Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



L`Observateur Paalga N° 8666 du 18/7/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment



Politique

Hermann Yaméogo, co-président du Front républicain : «Je ne discute pas avec Blaise Compaoré comme un courtisan»
Publié le dimanche 20 juillet 2014   |  L`Observateur Paalga


Politique
© aOuaga.com par A.O
Politique : des partis de la majorité et de l`opposition créent un front républicain
Jeudi 23 janvier 2014. Ouagadougou. Une quarantaine de partis politiques de la majorité présidentielle et de l`opposition ont créé un front républicain qui a été présenté aux journalistes lors d`une conférence de presse. Photo : Me Hermann Yaméogo, président de l`Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD)


 Vos outils




Aujourd’hui 18 et demain 19 juillet 2014, le Front républicain sillonnera une dizaine de localités de la région du Sud-Ouest en caravane sous le thème « Paix et démocratie ». La veille de la tournée, le président de cette coalition proréférendum, Me Hermann Yaméogo, nous a reçus à son domicile de Ouagadougou. Dans le présent entretien, il dévoile la nouvelle stratégie du Front. Mais surtout il se prononce sur bien d’autres questions comme la nécessité de garanties sur le référendum, les récents propos relations actuelles avec le chef de l’Etat...


Après le président du Faso, qui a sillonné plusieurs localités, le Front Républicain (FR) prend à son tour son bâton de pèlerin. Quelle sera la particularité de cette tournée ?


• C’est une tournée qui va nous permettre de parler des activités du Front. Dès le lancement de notre organisation, nous avons décidé de mettre en place des coordinations régionales et de faire des sorties de sensibilisation et d’informations sur les raisons d’être du FR et ses objectifs.
Après le meeting de Bobo, nous avons pensé qu’il serait bon d’innover, d’aller vers les populations de base pour échanger avec elles, en dehors de l’atmosphère un peu excité et éphémère, sur les questions qui nous interpellent. C’est l’objectif de cette caravane. On va dans le Sud-Ouest dès ce vendredi matin. On s’arrête dans les chefs-lieux de provinces et des localités désignées pour discuter avec nos militants. Une démarche un peu différente qui va permettre de sortir de cette ambiance de meeting et contre-meeting qui gêne un peu la vie de l’Etat. Nous effectuerons principalement des sorties sur le terrain pour échanger avec les militants et leur donner des informations sur les objectifs que nous poursuivons.


Cette nouvelle démarche n’a-t-elle pas été dictée par ce que d’aucuns ont qualifié de fiasco du dernier meeting du CDP au stade du 4-Août ?


• Cette stratégie a été arrêtée dès la création du FR parce qu’à l’intérieur, certains avaient vu le piège qui consiste à s’enferrer dans les réponses, contre-réponses et manifestations, contre-manifestations. Nous avons donc convenu de faire des actions de proximité. Cela veut dire que cette démarche est antérieure au meeting du CDP. Et puis, il faut relativiser le fiasco. Le stade était archi-comble même, recto-verso. C’est cet objectif qui était recherché. C’était donc un succès. Maintenant que les gens soient partis entre-temps, c’est peut-être dans l’organisation et dans le timing qu’il faut voir. N’oubliez pas que les militants sont restés très longtemps, depuis le matin en tout cas.


Quelles sont les sources de financement du FR ?


• Chacun de ses membres contribue à la mesure de ses moyens. Pour le meeting de Bobo, j’ai confectionné personnellement des tee-shirts pour neuf millions de F CFA et loué des cars. Il y a un minimum qui est fait au FR et chaque parti, en fonction de ses moyens, apporte sa contribution. Pour la caravane dans le Sud-Ouest, chacun informe ses militants dans les différentes localités et peut leur apporter des ballons et autres gadgets.


Vu l’indigence de nos partis politiques, excepté celui qui est au pouvoir, ne bénéficiez-vous pas du soutien d’opérateurs économiques et même celui du chef de l’Etat ?


