai rien trouvé. Les prix sont élevés. Pour offrir un présent à quelqu’un, il faut qu’il soit bien, surtout pour ce qui concerne la Tabaski. C’est une fête qui se tient une fois l’année, donc autant trouver un animal qui en vaut la peine». Et pour ça, au marché de bétail il faut payer le prix fort, 120 000 francs au moins pour un «bon mouton» ; chose qui n’est pas possible pour ces différents acheteurs, qui font le tour du marché pour se trouver un animal de taille à la portée de leur bourse. Un véritable sacrifice pour certains, qui lancent d’ailleurs un appel aux commerçants à revoir leurs prix à la baisse afin de permettre aux populations de fêter dans la quiétude, surtout en cette période de rentrée scolaire. «Je pense qu’on pourrait amoindrir les coûts si les autorités s’y impliquaient», a même estimé Fréderic Tassembédo.

Les temps sont durs, reconnaissent tous les acheteurs, mais «on se donne les moyens pour ce sacrifice qu’a demandé Allah lui-même», expliquent-ils. Si la moisson du jour à «Rousm yaaré» a été maigre pour beaucoup, Ibrahim Koné, lui, aura eu plus de chance dans sa randonnée. «Je suis venu acheter 6 moutons, même s’il faut reconnaître que les prix sont trop élevés. Ç’aurait été bien si les vendeurs diminuaient les prix. Mes achats varient entre 50 000 et 100 000 francs, et le tout m’est revenu à 370 000 francs», a-t-il confié.


Autres endroits, mêmes réalités


A quelques jets de pierres de «Roums yaaré», à Gounghin et sur les principales artères de la ville de Ouagadougou, quelques pseudos marchés de bétails se sont créés à cette veille de l’Aïd El Kébir. S’ils offrent également des opportunités de se procurer «l’animal sacré» des temps-ci, les conditions sont quasi identiques. De Pissy à Bendgo, il faut débourser au moins 100 000 francs pour s’offrir un bélier. «Je viens de sortir avec quelques moutons et je n’ai pas encore eu de preneur. J’ai eu des propositions, mais en deçà de mes attentes», a expliqué Paul Kaboré, un éleveur de bovidés au secteur 27, établi à quelques encablures de l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF) à Dassasgho. Les coûts du bétail de ce marchand de circonstance varient entre 45 000 et 175 000 francs. «Les autres années se sont relativement mieux passées, et on espère de même cette année», dit-il.

Malgré les efforts que doivent consentir les uns et les autres pour ce sacrifice du mouton, tous s’accordent à vouloir faire de cette célébration un moment de fraternité et de partage. C’est ce qu’a d’ailleurs signifié l’imam Abdoul Wahab Sana à la gare de l’Est à Ouagadougou, baluchon en main, des légumes et un mouton sur son vélo. Venu de Kanghin (Pouytenga), l’octogénaire a fait le déplacement dans la capitale pour offrir ces présents à son fils, juste à l’occasion de la fête.

Le foin, un business !

A côté des commerçants de bétail s’est développé un autre marché, celui du foin. L’occasion s’y prêtant, cette célébration de l’Aïd El Kébir est une belle opportunité pour les vaillantes vendeuses de cette denrée de se faire des affaires. Asséta Ouédraogo, vendeuse : «Notre activité consiste exclusivement en la vente du foin. Nous achetons la tine à 125 francs et la revendons à 150 francs. Avec la fête, la vente a augmenté même si ce n’est pas comme les années antérieures. Les vendeurs de bétail disent ne pas avoir une grande clientèle jusque-là, donc nous attendons. Néanmoins, nous vendons entre 15 000 et 20 000 francs par jour».


Jérôme William Bationo
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