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Francois Agbo, guide au temple des pythons de Ouidah au Benin : « Les pythons, premiers occupants de la ville, sont nos divinités »
Publié le mercredi 13 aout 2014  |  Le Quotidien




Le Temple des pythons constitue l’une des attractions de la ville de Ouidah, localité située à 50 km de Cotonou, la capitale du Bénin. Nous y avons rencontré François Abgo qui nous a plongés dans l’univers du Vaudou. L’accès au Temple des pythons est conditionné par le paiement de la somme de 3 100 F CFA qui permet au visiteur de faire des photographies. Le Temple est ouvert tous les jours. Pour François Abgo, les pythons sont la divinité des habitants de Ouidah.

Le Quotidien : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

François Agbo : Je m’appelle François Agbo. Nous sommes trois dignitaires qui dirigeons le Temple des pythons de Ouidah. Je suis le représentant de la famille Agbo. Le deuxième est le représentant de la famille Sossougo et le troisième est le représentant de la famille Ajovi.

L’arbre situé juste à l’entrée du temple a 600 ans, a-t-on appris. Quel rôle joue-t-il dans la tradition vaudou ?

Cet arbre s’appelle le Léroko, âgé de plus de 600 ans. Il est revêtu de parasites et de lianes. Tous les 10 janvier, c’est la fête du Vaudou au Bénin. A cette occasion, un prêtre qui dirige le Temple des pythons égorge un cabri dont le sang est versé sur la toile blanche. Egalement, tous les trois jours, le jour de marché de Tokpa à Cotonou ou de Passé à Ouidah, très tôt à 2h du matin, le chef vaudou quitte chez lui, vient au temple avec de la farine de maïs mélangée à de l’huile de palme, du haricot préparé, de l’eau, de la boisson, et de la cola. Il s’agenouille et parle à l’arbre Léroko, parce que l’esprit de nos ancêtres y est incarné. Après avoir fini de prier, il donne de l’eau, de la boisson, fend la cola en quatre tranches, monte sur l’arbre Léroko, jette les tranches de cola pour avoir l’horoscope du jour. Après avoir fini de faire cela, il donne la farine de maïs mélangée à l’huile de palme et le haricot préparé. L’arbre Léroko ne peut pas être abattu dans les couvents. En dehors du couvent, il peut être abattu pour faire des meubles.

On se trouve au cœur de la tradition vaudou. Où vos ancêtres priaient-ils ?

Ils priaient dans notre sanctuaire qui date du 18e siècle. Il a été construit par la main de nos aïeuls. Mais, on a modernisé les choses depuis 1992 en changeant la toiture par des tuiles et le mur intérieur qui est soutenu par des grilles. Nous y avons notre divinité adorée par nos grands-parents. Avant, nos parents ne partaient pas à l’église. Ils venaient ici prier avec le vaudou et lui faire des offrandes comme des cabris et du haricot préparé.

Et la jarre qui fait dos au sanctuaire, qu’est-ce que c’est ?

C’est une jarre âgée de plus de 200 ans. Il suffit de la retourner pour avoir sa position normale. Elle s’emploie une fois tous les 7 ans pour purifier la ville de Ouidah, chasser les mauvais esprits, éviter les morts précoces et demander une bonne saison pluvieuse. Il y a aussi une case qui est le magasin du vaudou et qui contient des calebasses, les verres et les poubelles sacrées. On continue de manger dans les calebasses de vaudou léguées par nos parents. Nous ne mangeons pas dans les plats modernes pour des raisons de sécurité. Il y a une deuxième case qui est celle de la purification. Le jour où l’on emploie la jarre, c’est le jour où l’on utilise aussi la case, tous les 7 ans, pour pouvoir purifier la ville de Ouidah. De 7h à 2h du matin, le prêtre vaudou se revêt d’un tissu rouge, avec un petit tabouret, soulève le rideau et rentre à l’intérieur pour prier. La 2e case s’emploie aussi pour demander des bénédictions. Le chef y entre, ressort par la 2e porte pour accueillir les 41 femmes ménopausées qui doivent puiser de l’eau pour la purification de la ville.

La principale attraction, ce sont les pythons…

Effectivement. Il y a la résidence des pythons. Mais, il faut savoir qu’il y a deux sortes de pythons, le python de Sèba que l’on appelle le boa, qui mesure 10 à 15 m de longueur. Il peut même avaler un être humain. Il y a ensuite le python royal dont la longueur ne dépasse pas 1m 50. C’est la divinité vaudou. Il est inoffensif. On ne lui donne pas à manger. Une fois par semaine, à 2h du matin, quand le chef vient, il laisse la porte ouverte et celui qui a faim sort pour aller dans les maisons voisines, alors il se transforme en génie pour aller dans la forêt chercher de quoi manger et revient à 5h ou 6h du matin. Si le python ne revient pas au-delà de 72h, il est quelquefois ramené par la population parce qu’il est notre dieu. C’est à cause du python que nous avons fait les cicatrices. Le python royal vit comme un être humain. Il peut atteindre 10 ans, 20 ans ou même 50 ans avant de mourir. Comme on ne lui donne pas à manger ici, on lui donne de l’eau sacrée. S’il est dans la forêt, il prend de la rosée. Il se nourrit des insectes et des rats. Le python royal peut s’accoupler soit dans la résidence soit dans la forêt. La femelle peut pondre 20 œufs. Nous avons aussi le couvent ou le cimetière des pythons. Quand le python meurt, il est enterré par les dignitaires.

Le temple des pythons est ouvert au public. Cela n’est-il pas préjudiciable au secret ou au lieu lui-même ?

Cela n’est pas vrai. Tout d’abord, la ville de Ouidah est basée sur les pythons. Les pythons, premiers occupants de la ville, sont nos divinités. On reçoit des visiteurs de plusieurs nationalités.

Peut-on dire que l’élément de votre culture est devenu un business, puisque l’on paie pour
visiter ?

Pas du tout. C’est juste pour l’entretien du temple 1

Par Raogo Hermann OUEDRAOGO
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