• Ça peut se faire au niveau du CDP. Les affiches par exemple se font au niveau du parti au pouvoir qui a plus de moyens financiers que les autres. Mais il n’y a pas une structure financière bien huilée qui soutient le FR. Celui qui vient pour de l’argent aurait fait un mauvais calcul.


Depuis le meeting de Bobo, le FR est resté pratiquement en hibernation. Est-ce parce que, dit-on, il y aurait des dissensions internes ?


• Il n’y a pas de dissensions internes. Il faut comprendre que dans la situation que nous vivons, c’est principalement le CDP qui est interpellé. C’est lui qui est au pouvoir, à la gestion de l’Etat et c’est lui aussi qui a connu des départs en son sein. Donc, il lui appartient d’apporter les réponses pour rassurer ses militants et convaincre l’opinion qu’il n’est pas tellement ébranlé. En même temps qu’on chemine ensemble, chaque parti peut éventuellement avoir des manifestations, principalement le CDP qui a un challenge à relever en montrant que le gros de la troupe est resté malgré l’hémorragie.


Ce regain d’activités du FR est-il annonciateur de l’imminence du référendum ?


• La question du référendum est un choix qui revient exclusivement au président du Faso aux termes de la Constitution. Sauf que la même Constitution limite cette prérogative présidentielle à des questions d’intérêt national ? Je dirais que c’est une mauvaise interprétation en ce qui concerne l’intérêt national. La question de l’article 37 qui divise le pays actuellement, si elle n’est pas d’intérêt national, qu’est-ce qui en serait ?


Blaise Compaoré est certes le président de tous les Burkinabè, mais son intérêt ne saurait être celui de toute la nation. Aujourd’hui, il n’y a que lui seul qui est sous le coup de l’article 37 dans sa formulation actuelle.


• Là où je peux être d’accord, c’est dans la formulation du référendum. Depuis la 3e République, on a lutté pour avoir la limitation qui est une reproduction d’une pratique qui existe depuis la 2e République. Autant nous sommes toujours jusqu’à ce jour attaché à ce principe, autant nous avons bien signifié que du point de vue de la loi, on ne peut pas empêcher la modification de l’article 37. Les garanties n’ont pas été prises pour sceller cette non-révision dans le marbre de la Constitution. Si c’est posé en termes de OUI ou de Non pour la révision, dans ce cas, il n’y a pas de risques de personnalisation de la question. Mais si c’est en termes de : êtes-vous pour ou contre le maintien ou le départ de Blaise Compaoré, on renforce le caractère personnel, ce qui est contraire à la loi puisque la loi est de portée générale et impersonnelle. Mais il y a une autre procédure à laquelle nous adhérons, c’est que nous souhaitons que le président décide
d’une interprétation générale portant sur l’ensemble des textes constitutionnels parce que nous sommes dans une posture constante : cette Constitution est un peu vieillotte et dans certains de
ses articles, elle a besoin de changement et nous aurions aimé que la question porte sur une révision d’ensemble.


Vous dites que vous êtes pour la limitation des mandats, mais vous accompagnez un groupe qui préconise un référendum pour la levée du verrou constitutionnel. Il y a paradoxe.


• Ce qu’il faut comprendre, c’est que le contexte politique dans lequel nous sommes nous conduit vers une impasse. Si une crise se présente dans un Etat de droit, il y a des procédures
constitutionnelles et des procédures politiques pour la résoudre. Si l’on sort de ce cadre de résolution, il y a un risque de confrontation, de débordement et un risque de coup d’Etat. Nous avons fait cette analyse et disons qu’il vaut mieux sortir pacifiquement de la crise que de donner
l’occasion d’une confrontation. C’est pourquoi, en tant que démocrates, nous disons que le dernier mot doit revenir au peuple, c’est un principe cardinal de la démocratie. S’il y a un blocage, la loi fondamentale prévoit des situations de dictature temporaire et nous évoluons vers une telle situation avec les précédents que nous avons connus dans notre pays. Il faut éviter le pire.


Donc, si on suit votre logique, en cas de référendum avec la formulation voulez-vous Oui ou Non la modification de l’article 37, l’UNDD devrait appeler à voter Non ?


