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Affaire « enseignant» cocufié : la version de la femme / « L’affaire du gendarme est une pure invention », Ramatou Ouédraogo
Publié le mardi 12 aout 2014  |  Le Quotidien




Dans notre parution du 17 juillet 2014, nous traitions du jugement de l’enseignant cocufié, Abdoul Zoungrana qui a écopé d’une peine de deux mois d’emprisonnement. Dans le dossier, un point d’honneur a été mis sur la version de la famille de Abdoul qui incriminait Ramatou Ouédraogo. Aussi , avons-nous rencontré la dame et sa famille à Ouahigouya pour avoir leur version. Pour elles, la version servie par Abdoul Zoungrana avec qui Ramatou Ouédraogo a vécu, n’est que pure invention. Il n’a jamais été question d’un gendarme qui l’a interpellé par la force. C’est seulement parce qu’il a exercé une violence excessive sur la femme et qu’il est même allé prendre un fétiche pour tuer sa belle-famille que l’affaire s’est déportée au tribunal de grande instance de Ouahigouya.
Ramata Ouédraogo, enseignante à Thiou
« Je ne sais pas pourquoi on dit que c’est moi qui suis la cause de mon arrestation »

Je vivais avec Abdoul Zoungrana au secteur 2 de Ouahigouya. Nos relations étaient conflictuelles. Je rendais compte régulièrement de la situation à ma famille qui intercédait auprès de lui. Mais, lorsque je repartais, la situation ne faisait que s’empirer. Quand je vivais avec Abdoul, je préparais les concours de la Fonction publique parce que j’avais pu avoir le BEPC après des cours du soir. Heureusement, j’ai été admise au test d’intégration des enseignants du primaire. Par la suite, j’ai été affectée dans la commune rurale de Séguénéga. Quand j’ai pris service, mon conjoint y venait et faisait des scènes devant mes collègues de telle sorte que j’avais du mal à lever la tête devant eux. Un jour, j’ai été convoquée à Ouagadougou par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation pour le mandatement. Quand je suis allée à Ouagadougou, Abdoul Zoungrana a entrepris des démarches pour que je sois affectée dans une autre localité. Il se susurrait qu’il le faisait, mais je ne croyais pas. De retour de Séguénéga, je n’ai pas pu ouvrir la porte de la maison. J’ai cru dans un premier temps que des voleurs y avaient fait un tour. Pendant que je constatais les faits, Abdoul m’a appelé et a dit ceci : « J’ai demandé que l’on t’affecte. Je suis venu défoncer la porte et ramasser les effets que j’ai achetés pour toi. Tu n’as plus rien dans la maison. » Après notre entretien au téléphone, j’ai appelé un de mes frères, Soumaïla Ouédraogo, pour l’en informer. Mon frère l’a appelé pour lui dire de prendre toutes les dispositions pour que je sois saine et sauve. Effectivement, Abdoul est venu aux environs de 22h nous trouver, mon enfant et moi, assis sur la selle de la moto. Il a demandé une natte à un voisin et m’a invitée à venir me coucher. J’ai opposé un refus catégorique et j’ai dormi sur la selle de ma moto jusqu’à 4h.

« Abdoul Zoungrana a entrepris des démarches pour que je sois affectée dans une autre localité »

Quelques jours plus tard, à Ouahigouya, Abdoul m’a approchée pour demander des excuses sous prétexte qu’il avait été induit en erreur à cause des ragots. Je lui ai dit que je ne pouvais le faire parce que j’en avais marre. Il s’est agenouillé pour me demander pardon. Je suis allée chez lui pour reprendre mes effets d’habillement. Chose qu’il n’a pas acceptée. Il m’a tendu un papier en précisant qu’il s’agit de ma note d’affectation. Effectivement, c’était cela et j’ai été mutée à Thiou, une commune rurale située à 33 km de Ouahigouya. Il a précisé que si je ne rejoignais pas mon poste dans les plus brefs délais, je risquais de le perdre. Ce jour-là, j’ai démarré sur-le- champ pour y aller. (Elle fond en larmes). Arrivée, je suis allée voir l’inspecteur de la Circonscription d’éducation de base qui m’a informée que c’est précisément à Lobré que je dois servir. Je n’avais jamais entendu parler auparavant de cette localité. Et j’ai dû me renseigner pour trouver le lieu. Le directeur de l’école que j’ai rencontré a déploré ma situation. Sous le coup de la colère, je suis revenue à Ouahigouya avec la ferme décision de rompre définitivement avec Abdoul Zoungrana. Il est venu une fois encore demander pardon. Je tiens à dire que je n’ai pas toujours été comprise par les membres de ma famille qui ignoraient tout le calvaire que je vivais. Par exemple, mon conjoint pouvait venir avec des décoctions pour m’obliger à les boire. Après plusieurs démarches, c’est finalement à l’occasion de la fête de Tabaski, en mi-octobre 2013, que je suis repartie vivre avec lui.

