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Eddie Komboïgo, président du comité central de l’ASFA-Y : « Nous allons reconquérir notre titre la saison prochaine »
Publié le mercredi 13 aout 2014  |  Sidwaya




Le président du comité central de l’ASFA-Y, Eddie Komboïgo, nous a accordé en exclusivité une interview de fin de saison. Le président dresse un bilan pour son club, passe en revue les goulots d’étranglement pour une vraie émergence de notre football sur le plan local et international. Lisez plutôt.


Le championnat national de football de première division est terminé. L’ASFA-Y, le club que vous présidez, champion en titre à l’entame, se retrouve à la 9e place; quels sont les sentiments qui vous animent ?

Nous avons été 9e après avoir été champion pendant cinq ans consécutifs. C’est la loi du sport ! Je ressens certainement des sentiments de tristesse de voir le club relégué à un tel rang, mais c’est un peu logique, même si on ne le souhaite pas, parce que nous avons des structures vieillissantes, nous n’avons pas su renouveler, préparer la relève, et cela arrive aussi aux grands clubs. La récente coupe du monde est édifiante. Nous tenons d’abord à nous excuser auprès des supporters, et de ceux qui portent l’ASFA-Y dans leur cœur. Il nous appartient de tirer toutes les leçons de cette saison sur le plan football, et de faire des recommandations pour que la nouvelle saison qui arrive porte plus de fruits. A ce titre d’ailleurs, j’ai instruit mon vice-président, de convoquer une réunion d’urgence, pour que nous puissions faire le bilan sans complaisance, du comité central, de la section football, des encadreurs techniques, des joueurs, pour voir là où il y a eu des défaillances ; et en même temps continuer la réflexion, en bonne intelligence avec le conseil d’administration, pour trouver les voies et moyens pour que l’ASFA-Y continue de briller comme elle l’a fait ces cinq dernières années. Mais vous savez également que l’ASFA-Y, n’est pas que football, elle est aussi handball. Vous avez constaté que notre équipe féminine est sortie championne du Burkina, en écrasant la LONAB sur un score fleuve, et ça pour la nième fois. C’est une satisfaction pour nous, et cela nous interpelle à davantage travailler pour réconforter et soutenir les filles, pour qu’elles nous représentent maintenant sur le plan continental avec beaucoup de brillance, j’allais dire de succès.


A peine une saison à la tête du comité central de l’ASFA-Y, quel état faites-vous des lieux au sein du club?

Pour analyser les clubs du Burkina, il faut tenir compte du fait que ce sont des structures associatives, ce ne sont pas des clubs professionnels, comme nous voyons dans les pays émergents, ou développés. Ici les gens viennent parce qu’ils sont sa bonne volonté, chacun met un peu d’argent, de contribution, pour supporter le club, nous n’avons pas une source importante de revenus ; nous n’avons pas un seul sponsor qui dit, voilà je porte le club, comme il se passe ailleurs ; nous n’avons pas d’individus qui disent «business » : nous investissons aujourd’hui pour récupérer demain et rentabiliser plus tard. La leçon que je tire sur l’ASFA-Y, et j’ai même l’impression, que c’est sur presque tous les clubs du Burkina, est que c’est le volontariat qui les anime. Il est temps que nous cherchions à changer, que l’on trouve des sponsors qui soutiennent avec un budget pour assez consistant, et pour les encadreurs, et les joueurs. Le football est un business aujourd’hui. L’on doit pouvoir placer des joueurs à l’international et gagner de l’argent. On doit pouvoir travailler à arriver aux quarts de finale, en demi-finale et en finale des compétitions africaines, obtenir de l’argent pour réinvestir dans les joueurs et dans l’encadrement. Sinon sans argent, la volonté seule ne suffit pas. Bien que le comité central n’ait pas pour rôle la recherche du financement, (cela est une mission dévolue au conseil d’administration), nous devons leur apporter un coup de main pour collecter davantage les moyens. Mais comme vous le savez, nous ne sommes pas tous des professionnels du sport ; nous sommes venus parce que certains pensent que nous avons l’intelligence nécessaire pour porter le club là où il le faut. Mais il faudrait également que cela se fasse avec la compréhension et l’acceptation de l’ensemble des supporters, et de ceux qui croient à l’ASFA-Y. Qu’ils comprennent que l’on ne peut qu’opérer une réforme profonde. L’idéal aurait été qu’une personne morale ou physique ait le courage de dire qu’elle rachète tel club avec des ressources consistantes, et qu’elle aille chercher de bons encadreurs, de bons joueurs qu’elle va payer confortablement en fonction des résultats. Et en même temps, préparer une jeunesse pour assurer la relève.
C’est ce que je tire comme leçons et je vais les partager avec les membres du comité central, et ceux du conseil d’administration, et en même temps l’élargir au comité des supporters, et je suis sûr que l’année prochaine, nous allons leur offrir de meilleurs résultats, sur le plan football. Dans tous les cas, il faut que nous travaillions pour trouver les moyens financiers et techniques, et nous y veillerons.