• L’UNDD votera Non, ou s’abstiendra. A moins que dans l’intervalle, nous sommes en politique, il y ait négociations sous couverture internationale. Je ne vous le cache pas, on peut aller à un référendum pour demander une prolongation du mandat de 2 ou 3 ans ou un dernier mandat. Tout cela a besoin qu’il y ait des garanties internationales. Si les garanties internationales sont suffisantes, on peut voir. Mais s’il n’y a pas de garanties, on vote contre ou on s’abstient. C’est la politique, les négociations peuvent aboutir à un consensus même chez les jusqu’au-boutistes. On verra donc en fonction de l’évolution de la situation.


En 2005 vous avez estimé que la candidature de Blaise Compaoré était illégale et vous vous êtes abstenu d’aller aux élections. 10 ans après, vous soutenez le même candidat dans le même projet qui vous a poussé au boycott.


Dans le cadre du FR, nous ne soutenons pas un homme ni la candidature d’un homme. Nous disons qu’il faut sortir de la crise par des moyens pacifiques et ces moyens pacifiques résident dans l’interpellation du peuple. Pour ce qui est de la limitation du mandat, personne au Burkina ne l’a aussi défendue que nous. En 2005, nous avons tiré la sonnette d’alarme : si on ne refuse pas tous d’aller à l’élection, on va valider quelque chose sur laquelle on ne pourra plus revenir. Maintenant que le tort a été commis, évitons l’épreuve de force. Nous avons laissé pourrir la viande... Malheureusement, au stade actuel, la seule solution semble être l’épreuve de force avec les risques de blocage de l’appareil d’Etat et d’intrusion d’un troisième larron.


Vous êtes de plus en plus rare sur le terrain politique. Et quand vous y êtes c’est pour soutenir le projet politique de Blaise Compaoré. Est-ce dire que vous avez renoncé à vos ambitions présidentielles ?


• D’une certaine façon, je suis l’initiateur du Front Républicain, j’en suis même l’essence pour ceux qui ont de la mémoire. Mais l’essentiel, c’est d’évoluer vers une nouvelle offre politique et sociale qui tienne compte de nos intérêts majeurs. Notre objectif n’est pas de soutenir quelqu’un. En fonction des mutations qu’on observe partout à travers la crise de la démocratie et de la représentation pourquoi le Front Républicain n’évoluerait pas sous d’autres formes ; par exemple en optant pour l’organisation de primaires en interne. Ce sont des idées à soumettre à la réflexion dans le futur. Donc, je tiens à ce qu’on marque la différence : ce n’est pas pour soutenir un homme.


En tant que co-président du Front Républicain, quelle est votre réaction sur les récentes sorties des ambassadeurs américain et français sur la situation nationale ?


• Je trouve que chaque pays a son histoire de la démocratie même s’il y a des standards démocratiques que tout le monde essaye de respecter. Mais chaque Etat tient compte de ses propres réalités. J’ai été frappé par les propos du président du Faso dans Jeune Afrique lorsqu’il dit qu’il est disposé à recevoir des conseils, mais qu’il y a d’abord son peuple. Ça, c’est important. Mais le débat ne doit pas seulement se mener sur l’application de la démocratie classique, on doit réfléchir en fonction de nos propres réalités et dans le cas présent, la consultation du peuple est la seule solution surtout que contrairement à d’autres pays, on n’a pas verrouillé la Constitution sur cette question. Par ailleurs, vous remarquerez que le langage des Américains est différent selon qu’on a affaire à la République démocratique du Congo ou au
Burkina. Je n’ai jamais entendu d’interpellation directe ou de mise en cause en ce qui nous concerne. Je pense qu’ils tiennent compte des nuances entre les pays. Cette modération dans le ton peut aussi venir de la situation sécuritaire dans la sous-région et du rôle qui incombe au Burkina Faso.


Le chef de l’Etat dans Jeune Afrique a affirmé qu’il n’a pas encore pris de décision sur le référendum et l’article 37. De quoi auriez-vous l’air s’il venait à y renoncer ?


