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Lutte contre Ebola : retour sur le cas suspect de Yalgado Dr Thiombiano
Publié le lundi 22 septembre 2014  |  L`Observateur Paalga
Lutte
© AFP par DR
Lutte contre le virus Ebola
Septembre 2014




L’apparition de la fièvre à virus Ebola dans certains pays ouest-africains est source de légitime inquiétude chez nombre de Burkinabè. Afin d’en savoir davantage sur cette maladie qui provoque la panique au moindre saignement chez certaines personnes, nous avons rencontré le Dr Rigobert Thiombiano, chef de service des maladies infectieuses du CHU Yalgado-Ouédraogo. Dans l’entretien qui suit, le spécialiste nous éclaire sur les manifestations, les modes de transmission et les méthodes de prévention à mettre en place pour lutter contre Ebola.

En termes simples, Ebola qu’est-ce que c’est ?

Ebola provient du nom d’une rivière «l’Ebola» passant près de la ville de Yambuku, en République Démocratique du Congo. C’est à l’hôpital de cette localité que fut identifié pour la première fois le virus, lors d’une épidémie qui débuta le 1er septembre 1976.

Tantôt on parle de fièvre à virus Ebola, tantôt épidémie d’Ebola… que comprendre de ces différentes appellations ?

C‘est l’histoire naturelle d’une maladie, rien de plus, on donne un nom puis on rebaptise en fonction des connaissances nouvelles.

La maladie à Ebola associe fièvre et manifestations hémorragiques d’où le nom de fièvre hémorragique. Il s’agit d’une maladie infectieuse aiguë, d’une contagiosité extrême et très mortelle. L’OMS considère, en termes de santé publique, que c’est une menace pour les humains et donc un seul cas constitue une épidémie. En effet, un seul cas notifié exige des mesures de riposte immédiates et appropriées pour enrayer le mal.

En Afrique, stricto sensus, quand on parle de fièvres hémorragiques virales africaines, on sous-entend la FH- (Fièvre à Virus) à virus Lassa (du nom d’une ville du nord du Nigeria), de la FH à virus Marburg (du nom d’une ville d’Allemagne où ce virus avait été isolé chez des travailleurs de laboratoire manipulant les organes de singes verts importés d’Ouganda) et la FH à virus Ebola. Leur dénominateur commun, c’est d’être très contagieuses, hémorragiques et extrêmement mortelles. Des trois maladies, celle à virus Ebola, rebaptisée «Maladie à Ebola», est la plus meurtrière (taux de létalité variant de 50 à 90%).

Quelles sont les particularités de ce virus par rapport à d’autres microbes ?

Par rapport aux autres microbes, je dirai qu’il s’agit d’un virus qui ne peut être vu qu’au microscope électronique. Il a une forme particulière, celle d’un filament d’où son nom de filovirus. On distingue à l’heure actuelle cinq souches : Ebola Zaïre, Ebola Soudan, Ebola Côte d’Ivoire, Ebola Bundibugyo (Ouganda) et Ebola Reston (Philippines). Les souches Zaïre et Soudan étant les plus répandues et les plus virulentes.

C’est un virus qui possède une enveloppe, ce qui le rend très sensible au solvant lipidique comme le savon. En outre, il est très sensible à l’eau de javel à 5%.

Autres particularités : le virus a la faculté de se répliquer rapidement. Une semaine après le début des symptômes, il a déjà eu le temps de produire une grande quantité de particules virales qui envahissent le sang et les cellules du malade, notamment les cellules du système immunitaire (lymphocytes), les leucocytes et les plaquettes. C’est cette invasion qui provoque le dysfonctionnement des organes vitaux en perturbant leur irrigation. Elle est aussi à l’origine des hémorragies internes.

Quels sont les signes évocateurs de cette maladie chez un sujet atteint ?

Grosso modo la maladie évolue en trois phases : une période d’incubation qui dure en moyenne de 05 à 12 jours avec des extrêmes de 2 à 21 jours, habituellement silencieuse, une phase d’invasion ou début de la maladie avec apparition brutale d’une fièvre associée à des maux de tête, aux douleurs musculaires, une très grande fatigue. Puis à la phase d’état, surviennent des vomissements, la diarrhée et des hémorragies discrètes ou diffuses.