« J’ai réalisé que je venais d’échapper à la mort »

Un soir, vers 18h, alors que j’étais à mon poste, mon mari m’a appelée pour que je vienne à Ouahigouya alors que je n’ai pas moins de 40 km à parcourir. Je lui ai dit que je ne souhaitais pas braver la nuit et la distance. Il a insisté pour que je vienne. J’ai obtempéré. A la sortie de Nodin, j’ai rencontré deux personnes qui sortaient des buissons et qui venaient vers moi. J’ai ralenti et fait sortir mon téléphone portable pour appeler. Ma chance est qu’il y avait un homme qui venait avec une moto dont les phares ont éclairé les deux personnes qui voulaient m’intercepter. Celles-ci se sont évanouies dans la nature. Je tremblais de peur, car j’ai réalisé que je venais d’échapper à la mort. L’homme à la moto m’a accompagnée jusqu’à l’entrée de Ouahigouya alors qu’il partait dans un autre village. (Elle se met de nouveau à pleurer). Avant d’arriver, j’ai appelé Abdoul pour qu’il vienne m’accueillir. Mon accompagnateur lui a défendu de me laisser prendre la route la nuit tombée, avec l’insécurité. J’ai voulu prendre le numéro du monsieur, mais Abdoul a opposé un refus catégorique. J’ai ensuite voulu lui donner 1000 F CFA en guise de remerciement. Là encore, Abdoul a refusé et a enlevé l’argent qu’il a donné à monsieur. J’ai conseillé même à mon accompagnateur de rester dormir à Ouahigouya pour des questions de sécurité.

« J’ai vécu vraiment l’enfer avec Abdoul Zoungrana »

Je peux dire que j’ai vécu vraiment l’enfer avec Abdoul Zoungrana. Je ne sortais jamais et ne recevais de visite de personne. C’est lui qui sortait et revenait chaque soir avec des histoires pour me traumatiser. Après deux jours de séjour avec lui, je suis repartie à mon poste. J’aurai préféré rester à mon poste. Une semaine après, il m’a appelée pour dire qu’il allait venir me rendre visite. Je lui ai dit que je n’en avais pas besoin. Il n’est pas venu. Trois semaines plus tard, il m’a encore appelée vers 18h de venir à Ouahigouya. Je lui ai dit que je n’allais pas le faire par souci de sécurité. Deux jours après, je suis allée à Ouahigouya. Arrivée chez lui, j’ai constaté qu’il a changé la serrure de la porte. J’ai attendu de 18h jusqu’à 21h sans qu’il ne vienne. Durant le temps de l’attente, je l’ai appelé à plusieurs reprises en vain. Que faire ? J’ai démarré ma moto et je suis venue tout droit au village, à 8 km de Ouahigouya, à Ricou. J’ai passé le week-end en famille sans qu’il ne m’appelle. Le dimanche soir, je suis repartie à mon service. Deux jours après, le mardi, il m’a appelée pour dire que j’ai refusé de venir à la maison. Je lui ai dit que j’étais venue et que j’avais trouvé la porte fermée, la clé que j’avais ne pouvant l’ouvrir. Il m’a dit que la serrure était endommagée. Il m’a traitée de tous les noms d’oiseau. Un jour, il est venu à mon poste et s’est promené dans tout le village pour dire que j’étais son épouse. Ce jour-là, il est rentré dans ma chambre ramasser les effets qui s’y trouvaient. Comme je le connais, après le scénario de Séguénéga, j’avais pris la précaution d’acheter mes propres effets. Après, il est reparti à Ouahigouya. Je ne l’ai pas appelé pour demander quoi que ce soit, parce que je croyais qu’il allait me laisser en paix. (Elle se met à pleurer).

