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Sidwaya N° 7717 du 30/7/2014

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Bissiri Joseph Sirima, coordonnateur national du MCA: « Nous avons atteint un taux d’engagement de 97, 62%»
Publié le jeudi 31 juillet 2014   |  Sidwaya


MCA-Burkina
© aOuaga.com par Séni Dabo
MCA-Burkina : le coordonnateur fait le bilan à 100 jours de la clôture
Mardi 22 avril 2014. Ouagadougou. Le coordonnateur national du Millenium challenge account (MCA)-Burkina, Bissiri Joseph Sirima, a animé une conférence de presse pour faire le bilan du compact à 100 jours de sa clôture


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A l’aube du Millennium challenge account (MCA), l’économiste Bissiri Joseph Sirima, en sa qualité de coordonnateur national, décrypte pour Sidwaya, les acquis de ce programme financé par les Américains à hauteur de 240 milliards de FCFA. Fier d’avoir accompli sa mission à plus de 97% « avec dignité », il dresse un bilan sur le programme qui prend fin le 31 juillet 2014 non sans lever un coin de voile sur son côté panafricaniste et prodiguant au passage des conseils à la jeunesse.

Sidwaya(S.) : Le MCA prend fin ce 31 juillet. Quel bilan pouvez-vous en tirer ?

Bissiri Joseph Sirima (B.J.S): Le 31 juillet 2014, les engagements du compact prendront fin. Ce qui veut dire qu’à partir de cette date, nous ne pouvons plus engager de nouvelles dépenses. Cela signifie également que nous ne pouvons plus continuer d’exécuter des travaux qui n’auraient pas été terminés. Les portes du MCA seront fermées le 28 novembre 2014.
Le bilan est de plusieurs natures. Au plan financier, nous avons engagé le compact depuis bientôt cinq ans, avec un budget de 480 millions de dollars, soit 240 milliards de francs CFA. Aujourd’hui, au regard de ce qui est fait et en cours, nous sommes à 97, 12% d’engagement. Nous sommes à 85% du taux de décaissement réel. Mais en réalité, on peut considérer que nous avons atteint un taux d’engagement de 97, 62% parce que nous avons une dépense qui ne peut pas être engagée parce qu’elle était prévue pour réaliser des études d’impact du programme après le compact. Si nous les ajoutons, on peut dire qu’à la fin du compact, nous serons à un taux de 99, 74%.

S.: En ce qui concerne les réalisations, quels sont les acquis que le MCA a engrangés?

B.J.S : Le projet de sécurisation foncière est à la base du compact. La sécurisation foncière permet, dans un pays comme le nôtre, d’utiliser la terre comme un capital actif, d’investir à longs termes, parce que les exploitants sont sécurisés. Nous avons aidé à disséminer ce projet de loi 034, l’expliquer, accompagner le Parlement pour non seulement l’adopter, mais ensuite le publier. Deuxièmement, nous avons installé dans chaque commune du Burkina, deux points géodésiques. 700 bornes sont réalisées dans chaque commune et doivent permettre de travailler avec un référentiel clair, de l’utiliser pour donner les coordonnées le plus rapidement possible des terres attribuées. Cela permet désormais avec beaucoup de célérité de délivrer des actes de possession foncière. Nous avons 9 stations GPS permanentes qui couvrent l’ensemble du territoire. Ces stations GPS permanentes prennent le relais en cas de difficultés d’émissions avec le satellite. Il y a des données qui permettent à des experts comme ceux du cadastre, géomètres et urbanistes, que nous avons formés d’avoir désormais un outil précieux pour contribuer à délivrer les actes de possessions foncières.

S.: Les femmes, en dépit des sensibilisations, sont encore mises de côté dans la possession foncière.

B.J.S : Nous avons formé, dans le cadre du foncier, des agents qui, à leur tour, forment les populations. Nous avons formé plus de femmes que d’hommes. Aujourd’hui, nous avons contribué à montrer le droit des femmes dans le processus de possession foncière et que désormais elles ont la possibilité non seulement individuellement mais aussi dans un cadre collectif, d’avoir des actes de possession foncière. Pour nous, le genre a été pris en compte dans la possession foncière. Nous avons mené d’autres aspects sur le foncier dans les communes-pilotes pour montrer l’importance de certains services, notamment l’état civil, le cadastre…

S. : Que peut-on retenir des aménagements agricoles réalisés par le MCA ?

B.J.S : C’est le critère de rentabilité économique qui a guidé nos choix. Lorsqu’il n’y a pas de rentabilité économique dans un endroit, on n’y va pas. Même pour la région des Cascades, il était prévu de faire des aménagements, au moins 7500 hectares. Mais nous n’avons pas pu le faire parce que nous risquions de compromettre la lutte contre la pauvreté parce que dans cette région, contrairement à ce qu’on peut penser, le problème d’eau se pose avec acuité. En temps normal, il y a un déficit en eau d’environ 5 millions de m3.

