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L`Observateur Paalga N° 8664 du 16/7/2014

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14-juillet au Burkina : a qui s’adressait le mooré de l’ambassadeur Thibault ?
Publié le mercredi 16 juillet 2014   |  L`Observateur Paalga


Conseil
© aOuaga.com par A.O
Conseil constitutionnel : le nouvel ambassadeur de France au Burkina reçu en audience
Mercredi 16 octobre 2013. Ouagadougou. Le président du Conseil constitutionnel, Albert Dé Millogo, a reçu en audience le nouvel ambassadeur de France au Burkina, Gilles Thibault. Photo : Gilles Thibault, nouvel ambassadeur de France au Burkina


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Ceux qui l’ont approché vous le diront : Tulinabo Mushingi, l’ambassadeur américain dans notre pays, a le sens de l’humour. Mais le 4 juillet dernier, lors de la célébration de l’Indépendance Day, il avait prêché, l’air grave : «Malgré les progrès accomplis, le Burkina Faso n’a pas encore vécu de transition pacifique et démocratique. La peur d’un avenir incertain, pourrions-nous affirmer, est présente… Il n’y a pas de changement sans risque, et pas de progrès sans sacrifice». Les propos du plénipotentiaire ont été soupesés sous toutes leurs coutures. C’est quand même le représentant du Gendarme du monde qui s’était exprimé ! C’est vrai que par ces temps qui courent, tout le monde, ou presque, scrute les chancelleries occidentales pour voir quelle lecture elles ont de la situation nationale. L’ambassadeur américain avait mis les pieds dans le plat, jouant d’ailleurs au précurseur, puisque, quelques jours après, la position de Washington a été officiellement relayée dans les médias par la voix de Linda Thomas Grennfield, vice-secrétaire d’Etat en charge de l’Afrique. Cette dernière avait en effet déclaré du haut de sa tribune : «Nous avons découragé tous les dirigeants des pays où de tels amendements sont envisagés, notre position sur ce dossier est claire». C’était lors d’un point de presse en prélude au sommet Etats-Unis/Afrique.
On attendait alors avec intérêt ce qu’allait dire le représentant de l’ancienne puissance tutrice de notre pays, c’est-à-dire la France. Les Burkinabè étaient donc tout ouïe, et surtout pressés d’entendre le son de cloche de l’ambassadeur de France au Burkina, Gilles Thibault, ce, d’autant plus que lui aussi, à l’image de son homologue américain (Ndlr : ils ont été accrédités le même jour), était à son premier discours dans le cadre de la célébration d’une fête nationale. C’est donc dire que, dix jours plus tard, l’évangile selon Gilles Thibault, ambassadeur de France au Burkina, a été bien suivi. C’était pendant la fête du 14-Juillet dans sa résidence. «J’ai - bien entendu - noté dans les conversations comme dans les médias que le discours du 14-Juillet serait suivi avec intérêt. J’en suis, vous l’imaginez, heureux. Je me garderai bien maintenant de vous dire, n’en déplaise à certains, comment je perçois le jeu de chacun sur la scène politique et qui devrait faire quoi. Je laisse le soin aux Burkinabè d’en décider». Remontant loin dans la Grèce antique au temps d’Aristote, il fera remarquer que dans la bonne démocratie, les gouvernants deviennent des gouvernés, et vice-versa. Bel exemple d’alternance ! Et il a poursuivi son sermon sur la nécessité du dialogue, la capacité d’écoute et sur le souhait qu’aucune «ligne rouge» ne soit franchie. Et en guise d’assaisonnement, le diplomate français a troqué le costume-cravate contre le Faso Dan Fani, sortant de sa manche le proverbe moaga suivant : «San tara panga, en tar sougri». Traduction littérale : «Celui qui a la force se doit d’avoir le sens du dialogue, de la tolérance et du compromis».
Ainsi parla l’ambassadeur, et une bonne partie de l’auditoire d’applaudir. Certes, ceux qui s’attendaient à un avis plus tranché en ont été pour leurs frais. Connaissant les positions antinomiques autour de l’article 37 et de la question du Sénat, on sait que beaucoup ne se satisferont pas de la formule subliminale de l’ambassadeur. Mais si on prend la peine de pratiquer une lecture seconde de ce qu’il a dit, on comprend qu’il a voulu signifier que dans la conjoncture nationale actuelle, la balle est surtout dans le camp du pouvoir. Il a du même coup réussi son grand oral dans «l'art de plonger dans des eaux troubles sans faire de plouf» selon le bon mot de l’écrivain britannique Eric Linklatter, qui se gaussait ainsi de la diplomatie.
En vérité, l’on comprend que les diplomates accrédités sous nos cieux soient souvent gênés aux entournures, obligés qu’ils sont d’user et d’abuser parfois même de contorsions diplomatiques pour dire ce qu’ils pensent. La position de l’ambassadeur français était d’autant plus délicate que, selon les confidences de La lettre du continent, Paris serait divisé sur le cas burkinabè : d’un côté, il y a les politiciens français qui abhorrent toute idée de révision constitutionnelle ; de l’autre, la position des gradés de l’armée pour qui Blaise Compaoré serait une soupape de sécurité dans la sous-région. Reste que le locataire de Kosyam n’entend pas du tout se déterminer en fonction de ce qu’on peut bien penser à Paris ou à Washington. En atteste sa sortie dans la dernière livraison de notre confrère Jeune Afrique (1). Répondant au journaliste qui lui a demandé s’il ne craignait pas de recevoir des leçons de démocratie de la part du président américain, Barack Obama, lors du sommet Etats- Unis/Afrique en début août, il mettra les points sur les «i» : «Je n’ai aucun problème à écouter les autres, ni même à recevoir des leçons. Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est ce que pensent les Burkinabè».

Issa K. Barry

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