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Le Pays N° 5246 du 27/11/2012

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5 à 6 ans de prison ferme pour des militaires radiés
Publié le mercredi 28 novembre 2012   |  Le Pays


Sécurité
© aOuaga.com par DR
Sécurité nationale : Les 25 ans de l`Armée
Jeudi 01 novembre 2012 . Burkina Faso. Défilé de l`Armée Burkinabè. Photo : militaire de Kadiogo


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Le tribunal militaire de Ouagadougou a statué hier 27 novembre 2012 sur des faits commis par des militaires radiés. Ils étaient 5 militaires devant la barre et ont tous été reconnus coupables des faits de détention illégale d’armes et de munitions de guerre, de vol et de recel aggravés et de complicité. Pour ces faits, ils écopent entre 5 et 6 ans d’emprisonnement.

Un militaire radié de l’armée est-il encore un militaire ? Cette question a suscité de houleux débats au début de l’audience du 27 novembre 2012, où devaient comparaître 5 militaires radiés de l’armée burkinabè ; mais il convient de préciser que l’un d’eux est en cavale. En effet, devant le tribunal militaire de ce jour, trois dossiers étaient inscrits au rôle dont celui de Hamidou Boro et 4 autres contre le commissaire du gouvernement. Avant le début des auditions, les conseils des anciens militaires soulèvent une question sur l’incompétence du tribunal militaire. Le premier à marquer son désaccord avec le commissaire du gouvernement est Me Armand Bouyain, conseil de Zoumoukou Somda. Pour lui, les inculpés sont poursuivis pour des faits commis à un moment où ils n’étaient plus militaires, donc civils. Il a été suivi par les autres conseils qui estiment qu’aux termes de la loi et du Code de justice militaire, les civils ne peuvent nullement être poursuivis devant un tribunal militaire. Le commissaire du gouvernement, Sita Sangaré, a, quant à lui, fait comprendre au tribunal que les inculpés qui comparaissent sont des militaires « en réserve » aux termes de leur entendement de la loi et du Code de justice militaire. Me Halidou Ouédraogo, conseil de Abdoul Kader Sankara, a répondu qu’un militaire radié ne pourrait nullement faire partie du corps. Les radiés ne devront tout simplement être entendus que devant un tribunal de droit commun. Le climat commençait à se surchauffer quand le président du tribunal, Warayo Dofini a souhaité une suspension afin de permettre aux juges de statuer. A la reprise, le tribunal s’est déclaré compétent puis commencent alors les débats.

