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"Trafic de bébés" : le président du parlement a quitté "discrètement" le Niger pour le Burkina Faso (opposition)
Publié le jeudi 28 aout 2014  |  AFP
Assemblée
© aOuaga.com par Serge T.
Assemblée nationale ivoirienne : séance solennelle d’ouverture de la première session ordinaire 2013
Mercredi 24 avril 2013. Abidjan. Plateau, palais de l’Assemblée nationale. Guillaume Soro a présidé la première session ordinaire de l’année 2013. Photo : S.E.M Hama Amadou, président de l’Assemblée nationale du Niger




Niamey - Le président du parlement Hama Amadou, dont les pairs ont autorisé mercredi l'audition par la justice au sujet d'un trafic présumé de bébés du Nigeria, a quitté "discrètement" le Niger pour le Burkina Faso, a indiqué un responsable de l'opposition.
"Je peux vous dire qu'il a quitté discrètement le pays et est actuellement à Ouagadougou au Burkina Faso, dont les autorités ont confirmé la présence", a déclaré à l'AFP un responsable de l'opposition nigérienne, confirmant une information de la télévision d'Etat et d'une chaîne privée. L'AFP n'a pu joindre de membre de la majorité pour une éventuelle réaction.
Le bureau politique de l'Assemblée nationale a autorisé mercredi l'audition de M. Amadou par le juge d'instruction en charge du dossier, ce qui ouvre la voie à une potentielle arrestation, a expliqué une source judiciaire.
La levée de l'immunité parlementaire de M. Amadou n'est pas encore requise à ce stade de l'enquête, a expliqué à l'AFP Mohamed Ben Omar, député proche du pouvoir, troisième vice-président du Parlement et membre de ce bureau.
Le président de l'Assemblée nationale est considéré comme le principal adversaire du chef de l'Etat Mahamadou Issoufou pour l'élection présidentielle de 2016. L'une de ses épouses est actuellement écrouée dans le cadre de cette affaire retentissante de trafic, qui a crispé le climat politique dans le pays.
"Nous pensons que pour l'honneur et la respectabilité de notre institution, il (Hama Amadou) doit (se mettre) à la disposition de la justice", a justifié M. Ben Omar.
"Il ne faut pas que nous basculions dans la rupture d'égalité des citoyens devant la loi. Pour une même affaire, des Nigériens croupissent en prison depuis des mois et d'autres sont en liberté", a-t-il argumenté.

Légalité

Le conseil des ministres avait transmis mardi au Parlement une "requête" du ministre de la Justice pour qu'Hama Amadou puisse être entendu.
L'opposition dénonce l'illégalité de la mesure. Le règlement intérieur du Parlement ne permet pas à "un bureau de l'Assemblée nationale de livrer un député à la justice ou de le faire arrêter", a réagi Tidjani Abdoulkadri, l'un de ses députés.
"L'arrestation suppose nécessairement la levée en amont de l'immunité d'un député par l'Assemblée nationale" réunie "en plénière", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.
L'article 88 de la Constitution nigérienne stipule pourtant qu'"hors session, aucun député ne peut être arrêté" qu'avec "l'autorisation du bureau de l'Assemblée nationale, sauf cas de flagrant délit, de poursuites autorisées ou de condamnations définitives".
Selon une source parlementaire, Hama Amadou a saisi le Conseil constitutionnel pour qu'il se prononce "sur la légalité" de la procédure.
Dix-sept personnes, dont 12 femmes, ont été écrouées fin juin au Niger dans une affaire de trafic international de bébés entre le Nigeria, où ils ont été conçus, le Bénin et le Niger.
Toutes ont été inculpées de "supposition d'enfant" (délit qui consiste à attribuer la maternité d'un enfant à une femme qui ne l'a pas mis au monde), "faux et usage de faux" et "déclaration mensongère".
Le ministre nigérien de l'Agriculture Abdou Labo, dont l'une des épouses fait partie des femmes détenues, a été incarcéré samedi.
Fin juillet, M. Amadou avait dénoncé une affaire "politique". "Nous allons bannir ce trafic honteux, quelle que soit la personne impliquée", avait répondu le ministre de la Justice.
La rupture entre Hama Amadou et la majorité date d'août 2013, quand l'ex-principal allié de Mahamadou Issoufou a rejoint l'opposition pour protester contre une refonte du gouvernement.
Les partisans du chef de l'Etat ne disposent pas des deux tiers des députés requis pour destituer le président du Parlement.

bh/jf/mf
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