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Le Quotidien N° 1125 du 29/7/2014

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Le commandant Claude Antoine Yaro a propos du CRASH DU VOL AH5017 D’AIR ALGERIE : « Je pense que l’avion a rencontré une panne pendant qu’il était dans l’orage »
Publié le mercredi 30 juillet 2014   |  Le Quotidien




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Le quotidien : Pouvez-vous nous fournir quelques explications au sujet de l’accident du vol AH5017 de l’avion d’Air Algérie ?
Commandant Claude Antoine Yaro, pilote à la retraite :

Il y a eu un accident malheureux et catastrophique qui s’est produit après le décollage de Air Algérie, sur l’axe Ouaga-Alger et comme je l’ai dit, l’orage n’est pas la cause principale du crash de l’avion. Tant qu’on n’aura pas décrypté les deux boites noires qu’on a trouvées et qui sont à ce moment à Paris , on peut penser à une autre certitude. Du point de vue de mon expérience de pilote, je pense que l’avion a rencontré une panne pendant qu’il était dans l’orage, soit une panne de moteur ou une panne d’instrument ou bien un givrage des deux moteurs ou un givrage total de l’avion qui a dû compliquer le travail de l’équipage. C’est cela peut-être qui a provoqué le décrochage de l’avion et sa perte totale de l’avion par les équipages. Sinon ce n’est pas l’orage qui est la cause principale du crash.

Justement, vous avez parlé de givrage du moteur, pouvez-vous nous dire ce que c’est ?

Vous savez qu’à 31 000 pieds, c’est-à-dire environ à 10 kilomètres, à cette attitude, il fait dans les moins 51 ou 60 degré. Donc l’avion a un système de protection qui aide à dégivrer le moteur et les ailes, mais si à un moment donné de cette phase à 31 000 pieds, il n’a pas de dégivrage, le moteur n’a plus toute la puissance pour soutenir la masse de l’avion. Pour le cas précis, il s’agit d’un Mac Douglas (MD) et je suis sûr que la masse de l’avion, au moment où il est parti ne peut pas être à moins de 62 tonnes. La preuve, c’est que le pilote a demandé à monter à 60 temps, mais comme il était un peu lourd, il a demandé un niveau inférieur, ce qui veut dire que l’avion était lourd. Donc si vous avez une masse qui est très élevée et le moteur n’arrive pas à donner toute la puissance pour supporter toute la masse, vous décrochez. Je suis sûr que lorsqu’on va décrypter les boites, on va se rendre compte que l’avion a dû rencontrer une panne, en plus de l’orage. Sinon, ce n’est pas l’orage qui est à l’origine du crash de l’avion.

Justement, voulez vous dire qu’un orage ne peut pas provoquer le crash d’un avion ?

Il a dû avoir un problème au niveau du moteur, de la cellule ou au niveau des instruments. Si par exemple vous êtes dans un avion, puisque c’était un vol de nuit, a un moment donné, vous prenez la foudre ou une quelconque panne et que vous ne voyez plus à l’intérieur du cockpit, vous ne voyez plus où vous êtes. Vous ne savez même plus si vous volez sur le dos ou sur le ventre, c’est pour dire que vous perdez carrément les références visuelles. Si c’était le jour, ça pouvait les aider, mais c’était la nuit et à 31 000 pieds on n’arrive pas à voir le sol.

Un phénomène tel que la foudre peut-il provoquer un crash ?

La foudre peut provoquer un crash, mais en général les avions sont équipés de paratonnerres qui sont des prises statistiques qui permettent, par exemple, que lorsqu’il y a la foudre, les décharges sont renvoyées au bout des ailes. Mais si maintenant, il y a peut-être une cassure au niveau du fût, l’avion peut prendre la foudre. Mais vu la manière dont l’avion a percuté le sol, cela ne peut pas être dû à la foudre. Nous on a eu des collègues qui ont pris la foudre, mais ils ont ressenti un bang au niveau de l’avion. Cela ne peut pas être vraiment dû à la foudre. Si c’était la foudre qui avait désintégré l’avion, il serait éparpillé depuis le niveau 70 et non pas au sol. C’est pour vous dire que la manière dont l’avion a percuté le sol signifie qu’il est venu en entier et que l’équipage n’avait plus son contrôle. C’est ça qui a dû provoquer l’arrivée de l’avion à cette vitesse et l’impact au sol.

Avant le départ de l’avion, les paramètres météorologiques ne pouvaient-ils pas détecter l’orage et essayer de l’éviter au maximum ?

Oui en principe. Puisque l’avion est venu d’Alger à Ouagadougou, c’est-à-dire que lorsqu’il est arrivé peut-être aux environs de 22 heures- 23 heures, il avait déjà vu l’orage. Donc quand il est arrivé, il a vu l’orage à gauche vers Ouagadougou donc il s’est posé. Et quand ils partent comme cela, il y a un dossier de vol que l’on envoie. Dans ce dossier de vol, il y a tous les éléments y compris le dossier météo qu’on lui apporte. Donc, le commandant de l’équipage étudie le dossier météo, le cheminement à prendre . Ils ont dû avoir tout le dossier complet de météo et en plus de cela en venant d’Alger à Ouagadougou, ils ont vu que l’orage qui venait sur Ouagadougou. Pour cela, ils n’ont pas été surpris. Maintenant, peut être qu’ils n’ont pas adopté la bonne tactique dans le cheminement.

Alors étant un homme d’expérience qu’auriez vous préconisé ?

Selon moi, il y avait deux possibilités. La première, c’était d’attendre à Ouagadougou pour que l’orage passe avant de prendre le vol. Ou bien de faire le vol, mais en contournant l’orage carrément. Si vous voyez la trajectoire où il y a eu le crash, l’orage était carrément au Nord du Burkina. Je serais peut-être passé par le Niger. En passant par le Niger, on évitait l’orage à notre gauche et le contourner puis ensuite remonter. En ce moment, nous allions effectuer une espèce de triangle en faisant Ouaga-Niamey et Niamey-Alger. Donc, on allait laisser l’orage à notre gauche. Puisque il a vu l’orage en venant, donc l’idée n’était pas de repartir dans ce sens. C’était de l’éviter. Je pense qu’ils ont dû sous-estimer la force et la puissance de l’orage et c’est cela qui a peut être amené des pannes à l’intérieur de l’orage et ça compliqué leur tâche. C’est un accident malheureux et dramatique qu’on peut mettre peut-être sous le coup de la destinée parce qu’on avait des élèves de l’Aéro-club, deux élèves et un ancien de l’aéro-club, qui étaient embarqués dans l’avion. C’est vraiment malheureux. Aussi je saisis l’occasion pour formuler les condoléances les plus attristées, de la part de l’Aéro-club, aux parents des disparus 1

Par G. Maurice BELEMNABA et Ramatou OUEDRAOGO (Stagiaire)

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