« Il a exigé à avoir des rapports intimes avec moi »

Une autre fois, il est revenu à mon poste au village. Il m’a dit qu’il allait dormir. Je lui ai dit qu’on ne pouvait pas dormir ensemble. J’ai pris une natte que j’ai étalée sur la terrasse et sur laquelle j’ai dormi. Le lendemain, il est reparti. Une autre fois, il est revenu. Cette fois-ci, il a exigé à avoir des rapports intimes avec moi. J’ai refusé catégoriquement. Ce jour-là, il avait deux couteaux sur lui. Il a posé un couteau sur ma gorge, et a dit que si je n’acceptais pas ce qu’il voulait, il allait me tuer. Je me suis débattue et me suis mise à crier au secours. C’est le directeur de l’école qui est venu me sauver avec l’aide de deux bergers peulh. Avant que l’on ne me sauve, Abdoul qui m’avait enfermée dans la maison entre-temps m’a projetée dehors toute nue. C’est avec un pull-over que j’ai pu cacher ma nudité. J’ai été ensuite conduite chez le directeur qui m’a offert une couverture pour que je me couvre. Ce jour-là, Abdoul Zoungrana a fui, laissant son sac contenant un des couteaux. Par la suite, il m’a envoyée un message dans lequel il disait qu’il allait me tuer.

« Il s’agissait d’une manœuvre de sa part pour que j’abandonne mon poste »

Je suis allée rendre compte en famille et leur dire que j’allais porter plainte en justice. Ma mère m’a dit de ne pas le faire à cause de son travail. Le jour qu’il est venu me brutaliser, il est parti avec les clés de ma moto et de l’argent que j’avais gardé dans la maison. Le directeur de l’école et le président de l’Association des parents d’élèves ont informé la gendarmerie de Thiou. J’ai été entendue par les gendarmes. Abdoul m’a appelée pour dire qu’il ne faisait pas la politique pour rien et que l’on ne pouvait rien lui faire. Le commandant de brigade de la gendarmerie m’a conseillé de porter plainte à la justice parce que le problème était complexe, surtout qu’il s’agit d’affaires de couple. J’ai trouvé judicieux les conseils du gendarme et m’apprêtais à les suivre quand deux jours après, Abdoul est venu à Thiou très tôt le matin, à 4h. Il a dit qu’il était venu faire l’amour avec moi, avec un gris-gris qu’il avait. Je lui ai dit qu’il fallait qu’il passe d’abord sur son cadavre. J’ai crié si fort que tout le village est sorti. Devant les enseignants et les villageois, il a dit que c’est à cause de lui que je suis devenue enseignante et que je viens d’une famille très pauvre où on ne pouvait même avoir à manger. Ses propos ont convaincu ce jour-là les villageois qui se sont rétractés de me secourir. En réalité, il s’agissait d’une manœuvre de sa part pour que j’abandonne mon poste. Alerté, le directeur de l’école est venu et a appelé l’inspecteur qui a tout fait pour qu’on l’arrête, mais en vain. Je suis repartie encore à la gendarmerie. Le commandant de brigade m’a sermonnée parce qu’il m’a conseillé d’aller porter plainte à la justice. Je lui ai dit que j’attendais les congés scolaires pour régler le problème à Ouahigouya. Comme les menaces persistaient, j’ai quitté mon logement d’enseignante pour ne plus avoir à subir les tortures.

« Au dispensaire du village que j’ai trouvé refuge, couchée sur un vieux matelas »