• L’UNDD a toujours prôné le dialogue pour la résolution pacifique des conflits politiques. Nous avions dit qu’avant d’aller au référendum, il faut user de tous les moyens de négociation pacifique. Le président Jean-Baptiste Ouédraogo a tenté quelque chose, mais ce n’est pas terminé. Au sein du Front Républicain, il y a la même conviction que s’il n’y a pas d’autre solution, on va au référendum. Si on peut aplanir les dissensions, c’est toujours une bonne chose que d’aller à la confrontation. On peut faire une bonne médiation sous protection internationale avec par exemple l’implication de l’UA, de la CEDEAO ou des Nations unies. En ce moment, il y aura des garanties. Cela vaut mieux qu’un référendum qui est de droit, mais qui peut laisser de graves séquelles. J’en avais parlé aux opposants pendant la médiation de Jean-Baptiste.


Le chef de l’Etat lui-même aime les médiations sous couverture internationale. Vous voulez dire, par exemple, qu’on peut donner un lenga à Blaise Compaoré, le temps de préparer sa sortie ?


• Ça peut être la transition constitutionnelle. Le mécanisme constitutionnel ne répond pas à l’attente de tout le monde. Il y a un divorce entre gouvernants et gouvernés. Quand c’est ainsi, il est préférable d’aller vers une transition constitutionnelle de deux ou trois ans. Nous sommes en politique, alors on peut négocier des conditions favorables. Faut-il chercher à mener une lutte de dix ans pour avoir un changement par la confrontation alors qu’une concession peut permettre d’y arriver au bout de cinq ans ? On est intransigeant pour rien. Il faut faire attention, car les ardeurs s’émoussent. Il arrive souvent des divorces entre la direction des partis et les militants à la base. Et rien ne nous dit que nous ne sommes pas dans ce contexte. Il y a des moments où l’on se demande si la lutte va aboutir. Nous serons bientôt rejoints par d’autres partis qui verront qu’il y a plus à gagner dans notre action que de choisir l’option de la radicalisation.


En tant que co-président du FR, le chef de l’Etat vous consulte-t-il sur ses projets politiques ?


• Oui, on se retrouve souvent mais nous voudrions que cela se fasse plus fréquemment. On aurait même souhaité qu’il y ait une cellule qui soit mise en place, composée de plusieurs compétences qui assistent le président pour mûrir les décisions. Je trouve que dans un pays de démocratie, on doit communiquer avec le peuple. En faisant de la rétention de l’information, on n’aide pas à la transparence démocratique. Nous avons préconisé qu’au-delà des rencontres épisodiques, il y ait une cellule permanente.


Ne craignez-vous pas que ce rapprochement avec le chef de l’Etat n’engendre des frustrations au sein du parti au pouvoir ?


• Tout est possible. Je ne discute pas avec lui comme un courtisan, je lui fais part de mes constats et de mes convictions. Depuis 66, c’est l’armée qui est toujours au pouvoir même si Blaise Compaoré s’est beaucoup civilisé. Il y a des réseaux qui se sont constitués et des intérêts qui se sont consolidés. En fonction de ma petite expérience, si le président doit partir, il a des garanties à donner à plusieurs niveaux. S’il s’en va comme ça, nous allons nous retrouver menacés.


Vous vous êtes retiré à Koudougou pour cultiver votre propre jardin comme on le dit. Est-ce une façon de quitter la scène politique ?


• C’est peut-être un problème personnel vécu : la perte de mon épouse. C’est quelque chose qui a été traumatisant, car 42 ans de vie, ce n’est pas rien. Elle me suppléait à beaucoup d’endroits, c’était ma mémoire et celle du parti. Sa disparition m’a beaucoup déstabilisé. Tout compte fait, je
reviens à un moment essentiel où je pense pouvoir apporter ma contribution à la sortie de la crise. Si je parviens à contribuer au maintien de la paix, je n’aurais pas vécu pour rien ;
j’aurai gagné. Je suis d’autant plus attaché au FR, car c’est comme la finalisation de toute une ambition.


Ouédraogo Adama Damiss & Joseph Bambara (Stagiaire)

 Commentaires