Les faits …

Hamidou Boro, Francis Sawadogo, Abdoul Kader Sankara, Zoumoukou Somda, tous soldats de première classe, et le caporal Saïdou Zerbo, en cavale, devaient donc se prononcer sur les faits à eux reprochés. En effet, après leur radiation du corps militaire, le cerveau du groupe des cinq, Saïdou Zerbo, fait comprendre à Hamidou Boro qu’il a une idée : celle de se lancer dans le vol et le cambriolage, explique le commissaire du gouvernement, Sita Sangaré. Il a poursuivi en soulignant que le nommé Saïdou Zerbo a convaincu les 4 autres pour qu’ils se lancent dans cette aventure puisqu’il dispose d’armes, en l’occurrence de kalachnikovs. Après Hamidou Boro, c’est Abdoul Kader Sankara qui a été convaincu. Ils se feront rejoindre par Francis Sawadogo puis Zoumoukou Somda. Ils auront à commettre au moins trois opérations. Auberges, caves, stations-services et boutiques ont été leurs cibles. Selon le commissaire du gouvernement, les armes utilisées par la bande sont issues des magasins de l’armée et elles ont été sorties lors de la mutinerie de 2011. Par la suite, la brigade de gendarmerie de Baskuy enregistrera de nombreuses plaintes et les enquêtes ont été menées, à l’issue desquelles les ex-soldats de première classe Hamidou Boro, Francis Sawadogo, Abdoul Kader Sankara et Zoumoukou Somda ont été arrêtés courant octobre 2011. S’en sont suivies les visites domiciliaires. Des kalachnikovs, des cagoules, des munitions, des téléphones, des montres et objets en or plaqué, des vélomoteurs, un appareil de musique, de nombreuses tenues et chaussures militaires, etc., ont été saisis. Ils reconnaîtront, chacun à sa manière, les faits à eux reprochés. Les témoins qui ont accepté de se présenter à la barre, Oumar Paré, vigile d’auberge, et Arouna Congo, boutiquier à Somgandé, n’ont pas hésité à expliquer les événements qu’ils ont vécus. Oumar Paré soulignera en effet que la bande lui a rendu visite à deux reprises et la méthode a toujours été la même. Arouna Congo, lui, raconte son supplice : « J’étais en train de fermer ma boutique quand un homme est arrivé et a demandé des unités. J’ai répondu qu’il n’y en avait pas. Il me dit ensuite qu’il veut du thé. Je retourne à l’intérieur de ma boutique pour le servir. C’est là que l’un d’eux me pointe une arme sur le ventre et m’ordonne de donner l’argent. J’avais 65 000 F CFA que j’ai vite fait de remettre. Il a fouillé pour trouver une somme d’environ 335 000 F CFA. Il a récupéré et pendant ce temps, l’un d’eux attendait à la porte de la boutique et un troisième attendait sur une moto dehors. Ils m’ont interdit de crier sinon ils m’abattraient. Dès qu’ils ont pris l’argent, ils ont démarré et c’est là que j’ai commencé à crier. Mes voisins ont accouru mais la bande était déjà partie. »

« Que la grâce et la clémence de Dieu vous assistent… »

Quand les inculpés ont été appelés à s’exprimer, Francis Sawadogo n’a pas manqué d’implorer la clémence de Dieu pour les juges. « Que la grâce et la clémence de Dieu vous assistent afin que vous puissiez me pardonner. Je regrette, je regrette. Le diable est passé par Saïdou Zerbo pour m’avoir, sinon ce n’était pas mon intention », a tenté de se défendre Francis Sawadogo. A la question de savoir ce qu’ils avaient gagné dans les opérations, Zoumoukou Somda qui a été arrêté pendant qu’il avait déjà été engagé comme vigile dans un service, répondra : « Si nous avons beaucoup eu, c’est 20 000 F CFA. » Dans ses réquisitions, le commissaire du gouvernement, Sita Sangaré, a demandé 10 ans d’emprisonnement ferme pour Abdoul Kader Sankara, 8 ans pour Hamidou Boro, 13 mois pour Francis Sawadogo et 3 ans pour Zoumoukou Somda. En définitive, le tribunal condamnera tous les inculpés à des peines d’emprisonnement. Abdoul Kader Sankara écope de 6 ans ferme, 5 ans pour Hamidou Boro, 5 ans avec sursis pour Francis Sawadogo, 6 ans avec sursis pour Zoumoukou Somda. Quant au fugitif, Saïdou Zerbo, il a été condamné par défaut à 10 ans d’emprisonnement ferme et un mandat d’arrêt a été lancé contre lui. Les fautes criminelles qui ont été retenues contre eux sont : vols aggravés, recel d’armes et de munitions de guerre, et pillages. En plus des peines pénales, les parties civiles ont demandé des dommages et intérêts. Les condamnés devront payer solidairement à Arouna Congo, la somme de 400 000 F CFA. A l’issue du procès, Me Halidou Ouédraogo, conseil de Abdoul Kader Sankara a souligné : « On nous a montré que des militaires radiés sont toujours des militaires, nous allons nous pourvoir en cassation ». Me Armand Bouyain, conseil de Zoumoukou Somda, expliquera que le procès n’entre pas dans le cadre des mutineries. Ce sont des individus qui ont commis des actes répréhensibles mais c’est simplement leur qualité d’ex-militaires qui a fait que le tribunal militaire s’est reconnu compétent.

Aimé NABALOUM

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