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Arrondissement 4 de Ouagadougou : un problème de terrain aux rebondissements inquiétants
Publié le mardi 19 aout 2014  |  Le Quotidien
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© Autre presse par DR
Le directeur régional de l’ONEA, Seydou Kafando




Depuis quelques jours, des commerçants et riverains du marché Toukin de Somgandé, dans l’arrondissement 4 de Ouagadougou, manifestent leur opposition à la mise en valeur d’un terrain mitoyen au marché. Ce domaine, attribué à l’actuel à l’Office national de l’eau et de l’assainissement(ONEA) depuis les opérations de lotissement commando pendant la révolution, a été longtemps exploité par les usagers du marché. Aujourd’hui, dans sa politique de rapprochement de ses services à sa clientèle, l’ONEA envisage de mettre en valeur son terrain en y érigeant une agence.Il a introduit une demande le 24 janvier dernier à la mairie afin que soit libéré le domaine. Mais, la décision n’est pas du goût des occupants des lieux qui, après plusieurs tentatives infructueuses pour exiger le déclassement du lot 31 de la section LO (Somgandé), menacent de bloquer le chantier et d’empêcher l’érection de l’agence. Les autorités communales, qui entendent faire respecter la loi, n’ont pas accédé à cette requête. C’est ainsi que, débarqués sur les lieux pour permettre à l’entrepreneur de commencer les travaux, les éléments de la Compagnie républicaine de sécurité(CRS), qui se sont heurtés la résistance des manifestants, ont dû replier.
Le marché de Toukin, dans l’arrondissement 4 de Ouagadougou, côté nord du quartier Somgandé, est en effervescence depuis plusieurs semaines. Alors qu’il était 9 heures ce jour fête de l’Assomption, nous passions près du marché de Toukin. Un attroupement peu ordinaire attira notre attention. Nous marquâmes un arrêt et dûmes constater qu’il s’agissait d’un mouvement de protestation. « C’est toujours l’affaire du terrain du côté nord du marché », nous lança un des manifestants à notre arrivée sur les lieux. Là-bas, sous un ciel dégagé, un soleil clément, éléments de la CRS et manifestants se narguaient. Les premiers venus pour assurer la sécurité de l’entreprise chargée de l’exécution des travaux se sont heurtés à la résistance des derniers qui refusent qu’on occupe cette partie du marché jugé déjà restreint et sans aire de parking convenable. Ambiance de musique, attroupement de plus en monstre montre, circulation encombrée, boutiques et étals quasiment vidés de leurs occupants sont, entre autres, le constat que l’on pouvait faire ce jour. Entre peur et brouhaha, les visiteurs et acheteurs s’affairaient. D’un côté sur l’ancien parking du marché, un groupe d’hommes dont le chef de Toukin échangeait avec le chef de mission de la CRS. De l’autre côté, un homme, la trentaine révolue, le ton menaçant, expliquait à des journalistes et passants l’objectif de leur rassemblement. «... A ma grande surprise, la fois passée, l’ONEA est venu ici avec des techniciens pour qu’ils viennent analyser le site et nous nous sommes y opposés. Le maire s’est alors invité sur le terrain avec des policiers. Arrivé, il est venu avec un micro et il n’a même pas cherché à nous écouter », ainsi expliquaient Idrissa Ouédraogo, responsable des manifestants. C’est en tout cas, ce qui opposait les manifestants ce jour-là aux autorités communales. Au milieu du terrain, on observait un tas de sable, des briques, des feuilles de tôles et de la paille qui témoigne des déguerpissements déjà effectués. Ainsi, la colère des déguerpis se lisaient sur leurs visages.
Pour l’actuel maire de l’arrondissement 4, Issa Anatole Bonkoungou, il ne devrait pas y avoir de problème du fait que le domaine querellé est bel et bien une propriété de l’ONEA qui veut aujourd’hui en jouir.