S. : La réalisation de ces aménagements était-il de nature à compromettre le développement local?

B.J.S : Si l’on réalisait, cela augmenterait le déficit en eau de 15 millions de m3 par an. Nous ne voulons pas aggraver la pauvreté. C’est pour cette raison que nous avons dû abandonner et aller nous concentrer au Sourou où le niveau d’eau est plus bas que celui de la terre. Ce qui veut dire que cela nous oblige à remonter le niveau d’eau. Bien attendu, cela coûte plus cher. Ce qui fait que nous n’avons pas pu réaliser 2240 hectares. C’est même une prouesse parce que le budget dont nous disposions nous permettait de réaliser que 2033 ha. Toutefois, nous avons pu atteindre 2240 ha. Ce qui veut dire que la bonne gestion et le cours du dollar qui ont varié, nous ont permis de réaliser des économies permettant d’augmenter les superficies à emblaver. Nous avions également la diversification agricole et le financement rural. Pour ce qui concerne la diversification agricole, elle a connu un grand succès parce que nous avions encadré les populations, leur montrer comment il faut produire, comment sont les variétés, leur comportement. Par contre, du côté de la finance rurale, nous avons dû suspendre et utiliser l’argent pour autre chose parce que le coût commençait à s’élever et risquait de compromettre la rentabilité du projet.

S.: Qu’en est-il des infrastructures routières que le MCA a réalisées ?

B.J.S : Les gens produisent bien lorsqu’ils sont sûrs de pouvoir écouler leur production. C’est pour cela que des routes doivent être liées aux zones de production. On réalise des routes parce qu’on avait prévu de faire des aménagements agricoles. C’est important, on ne peut pas aller faire une route isolée dans une région donnée. C’est pourquoi nous avons mis l’accent dans le Sourou. La route de Sindou s’explique parce que c’est à la dernière minute que nous nous sommes rendu compte de l’impossibilité de faire des aménagements. On ne pouvait donc pas retirer l’aménagement et tout ce qui accompagnait ce projet.

S.: Avez-vous tout de même des projets en souffrance ?

B.J.S : Nous n’en avons pratiquement pas. La route Sabou-Koudougou-Didyr a été à un moment donné, une source d’inquiétude pour nous parce qu’il y avait beaucoup de travaux, contrairement aux autres routes. Ce tronçon traversait des villages et des agglomérations. Du coup, les travaux d’assainissement sont plus importants. Aujourd’hui, il ne reste plus que les travaux de finition qui ont révélé, pour ce cas précis, que nous devrions vraiment avoir une autorisation spéciale. Nous avons donc demandé une autorisation spéciale de nos bailleurs pour pouvoir poursuivre. Pour ce qui concerne la ville de Koudougou, si les travaux restent en l’état, nos travaux vont amener des problèmes d’hygiène.

S.: Qui doit assurer le suivi et l’entretien des infrastructures que vous avez réalisées ?

B.J.S : Dans le cadre de nos projets, il y a une chose qui nous tient toujours à cœur : c’est leur durabilité qui a été au cœur de nos préoccupations, dès lors qu’on engage une action. C’est pour cette raison qu’il y a eu de nombreuses formations à l’endroit des magistrats, des agents cadastraux, des géomètres, des architectes dans le cadre de la sécurisation foncière. Bref, tous les acteurs qui entrent dans le cadre du foncier et de la résolution des conflits ont été formés. Après le MCA, il faut qu’il y ait d’instruments qui soient mis à la disposition de l’administration. Pour ce qui est des routes qui ont été construites, nous avons donné de petits outils à l’ONASER. Si nous n’avons pas l’autorisation de finaliser l’assainissement de la ville de Koudougou, cela veut dire que nous compromettons la durabilité de la route. C’est pour cela que j’ai bon espoir. Il en est de même pour les aménagements hydroagricoles pour lesquels nous avons travaillé avec la durabilité à l’esprit.

S.: Pensez-vous que la bonne exécution du MCA peut déterminer la gestation d’un nouveau programme?

B.J.S : Nous n’avons pas un nouveau programme. La bonne exécution du premier programme est l’une des conditions pour pouvoir espérer avoir un deuxième programme. Nous souhaitons que le Burkina Faso puisse bénéficier d’un second compact. Cela sera important pour le pays.

S.: Quelle est la prochaine destination de M. Sirima après le MCA?

B.J.S : (Rires). J’ai servi mon pays très dignement. Bien sûr que cela ne peut être indéfini. Sur le plan professionnel, j’ai créé un bureau d’étude qui s’appelle le CREDIA (Centre de recherche pour le développement économique et l’intégration africaine). Il continuera de faire des recherches et d’accompagner autrement le développement du pays et du continent. Je lance un appel à tous les jeunes cadres de privilégier le travail bien fait. C’est important parce qu’aujourd’hui, nous avons dans notre administration des agents venus d’autres horizons qui, malheureusement, ont une autre façon de concevoir le succès professionnel ou de la vie. Ils sont pressés de réussir, de s’enrichir. Cela est dommage. On le voit parce qu’ils sont intolérants lorsqu’ils font des revendications. On ne peut prendre un pays en otage parce qu’on est dans un secteur donné de l’administration. Ce n’est pas normal. Je lance un appel à ces jeunes générations afin qu’elles travaillent avec l’amour du pays de sorte à le faire sortir de la misère, de travailler dans le sens d’une véritable intégration africaine.

Kossaomanè Anselme KAMBIRE

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