Un jour, j’ai reçu un appel. Quand j’ai décroché, il s’agissait d’une femme. Elle m’a dit qu’elle voulait parler à son mari, Abdoul Zoungrana. Je lui ai dit que je ne comprenais rien parce qu’il s’agit bel et bien de mon numéro. En réalité, Abdoul avait activé l’option de transfert d’appel de son portable sur mon numéro. J’ai eu une prise de bec avec la dame au téléphone parce que je lui ai dit que je ne voulais pas entendre parler de Abdoul. La nuit tombée, vers 21h, Abdoul m’a appelée pour me dire de ne pas me mêler de ses affaires. Je lui ai rétorqué qu’il ne m’intéressait pas et que je ne voulais pas entendre parler de lui. Il a dit que j’allais le connaître. Sachant qu’il peut arriver au village dans peu de temps, j’ai quitté le village pour aller me réfugier dans un campement peulh. Ce jour-là, il y a eu un décès dans le campement situé entre Thiou et Nodin. J’ai cherché un coin pour m’asseoir. Il est venu me dépasser à moto sans se rendre compte. Il a cherché du bois et des pierres pour barrer la voie et a attendu. Je suis restée dans mon refuge jusqu’à 6h du matin, heure à laquelle j’ai commencé à rejoindre mon logement. Un monsieur qui partait à Nodin a proposé de me remorquer. J’ai accepté et je lui ai demandé de me déposer au niveau de l’école. Quand on s’est approché, on ne savait pas qu’il avait barré la voie. Il a fait usage d’une arme blanche avec laquelle il m’a blessée au pied. Face à la situation, le monsieur a continué à rouler. Je lui ai demandé de me descendre, mais il a refusé de le faire pour protéger ma vie. Nous avons continué jusqu’à un ralentisseur. Là, j’ai tiré la chemise du monsieur qui n’a pas pu maîtriser la moto. Nous sommes tombés. Le monsieur a, par la suite continué son chemin. Je me suis dirigée vers l’école où j’ai appelé le directeur qui a dit de ne plus le mêler à notre histoire. Je ne savais plus où aller. C’est alors que j’ai pris la route de la brousse. J’ai couru jusqu’ à une autre école où un enseignant m’a accueillie. C’est lui qui m’a aidée à panser mes blessures. J’ai appris que Abdoul est resté au niveau de l’école pour menacer tout le monde à l’aide d’un couteau. Il a dit que s’il m’attrapait, il allait me trancher la tête. Aux environs de 15h, un enseignant est venu me déposer à mon logement où j’ai pu prendre ma moto pour aller à la gendarmerie de Thiou. Là encore, on m’a conseillé de prendre toutes les dispositions sinon je pouvais avoir des regrets par la suite. Après cela, je suis allé au CSPS où j’ai reçu des soins. Avant de partir, le commandant de la gendarmerie m’a déconseillée de dormir à l’école. C’est au dispensaire du village que j’ai trouvé refuge, couchée sur un vieux matelas. Le lendemain matin, je suis allée chez une accoucheuse qui était de garde pour me débarbouiller. Par la suite, je suis repartie à la gendarmerie où on m’a encore donné des conseils. Après la gendarmerie, je suis allée directement à la maison. Là, j’ai dit à ma mère que j’allais porter plainte à la justice. Je suis effectivement allée au palais de justice, accompagnée de mon frère Moumouni Ouédraogo. J’ai rencontré le procureur du Faso qui m’a donné un exemplaire de la demande que j’ai rédigée sur place. Deux jours après, je suis repartie et on m’a fait savoir que l’on ne retrouvait pas ma demande. J’ai refait une autre demande que j’ai photocopiée pour garder par devers moi. Quelque temps après, j’ai été convoquée avec Abdoul à la gendarmerie. Après l’audition des deux parties, les gendarmes ont dit qu’ils allaient l’interpeller. J’ai dit aux gendarmes de ne pas le faire parce que je ne souhaitais pas qu’il perde son emploi. Ils ont dit qu’ils allaient faire référence à la justice pour savoir la conduite à tenir. Effectivement, on ne l’a pas interpellé. Pendant quelques jours, il ne m’a plus embêtée. Il ne m’appelait plus et je n’avais pas de nouvelles de lui. Je croyais que c’était fini. Un jour, un frère du village m’a appelée pour dire que mon mari est venu la nuit déposer un fétiche, vers 1h du matin. Le lendemain, je me suis rendue à Ouahigouya pour arranger mes papiers. En circulation, je l’ai croisé. Quand il m’a vue, il s’est retourné et est venu me cogner. Il ne s’est même pas arrêté. Je suis allée à la direction de l’enseignement primaire tout en pleurs. Abdoul a appelé un frère de mon village pour lui dire que c’est lui a déposé le fétiche et qu’il voulait que toute notre famille disparaisse. C’est à cause justement de ce fétiche que notre famille s’est concertée et a souhaité que l’on l’interpelle.
Je ne sais pas pourquoi on dit que c’est moi qui suis la cause de son arrestation.

