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Le cancer burkinabè
Publié le mercredi 13 aout 2014  |  Sidwaya




On pourrait le qualifier de mal burkinabè, ces multiples chantiers publics en souffrance. Une fois de plus, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, en a fait l’amer constat le 11 août 2014, à Loumbila, sur le site de réalisation des infrastructures de la Société de transformation des fruits et légumes. Tenez, pour un chantier dont les travaux sont censés s’achever en 2014, le niveau d’exécution est seulement de 24%. Le plus ahurissant est que les travaux ont déjà absorbé 12 milliards de francs CFA sur un budget initial de 8 milliards de francs CFA. Et comme si cela ne suffisait pas, 6 milliards de francs CFA seraient encore nécessaires, pour que ce projet voie le jour. A Bobo-Dioulasso, des problèmes quasi-similaires avaient conduit à la disqualification de l’entreprise Futuris et son associé dans la réalisation des avenues Nelson-Mandela et Ouezzin-Coulibaly. La conférence de presse, animée le mardi 12 août 2014, dans la ville de Sya, par le directeur général des routes, Daouda Traoré pour annoncer le nouvel entrepreneur n’est pas pour rassurer. En effet (à moins qu’il y ait des paramètres dont nous ne maîtrisons pas les contours), comment comprendre qu’une entreprise qui n’a pas encore reçu l’onction du conseil des ministres puisse être présentée comme le nouveau responsable, chargé de la réalisation des travaux ? Ces deux cas sont symptomatiques des comportements de nombreux prestataires burkinabè, surtout lorsque l’Etat sollicite leurs services. Les responsabilités liées à la mauvaise conduite des chantiers peuvent être situées à deux niveaux. Primo, comment expliquer qu’un entrepreneur qui a participé à un appel d’offres à concurrence, s’adjuge un marché et ne puisse pas l’exécuter ? C’est un secret de polichinelle, beaucoup d’entreprises n’ont pas les capacités financières et techniques pour exécuter les chantiers qui leur sont confiés. Mues par l’appât de l’argent, elles font des pieds et des mains pour arracher un marché public, quitte à proposer des offres financières en deçà du minimum nécessaire à la réalisation d’un ouvrage. On comprend pourquoi une fois le marché acquis, elles ne peuvent pas exécuter les chantiers dont elles sont adjudicataires. Secundo, il y a aussi ceux qui pensent qu’ils ont le pouvoir et, de ce fait, se permettent tout. Ils s’accaparent les marchés publics, sans avoir les compétences requises. Ils usent parfois d’intimidation et de corruption pour que tout leur revienne. Encouragés par la clémence de l’Etat face à certains manquements, ils ne termineront pas les chantiers dans les délais, multiplieront à souhait les imprévus, feront recours, sans cesse, à des avenants. Ces entrepreneurs ne rendent pas service à leurs protecteurs, encore moins à l’Etat burkinabè. En dépit des nombreuses visites du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, depuis son arrivée à la tête du gouvernement, sur les chantiers de l’Etat en souffrance, le mal a la peau dure. Il faut donc sévir en sanctionnant les entreprises défaillantes, si l’on ne veut pas que ce cancer gangrène toute la société burkinabè.

Kossaomanè Anselme KAMBIRE
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