Les supporters accusent le bureau actuel de n’avoir pas fait des recrutements; qu’en dites- vous ?

Pour recruter, il faut avoir de l’argent (rires aux éclats). Vous savez, même si on rentre dans les quartiers prendre nos jeunes frères qui semblent briller pour leur dire de venir tenter leur chance de jouer au football, il faut toujours les intéresser en les payant ne serait-ce que des perdiems. Voilà pourquoi je parle de professionnaliser le football dans les clubs. Tant que cela ne se fera pas, nous pourrions ponctuellement briller, faire plaisir, et après on évolue en dents de scie, on monte et puis on descend. Nous aurions voulu recruter, mais il faut reconnaître qu’à l’ASFA-Y, sur le plan financier ça n’a pas été reluisant cette année pour le club, mais je crois que cela est dû aussi à la crise, à la morosité des affaires au Burkina. Nous espérons que l’année prochaine, on aura plus de revenus qui nous permettront de rajeunir l’effectif, puis de recruter également de très bons joueurs.

L’ASFA-Y a changé de coach en milieu de saison, et c’est un Ivoirien qui l’a succédé, en l’occurrence Lago Bailly; est-ce que le recrutement de ce dernier avait fait l’unanimité au sein du bureau ?

Vous savez, il n’y a jamais d’unanimité dans une démocratie, disons plutôt dans un club où tout le monde a droit de citer, de parler et de critiquer. Je ne veux pas être politique mais dans une telle organisation, il y a toujours un qui va dire oui je suis d’accord, l’autre va dire non je ne suis pas d’accord, et surtout dans le milieu du sport; mais l’essentiel est qu’on ait pu aplanir les positions des uns et des autres pour que nous puissions choisir un coach. Nous n’allons pas nous en prendre seulement au coach; je crois que c’est un ensemble. Le coach est arrivé en pleine saison, nous avions eu un bon entraîneur qui est parti, qui connaissait l’équipe, ses forces, ses faiblesses. Le nouveau est venu, il lui fallait un temps de diagnostic pour évaluer le club, et puis aller dans le sens de l’améliorer; cela a également joué contre nous. Nous avons tout fait, nous avons encouragé les joueurs, nous avons mis des primes pour maintenir le moral, mais malheureusement, nous n’avons pas eu les résultats escomptés. Mais comme je l’ai dit, nous allons faire une évaluation sans complaisance de l’ensemble du staff organisationnel, et nous allons tirer les leçons; nous allons faire des recommandations, pour la nouvelle saison.


L’ASFA-Y a connu quelquefois des tensions de trésorerie avec pour corollaire des arriérés de salaires des joueurs. Est-ce que cela aussi n’a pas joué sur la motivation des joueurs ?