Mais en juin 2000, expliquait le maire, pour des raisons d’extension du marché et dans le cadre du 3e projet de développement urbain de la ville, alors qu’il était délégué administratif nommé à la suite de la déconnexion des structures populaires, il avait demandé aux commerçants d’introduire une demande de déclassement des terrains administratifs situés au côté nord du marché du secteur 25. Ces propos sont confirmés par la lettre N°2001-193MATD/PKAD/CO/ANGM/M/SSE/SA signée du maire Zakaria Sawadogo à l’époque. On se rappelle également, par archives, que lorsque par lettre N°2014-0211/ONEA/DG/SJCDA, alors que Anatole Bonkoungou n’était pas encore maire, l’ONEA informait de son intention de construire une agence sur son domaine et par conséquent demandait la libération de son espace. Mais, aucune manifestation n’a eu lieu en son temps. Et le maire de se demander pourquoi les manifestants n’ont-ils pas réagi à cette période. En effet, selon l’actuel maire, le déclassement ne peut pas s’opérer ni au profit de la mairie, ni de l’association des commerçants du marché, à moins que ce soit un dossier qui remonterait jusqu’en conseil des ministres pour qu’une telle autorisation soit accordée. Ce qui dira-t-il, à sa connaissance, n’a pas jusqu’ à présent été fait.
A l’en croire, c’est à son entrée de fonction qu’il a eu connaissance du dossier. Il aurait à cet effet demandé aux conseillers de secteur de passer l’information et de veiller à ce que l’espace soit dégagé. Ce que les commerçants qui occupaient les lieux ont fait, mais selon le maire, c’est un certain Bali Nébié, ancien conseillé, qui y a érigé deux hangars de parking à motos et qui ne veut pas déguerpir. « Alors, il a soulevé un groupuscule et sème le doute en prétextant que ces hangars ont été construits par la Régie autonome de gestion des équipements marchands (RAGEM) ».
Ce que le directeur de RAGEM semble ignorer quand il nous dit que sa structure n’a pas effectué de dépenses de ce genre.
Des relents politiques sur fond de menaces
« En tout cas, nous sommes là et nous sommes déterminés à lutter pour le bien-être de nos mamans et de nos frères et sœurs qui vendent dans ce marché. », fois de Idrissa Ouédraogo.
Pour les autorités qui n’entendent pas céder à la pagaille, force doit rester à la loi. « La police va faire le nécessaire. Si vous revendiquez venez vers l’administration et faites la demande. Vous ne pouvez pas seulement aller brandir les biceps pour dire qu’ici ça ne se fait pas. C’est de l’incivisme », martèle le maire de l’arrondissement 4 de Ouagadougou. Certains observateurs lient ces agissements aux conséquences des élections passées. Ainsi, les partants voudraient barrer la voie aux vainqueurs. Pour d’autres acteurs de la scène politique également, la fin des élections a donné lieu à un conflit larvé entre le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), tendance Zakaria Sawadogo, et Issa A. Bonkoungou de l’Organisation pour la démocratie et le travail (ODT). Ce qui transparait en filigrane dans les positions des deux camps. Morceau choisi : « On vous attribue un terrain, des gens organisent des jeunes bien musclés et on vous dit que vous ne construirez pas », lance monsieur Bonkoungou, un partant pour la mise en valeur de terrain de l’ONEA. A Idrissa Ouédraogo, un des opposants de répliquer : « Après lui, Zakaria est venu, il a trouvé un endroit pour la SONABEL à Tanghin. Cette dernière est allée construire. Il en a fait de même pour l’ONEA pour que si elle le désire, elle parte construire, mais malgré tout on s’entête à ce que l’ONEA occupe le terrain».
Pour l’instant, les manifestants, par la voix du chef de Toukin, ont pu obtenir l’arrêt des travaux sur le site entendant que les négociations se poursuivent en vue d’un consensus sur la situation. Vivement, que cette concertation n’accouche pas d’une souris.


Lucien Batcho/ DIGICOM
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