Yssouf Ouédraogo, oncle de Ramatou Ouédraogo

« Je ne sais pas pourquoi on dit c’est moi qui suis la cause de mon arrestation »

Quand on m’a informé que Abdoul est venu déposer un fétiche, je me suis dépêché de venir pour prendre part à une réunion de famille ainsi que mes frères venus de Ouagadougou à cet effet. Nous sommes allés nous plaindre à la gendarmerie. Un des gendarmes nous a conseillés de prendre tous les renseignements sur le fétiche là où il a été pris. Nous sommes effectivement allés à Rambo où nous avons rencontré les féticheurs du ‘’ Tensé ‘’ (nom traditionnel du fétiche). Nous leur avons expliqué que nous sommes les beaux-frères de Abdoul Zoungrana mais qu’il n’entretenait plus de bonnes relations avec notre fille. Nous avons expliqué qu’à maintes reprises il a été rappelé à l’ordre par rapport à son comportement. C’est à l’issue de cela qu’il est venu prendre le fétiche. Les féticheurs ont dit qu’ils n’étaient pas au courant de cela parce qu’Abdoul Zoungrana est venu dire qu’il voulait le fétiche pour combattre ses rivaux. Les féticheurs ont ajouté que s’ils étaient au courant de ces raisons, ils n’allaient pas lui donner le wack. Les vieux nous ont conseillés d’aller lui demander pardon. S’il acceptait le pardon, il devait venir avec une autre personne pour que le sort soit levé. Ils ont dit que s’il n’acceptait pas aussi de revenir leur rendre compte. Nous sommes effectivement allés voir Abdoul qui a dit qu’il a pris le fétiche ‘’ tensé ‘’ c’était pour exterminer notre famille. Il a refusé catégoriquement le pardon. Par la suite, nous avons délégué un forgeron qui n’a pas pu lui aussi le faire revenir à la raison. Nous sommes repartis voir les féticheurs qui ont avoué que le cas de Abdoul était particulier parce d’habitude, quand ce genre de cas se produit, ceux qui viennent prendre le ‘’ tensé ‘’ acceptent le pardon. C’est alors qu’ils nous ont montré la démarche à faire pour conjurer le sort. Nous avons cherché 4 poulets, du dolo pour cela.

Soumaïla Ouédraogo, frère aîné de Ramatou Ouédraogo

« On lui a proposé de rembourser l’argent qu’il a dépensé pour la scolarité de notre sœur »
Quand Ramatou a eu son certificat d’études primaires, nous l’avons envoyée à Ouahigouya pour qu’elle poursuive ses études. C’est en classe de 3e à Ouahigouya que Abdoul Zoungrana l’a enceintée. Le monsieur est venu par la suite demander la main de Ramatou. La famille a bien agréé la demande et le mariage religieux musulman a été célébré. Elle a poursuivi des cours du soir jusqu’à avoir son BEPC. Un jour, elle est venue nous informer que son mari veut l’inscrire dans une école de formation des enseignants du primaire. Nous avons tous salué l’idée et nous avons cotisé 125 000 F CFA en famille pour soutenir l’initiative. Un jour, elle est revenue nous dire que son mari a retiré ses dossiers pour qu’elle ne puisse prendre part au test d’intégration. Elle a expliqué que c’était par rapport au choix de la région. Nous lui avons dit de respecter la décision de son mari. Son mari voulait qu’elle postule dans la région du Nord alors qu’elle croyait ne pas avoir beaucoup de chance dans cette région. J’ai appelé son mari pour lui demander pourquoi il ne voulait pas que sa femme fasse le test d’intégration. J’ai même dit que si c’était cela, la formation qu’elle a faite n’avait pas de sens. Lors de notre conversation, nous avons eu une prise de bec et il m’a dit qu’il fallait que sa femme respecte sa volonté. J’ai donné le téléphone à mon frère pour qu’il le raisonne et il a dit d’aller nous faire foutre avec notre sœur. C’est pour vous dire que j’avais des relations tendues avec Abdoul. Je lui ai même dit que s’il voulait, on pouvait rembourser l’argent qu’il a dépensé pour la scolarité de notre sœur1

Par Raogo Hermann OUEDRAOGO
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