Bien évidemment, mais je crois que l’essentiel est de faire en sorte qu’on puisse payer à tout moment. N’empêche que dans tous les clubs, il y a des arriérés. Comparaison n’est pas raison bien sûr ! Dire que l’on ne joue ou que l’on n’a pas gagné un match parce qu’il y a des arriérés, est peut-être légitime, mais n’est certainement pas professionnel !Il peut y avoir des retards conjoncturels de paiement des salaires, mais ce n’est pas pour autant qu’on doit arrêter de travailler; c’est la même chose dans le football. Mais comme je vous l’ai déjà dit, les clubs sont associatifs, il n’y a pas des ressources propres aux clubs, il faut attendre des dons et legs des uns et des autres, des sympathisants. Dans une telle situation, on ne peut pas faire une vraie politique de développement d’un club, tantôt ça marche, tantôt ça baisse. Nous allons mener la réflexion pour stabiliser les ressources, et surtout mettre un programme peut-être triennal, pour voir comment notre club va évoluer; mais cela n’est qu’un avis d’un membre du comité central, les décisions sont collectives chez nous ; ensemble avec les autres membres du club, on aura sans doute de meilleures idées.


Des supporters disent que les dirigeants ont fui le club, qu’on ne les voit pas au terrain, votre commentaire ?


J’ai déjà dit que le club n’est pas professionnel, chacun a des responsabilités; nous avons un président du conseil d’administration qui est DG des douanes, c’est la deuxième structure qui rapporte des recettes à l’Etat après les impôts, donc ça veut dire que si le DG doit partager son temps entre la collecte des ressources pour l’Etat en entier, et la collecte des ressources pour le club, c’est vrai qu’il se bat comme il peut, mais il y a toujours des insuffisances. Le président du comité central que je suis est expert-comptable, gérant d’un cabinet d’expertise comptable, et d’autres sociétés, il est également député à l’Assemblée nationale, il se bat comme il peut, mais il y a également des insuffisances ! Les membres du comité central ne sont pas des professionnels payés par le club. Il en est de même pour les membres du conseil d’administration. Les autres membres des instances dirigeantes sont des opérateurs économiques, des fonctionnaires, ou des privés. Chacun lutte d’abord à arrondir les fins du mois, à garantir le « nasongo » pour sa famille, et en même temps travailler à apporter des ressources au club, ce n’est pas facile dans de telles conditions. Voilà pourquoi j’ai dit qu’il faut que nous pensions à professionnaliser nos clubs, afin qu’ils aient des ressources à eux, et que ça ne soit pas un souci constant, que ça ne soit pas ponctuellement des sponsors qui viennent et qui donnent aujourd’hui tant de francs, et demain la moitié, après ils te disent on n’a plus de budget pour vous. Cela ne donne pas une stabilité pour mener une bonne politique de développement d’un club. Nous devons changer.


Monsieur le président, vous rassurez que l’ASFA-Y va revenir à son meilleur niveau la saison prochaine ?


Nous nous battrons pour cela, nous allons essayer, avec tout le monde, tous les acteurs, le conseil d’administration, le comité central, les différentes sections, et puis les supporters, tous ceux qui ont et qui portent l’ASFA-Y dans leur cœur, pour que nous puissions ensemble construire un grand club. L’échec de la saison n’est pas une amertume pour moi, c’est une invite à mieux faire. Je suis confiant pour des lendemains meilleurs pour notre club.


Il se trouve que c’est votre rival légendaire, en l’occurrence l’EFO, qui vous a évincés. Un coup de pique à son endroit ?

Ils ne nous ont pas évincés, ils ont été premiers (rires). Ils sont champions, mais il faut bien qu’il y est un premier, et pendant que nous, nous étions premiers durant cinq ans, est-ce qu’on peut dire qu’on les a évincés? Dans l’ensemble, nous félicitons vivement l’Etoile filante, notre club rival comme vous le dites, qui a été championne, ses dirigeants, ses joueurs, ses supporters, nous lui souhaitons bonne chance en compétitions africaines. Mais nous leur donnons en même temps rendez-vous la saison prochaine, pour que nous puissions revenir reconquérir notre titre, qu’ils veuillent ou pas ça sera comme ça, et ça sera avec fair-play que nous le ferons.


ITW réalisée par
Barthélemy KABORE
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