Le diagnostic clinique de la maladie à Ébola se fonde sur quelques types d’arguments :

- arguments anamnestiques tels que la notion de séjour dans une zone d’endémie à Ebola, la notion de contact étroit avec un malade d’Ébola, de cadavres et/ou de contact avec l’entourage d’un malade ;

- arguments cliniques (fièvre d’installation brutale, asthénie massive, diarrhées, vomissements, éruptions cutanées et hémorragies ;

En tout état de cause, la confirmation est apportée par le laboratoire.

D’autres maladies n’ont –elles pas des symptômes proches de ceux d’Ebola ?

Vous voulez parler du diagnostic différentiel de la maladie à virus Ebola ? Effectivement, de nombreuses affections peuvent simuler la maladie à Ebola : influenza, paludisme, fièvre typhoïde, etc. Mais un interrogatoire bien conduit permettra de suspecter cliniquement la maladie à Ebola. En cas de doute, les examens de laboratoire confirmeront ou infirmeront les hypothèses diagnostiques.

Quels sont les différents modes de transmission de la maladie à Ebola ?

La transmission interhumaine est directe par contact direct par les liquides organiques (sang, sperme, salive, urines, sueur, selles) d’un individu contaminé, ou de linge préalablement souillé. Le cadavre de malade mort d’Ébola reste aussi très contagieux pendant longtemps.

Certains animaux sauvages constituent, dit-on, le réceptacle de ce virus Ebola.

Sur le plan de l’éco-épidémiologie, les choses se passent de la façon suivante :

La chauve-souris jouerait le rôle de réservoir naturel de virus. Certaines chauves-souris frugivores seraient porteuses du virus sans être malades. En entrant en contact avec d’autres animaux (singes, chimpanzés, antilopes de forêts), elles transmettraient alors le micro-organisme. Les humains chassent en forêt, et se font contaminer (par exemple en mangeant de la viande de brousse contaminée, ou en rencontrant les singes). L’humain peut également se contaminer directement à partir des chauves-souris. La manipulation ou la consommation des animaux sauvages morts ou vivants est une source de contamination.

Le degré de contagion d’homme à homme est-il assez élevé ?

La transmission interhumaine est extrême, c’est une maladie infectieuse aiguë très contagieuse. Son apparition chez l’homme semble récente (premier cas recensé en 1976) bien que l’on retrouve chez certaines populations africaines des traces d’anticorps. C’est en 1976 en RDC que le virus Ebola a été identifié pour la première fois. Il avait alors causé une importante épidémie, tuant quelque 150 personnes. Depuis, il refait régulièrement surface essentiellement dans les pays africains, où le bilan des épidémies reste lourd.

Comment se fait l’évolution de cette maladie chez l’être humain?

Il s’agit d’une infectieuse hautement létale chez l’homme essentiellement du fait de la diarrhée et des vomissements, puis des troubles hémorragiques. Une réhydratation hydro-électrolytique (lutte contre la déshydratation grave qui entraîne de nombreux décès lors d’une épidémie d’Ebola) s’impose alors.

Est-ce qu’on peut ne pas mourir d’Ebola ?

C’est possible mais plutôt rare, je ne sais par quel miracle. Mieux vaut consulter tôt pour une prise en charge rapide et adéquate. En cas de diagnostic rapide, il faut réhydrater le malade pour qu’il y ait une chance de survie. La réhydratation est un élément fondamental dans le traitement.

Un patient guéri est-il contagieux ?

Ça dépend : s’il est guéri totalement et définitivement (éradication totale du virus de l’organisme), il n’est plus contagieux. Pour ce qui est des sujets de sexe masculin, même guéri, il est recommandé de s’abstenir de tout rapport sexuel non protégé pendant 3 mois au moins voire proscrire tout rapport sexuel pendant trois mois après guérison clinique. On a isolé des liquides séminales d’un patient cliniquement guéri 61 jours après un virus Ebola infectieux.

Comment expliquez-vous la rumeur sur un cas d’Ebola à l’hôpital Yalgado ?

