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Secteur n°23 de Bobo : 4 familles mises dans la rue par un attributaire de parcelle
Publié le mercredi 20 aout 2014  |  Sidwaya




Dans l’après-midi du jeudi 14 août 2014, un huissier de justice, accompagné de la police, a fait casser les maisons de quatre pères de famille et emporté les tôles et chevrons, dans la zone nouvellement lotie du secteur n°23 de Bobo-Dioulasso. Ils répondaient ainsi à la sollicitation d’un attributaire de parcelle qui a demandé en vain aux résidants de libérer sa parcelle, afin qu’il la mette en valeur.

Tout a commencé dans l’après-midi du jeudi 14 août 2014, aux environs de 17 h 45 mn, selon les témoins de la scène. Un huissier de justice, accompagné de deux véhicules de la police, a fait son entrée dans le quartier nouvellement loti du secteur n°23 de Bobo-Dioulasso, sur la route de Dédougou. Arrivé sur les lieux, a témoigné Tahirou Zon, il a ordonné à ce qu’on casse les quatre maisons qui étaient sur la parcelle. Ce qui fut fait et les tôles et chevrons ont été emportés. « Ils nous ont surpris, car si on nous avait donné un délai, nous allions chercher d’autres possibilités. Une femme a failli y rester avec son bébé », a expliqué Tahirou Zon. Dans ces quatre maisons, a-t-il poursuivi, vivent plus de 20 personnes qui ne savent plus où aller pendant cette saison des pluies. « Nous sommes arrivés dans la zone en 1997. On ne nous a jamais recensés. En 1997, ils sont venus borner la zone. Chaque fois qu’on demandait de nous recenser, on nous disait qu’après le bornage on allait nous recenser. Après, ils ont attribué les parcelles aux gens et nous sommes sans parcelle », a confié M. Zon. Et toujours selon lui, c’est le maire d’alors, Moustapha Tinto, qui est l’auteur de cette situation. « Il est parti de la mairie. Ibrahim Sanon est venu, nous sommes allés le voir, mais il n’a pas pu nous trouver une solution. Nous demandons au moins à Ibrahim, de nous trouver des parcelles pour que nous puissions libérer celles des autres », a estimé Tahirou Zon. Et Karidia Toé, elle aussi victime de la situation et toute désemparée, de renchérir qu’ils sont dans les non-lotis depuis plus de 10 ans. « Tinto nous a flattés, il a vendu les terrains à ceux qui ont l’argent. C’est eux qui viennent nous dire de quitter leurs parcelles qu’ils ont payées avec les maires», a-t-elle ajouté. Résidant dans la même zone, Yacouba Zerbo reconnaît néanmoins qu’ils doivent libérer les parcelles. Seulement, il demande aux autorités de leur venir en aide, en leur attribuant aussi des parcelles. Nul n’est au-dessus de la loi, a-t-il reconnu, avant d’ajouter que « si les populations des non-lotis avaient résisté à la police, elles seraient en porte-à-faux avec la loi ». Yacouba Zerbo, demande donc à la même loi de leur trouver des parcelles. Pendant les élections, a-t-il regretté, les politiciens viennent vers les populations des non-lotis, les femmes et les jeunes, pour qu’ils les votent. «Après les élections, ceux qu’on a votés viennent nous déloger dans nos quartiers précaires. Nous trouvons que notre droit de citoyen est bafoué», a-t-il conclu. Pourtant, ils seraient plus de 250 chefs de famille qui sont dans cette situation, tous installés sur des parcelles de tierces personnes. Joint au téléphone, Moustapha Tinto, alors maire de l’arrondissement de Dô et actuel 1er adjoint au maire de la commune de Bobo-Dioulasso, a expliqué que lors du bornage de la zone, personne n’était sur le terrain. «Quant on a commencé à borner le terrain, certains ont rapidement construit, parfois la nuit même, pour se faire recenser», a-t-il dit. Sinon, estime Moustapha Tinto, tous ceux qui étaient réellement dans la zone ont été attributaires de parcelle. De plus, a-t-il confié, quand les plaignants sont venus à la mairie, et au regard de leur effectif, certains d’entre eux ont été satisfaits. Aussi, a-t-il poursuivi, la mandature suivante, celle de l’actuel maire de l’arrondissement n°2, Ibrahim Sanon, leur a encore donné d’autres parcelles. « C’est le côté humain et social qu’on a regardé en leur donnant ces parcelles, sinon, ils n’en avaient pas droit puisqu’ils n’ont pas été recensés et ne sont pas formellement des demandeurs», a ajouté Moustapha Tinto. Actuellement sans abris, les pères de familles disent avoir été à l’Action sociale qui les a référés vers la mairie de l’arrondissement n°2. Le maire étant absent, ses adjoints leur auraient demandé d’attendre son retour. Mais en attendant, les cinq chefs de familles ont été convoqués par le propriétaire de la parcelle à la gendarmerie.


Jean-Marie TOE
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