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Décès de Hourèta Tamboura : « il faut que quelqu’un paye pour ce malheur », selon un citoyen
Publié le vendredi 19 septembre 2014  |  Le Quotidien




Dans cette lettre, intitulée « lettre du désert », Moussa Dicko revient sur les événements de Djibo qui ont occasionné la mort de Hourèta Tamboura. Pour lui, ceux qui ont géré la crise « sont un déshonneur». « Djibo a connu des heures sombres, le jeudi 4 septembre 2014. Des dizaines de personnes ont été tabassées, conduites au poste de police et de gendarmerie. Une dizaine de blessés ont été conduits à l’hôpital. Des services de l’Etat dont l’Environnement, l’Action sociale, le CMA envahis par du gaz lacrymogène intentionnellement lancé et tout cela, sous la bénédiction d’un gouverneur qui n’y voit que du travail bien fait et qui tire le chapeau aux agents de la sécurité désormais érigés en force meurtrière. Des violations de domiciles ont été perpétrées par ces derniers. Ensuite, sont survenues de nombreuses autres atteintes graves aux droits des individus et à la communauté. Une des victimes a succombé de ses douleurs le vendredi 12 septembre, après une semaine de souffrance. Oui messieurs ! Il y a eu meurtre, voire homicide volontaire à Djibo. Il y a eu violation de domiciles. Il y a eu atteintes graves à l’intégrité physique et morale. Il y a eu traitements dégradants et avilissants des individus. Il y a eu humiliations publiques. Il y a eu confiscation des droits à la parole, à la revendication des promesses non tenues. Il y a eu confiscation des biens. Et quoi encore ? Le pire, c’est qu’il y a eu la banalisation de tout cela. C’est un déshonneur. C’est un déshonneur qu’un maire banalise une telle violence. C’est un déshonneur que le maire de Djibo trouve que ce qui s’est passé est tout à fait normal. Qu’il pense que chaque fois que les citoyens vont revendiquer de manière inhabituelle, ils auront une démonstration de force inhabituelle. C’est une honte que le maire trouve normal que tout cela arrive, parce qu’on a revendiqué différemment, ce qui a longtemps été utilisé comme promesse de toutes les élections du CDP qui a toujours raflé la majorité et qui n’a jamais construit autre chose que le mépris, la rumeur et la peur. Monsieur, c’est un déshonneur. Je refuse de me taire face à une telle situation. Monsieur le maire, vous avez déshonoré les citoyens en normalisant tout ce carnage parce que tout simplement les Djibolais ont fait preuve d’audace, de détermination et d’union de force. Monsieur le gouverneur du Sahel, vous et ceux que vous affirmez avoir pris la décision de passer à cet acte contre de citoyens. Nous refusons de croire comme vous, que les forces qui ont tué Houreta Tamboura « ont fait preuve de professionnalisme ». Monsieur le gouverneur, jeter du gaz lacrymogène par la fenêtre d’un citoyen dans un Etat de droit, n’est-ce pas cela le professionnalisme que vous vantez ? Lancer du gaz lacrymogène dans une maison et la refermer pour que ceux qui y sont n’en sortent pas, c’est cela le professionnalisme que vous vantez, cher gouverneur ? Frapper des gens dans les rues et les maisons, déboucher dans une cour en deuil et disperser les gens par des coups et du gaz lacrymogène, est-ce vraiment cela le professionnalisme de nos force de l’ordre, monsieur le gouverneur ? Cher gouverneur, je ne sais pas trop ce que vous appelez « professionnalisme » mais si je résume : un père de famille qui se fait sortir de sa maison avec femmes et enfants, se fait agenouiller et matraquer est victime du professionnalisme. Une femme revenant du marché qui se fait agresser par des forces de l’ordre est victime de professionnalisme. Un vieil homme de 98 ans qui a passé dix heures dans le coma parce que vos forces meurtrières ont jeté chez lui du gaz lacrymogène est victime d’un acte professionnel, et quoi encore, monsieur ! Oui ! Nous ne pouvons qu’être fiers. Nous ne pouvons croire que vous et votre hiérarchie telle que vous dites, avez autorisé de telles horreurs. Et nous voulons des réponses, car il faut que quelqu’un paye pour ces malheurs que nous avons endurés. Nous avons essuyé des larmes. Et maire, haut-commissaire, gouverneur et votre hiérarchie qui, selon vous, ont pris la décision nous doivent des explications. Nous osons croire qu’il vous reste encore un peu d’honneur pour répondre courageusement à toutes ces horreurs. « Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple et tentent de le réduire au silence » vous savez de qui c’est !
Fier citoyen de la Renaissance »

Moussa Dicko
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