Voici comment est survenu la fausse alerte suivie d’une rumeur :

Il s’agit d’un compatriote qui est revenu de la Guinée, il y a de cela trois semaines, où il faisait la transaction de l’or. Etant tombé malade, il est rentré au pays et a été examiné par une structure privée de soins, qui par la suite l’a référé à un CMA. Du CMA, il a été référé au CHU-YO, pour une meilleure prise en charge appropriée. Arrivé au CHU-YO, et après l’interrogatoire, il a été décidé d’isoler le malade dans une chambre du service des Maladies infectieuses, pour calmer les esprits des uns et des autres, quoique les signes cliniques qu’il présentait, selon les spécialistes, n’aient pas grand-chose à voir avec Ebola. Par mesure de prudence, des prélèvements ont été faits et envoyés en France, mais les résultats se sont avérés négatifs.

Votre message aux populations et aux agents de santé par rapport à la rumeur que crée cette maladie ?

A l’endroit de la population

Je comprends son inquiétude justifiée mais je lui demanderai de ne pas céder à la panique et de rester très vigilante, en déclarant avec la plus grande prudence tout cas suspect. Pour lutter efficacement contre ce fléau qui frappe à nos portes, sachons l’affronter en respectant scrupuleusement les consignes du ministère de la Santé ; se laver fréquemment et régulièrement les mains avec de l’eau et du savon et éviter de consommer la viande sauvage.

A l’intention des agents de santé

Appliquer rigoureusement les mesures de prévention des infections pour barrer la route non seulement à Ebola, mais aux infections nosocomiales (lavage des mains, port des barrières de protection ; élimination correcte des déchets, traitement des instruments).

Propos recueillis par

le Service communication du CHU-YO

Encadré : il faut dire qu’il ne fait pas bon aujourd’hui de venir d’un des pays touchés par Ebola, la psychose est telle, que même les internes de médecine (les futurs médecins) au CHU-YO sont les premiers à créer la rumeur. Facilement, les gens cèdent à la panique, or pour les professionnels de santé, ce devrait être le contraire. Certes on ne pas prendre des risques, mais de là à propager de fausses informations, qui contribuent à désarçonner le patient et ses parents, c’est inquiétant.

Voici les propos du Dr Rigobert Thiombiano au sujet du patient

« C’est un monsieur qui a pris un médicament pour traiter sa fièvre. Il n’a jamais eu de diarrhée. Mais par la suite, il a eu une éruption. Cela peut être lié au médicament ou à une autre maladie. J’ai fait appel aux dermatologues, nous l’avons examiné, et ses signes cliniques n’ont rien d’inquiétant. En dehors des lésions cutanées, il n’a rien».

RECOMMANDATIONS AU PERSONNEL DU CHU-YO

Définition du cas suspect de maladie à virus Ebola

Toute personne souffrant d’une forte fièvre qui ne répond à aucun traitement des causes habituelles de fièvre dans la région, et qui présente au moins l’un des signes suivants : diarrhée sanglante, hémorragie gingivale, hémorragies cutanées (purpura), hémorragies conjonctivales et présence de sang dans les urines.

VOTRE CONDUITE A TENIR DEVANT UN CAS SUSPECT

- Ne paniquez pas

- Ne touchez pas le malade

- Isolez le cas présumé des autres patients

- Appliquez les mesures de barrières strictes de protection (désinfection des mains, port des barrières de protection)

- Informez votre chef de service

- Contactez l’équipe médicale du service des maladies infectieuses en composant les numéros 448 ou 534 pour la gestion du cas

- Saisissez le service d’hygiène du CHUYO pour désinfection de la salle, après le transfert du patient

- Assurer le suivi des contacts

- Circuit du malade à l’intérieur du CHU-YO

L’équipe médicale du service des maladies infectieuses viendra sur place investiguer le cas et décidera de la conduite à tenir ultérieure.

Seule cette équipe pourra autoriser le transfert du patient dans le Centre d’isolement prévu à cet effet.

Numéros utiles :

o Dr THIOMBIANO: 70 26 79 80 ou 79 04 72 69

o Dr Apoline OUEDRAOGO/SONDO : 70 07 71 98

o Dr Mamoudou SAVADOGO : 70 25 91 54

o Dr Pierre Bangba BIDIMA : 70 25 05 03

o Mr LALOGO Emmanuel : 71 99 37 73

o Mme Justine KABORE/KAWANE
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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